Venu au tribunal défendre sa réputation, l'acteur américain Johnny Depp s'est retrouvé sur le grill mardi, contraint de s'expliquer sur ses excès à l'ouverture du procès en diffamation intenté au tabloïd britannique The Sun qui l'avait dépeint en mari violent.
Trois ans après son divorce d'avec Amber Heard, la star hollywoodienne de 57 ans, qui a incarné Jack Sparrow dans la saga «Pirate des Caraïbes», a retrouvé l'actrice de 34 ans à la Haute Cour de Londres.
Cette juridiction va se pencher pendant les trois prochaines semaines sur le cas du Sun et de son propriétaire «News Group Newspapers» (NGN), à qui l'acteur reproche d'avoir présenté comme un fait avéré, dans un article publié en avril 2018, qu'il ait frappé son ex-femme.
Après l'arrivée des ex-époux séparément, chacun un foulard sur le visage, la première audience a tourné au grand déballage sur leur relation aussi bien dans les documents apportés à la procédure qu'à la barre.
«Calculatrice», «sociopathe», «narcissique»
Dans un témoignage apporté par écrit par sa défense, Johnny Depp, qui rejette toute violence, affirme qu'Amber Heard était violente avec lui, verbalement et physiquement. Il la décrit en personne «calculatrice», «sociopathe», «narcissique», «complètement malhonnête sur le plan émotionnel».
A l'audience, Johnny Depp a dû affronter un interrogatoire serré mené par l'avocate de NGN, Sasha Wass, sur sa consommation de drogue et d'alcool, ainsi que sur son comportement.
«Dans ma jeunesse... mes expériences avec les narcotiques et les stimulants ont commencé à un jeune âge», a-t-il déclaré, interrogé au sujet d'une interview dans laquelle il avait expliqué qu'il avait essayé à peu près toutes les drogues à 14 ans.
«Pas Dr Jekyll et Mr Hyde»
«On vous voit maintenant très charmant et poli, parlant très doucement, mais il y a une autre face de vous-même, qui est moins charmante», l'a interpellé l'avocate.
«Votre déclaration est assez générale, elle peut s'appliquer à chaque être humain», a rétorqué l'acteur d'une voix grave.
Le comédien s'est défendu d'être le «monstre» désigné par Amber Heard. «Elle me criait dessus, je lui criais dessus, c'est ça qu'elle appelait le monstre», a-t-il expliqué. «Ce n'était pas Dr Jekyll et Mr Hyde. Je ne crois pas que j'étais le monstre».
Cherchant à accréditer la thèse d'un Johnny Depp colérique et violent, l'avocate est revenue sur une série d'incidents, exhumant notamment un épisode ancien où l'acteur avait saccagé une chambre d'hôtel à New York, occasionnant 10'000 dollars de dégâts.
Des années de violences
Les deux ex-époux s'étaient rencontrés sur le tournage de «Rhum Express» en 2011 avant de se marier en février 2015 à Los Angeles. Le couple avait divorcé avec fracas début 2017. L'actrice de 34 ans avait alors évoqué «des années» de violences «physiques et psychologiques», des accusations vivement contestées par Johnny Depp.
Dans la procédure de divorce, Amber Heard avait retiré sa plainte et Johnny Depp lui avait versé sept millions de dollars, que l'actrice avait redonnés à des associations.
Lors du procès, la chanteuse et comédienne française Vanessa Paradis et l'actrice américaine Winona Ryder devraient témoigner par vidéo-conférence en faveur de Johnny Depp. Initialement prévu à la mi-mars, le procès a été reporté en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.
Dans un témoignage écrit versé à la procédure, Vanessa Paradis, qui a été en couple avec Johnny Depp pendant 14 ans, l'a dépeint comme «un homme et un père gentil, attentif, généreux et non violent».
Les avocats de Johnny Depp s'appuient également sur le témoignage de Winona Ryder, qui a entretenu une relation avec Johnny Depp dans les années 1990. «Il n'a jamais été violent avec moi», a-t-elle certifié.
La défense du Sun se fonde quant à elle sur 14 accusations de violences envers l'acteur entre début 2013 et mai 2016.
L'acteur a par ailleurs entamé une autre procédure en diffamation contre Amber Heard aux Etats-Unis.