Banque centrale européenne La hausse brutale des taux d'intérêt met à l'épreuve la stabilité 

afp

31.5.2023 - 10:26

La hausse brutale des taux d'intérêt menée depuis juillet dernier pour contenir l'inflation en zone euro pourrait «révéler des vulnérabilités» dans le système financier, prévient la Banque centrale européenne dans un rapport publié mercredi.

La BCE a remonté dans une ampleur inédite ses taux directeurs, de 3,75 points de pourcentage depuis juillet dernier, et compte encore les relever pour ramener l'inflation à la cible de 2%, contre encore 7% sur un an en avril.
La BCE a remonté dans une ampleur inédite ses taux directeurs, de 3,75 points de pourcentage depuis juillet dernier, et compte encore les relever pour ramener l'inflation à la cible de 2%, contre encore 7% sur un an en avril.
KEYSTONE/AP/Michael Probst

Keystone-SDA, afp

«Alors que nous resserrons la politique monétaire pour réduire l'inflation élevée, cela peut révéler des vulnérabilités» en mettant à l'épreuve la résilience des entreprises, ménages et gouvernements, a déclaré le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, lors de la publication du rapport semestriel de l'institution monétaire sur la stabilité financière.

Et ce bien que les conditions économiques se soient «légèrement améliorées» et que les prix de l'énergie aient dernièrement baissé.

La BCE a remonté dans une ampleur inédite ses taux directeurs, de 3,75 points de pourcentage depuis juillet dernier, et compte encore les relever pour ramener l'inflation à la cible de 2%, contre encore 7% sur un an en avril.

Entre autres effets visibles de cette politique, une correction des marchés immobiliers qui pourrait «devenir désordonnée» si la hausse des taux hypothécaires «réduisait de plus en plus la demande», note la BCE.

Le présent rapport intervient après les turbulences financières en mars dues aux faillites bancaires aux Etats-Unis et au rachat forcé du Crédit Suisse par UBS.

«Ces événements ont rappelé avec force l'importance de veiller à ce que les fondamentaux du système bancaire soient sains», explique M. De Guindos en introduction du rapport.

Réputées solides, les banques dans la zone euro voient les volumes de prêts se réduire et les coûts de financement se renchérir, ce qui peut nuire à leur rentabilité.

Des signes de détérioration sont visibles dans leurs portefeuilles de prêts exposés à l'immobilier commercial, aux petites entreprises et autres prêts à la consommation, pointe le rapport.

Ces établissements sont en outre à la merci de clients non bancaires -- fonds, assureurs, chambres de compensation... -- qui représentent 14% de leurs dépôts, si ces clients retiraient leurs avoirs face à un besoin de liquidités, avertit la BCE.

Les Etats sont eux confrontés à l'augmentation des coûts de financement qui tombe mal au moment de refinancer la montagne de dette publique accumulée pendant la pandémie puis la flambée des prix de l'énergie.

«Les perspectives de stabilité financière de la zone euro restent fragiles», conclut le rapport.