Hydrocarbures Le pétrole bondit après une attaque en Iran attribuée à Israël

vj

19.4.2024 - 07:24

Les prix du pétrole rebondissaient vigoureusement vendredi matin, alors que des fortes explosions ont été rapportées à l'aube dans le centre de l'Iran, près d'une base militaire, ainsi qu'en Syrie et en Irak. Les contrats à terme sur l'or noir effaçaient ainsi le repli enregistré depuis le début de la semaine, les incertitudes liées au niveau de la demande pesant également sur les cours.

Vendredi vers 06h40, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se négociait à 88,85 dollars, en vive hausse de 2,2%, après avoir cédé la veille au soir 0,2% à 87,11 dollars.
Vendredi vers 06h40, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se négociait à 88,85 dollars, en vive hausse de 2,2%, après avoir cédé la veille au soir 0,2% à 87,11 dollars.
KEYSTONE

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Vendredi vers 06h40, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se négociait à 88,85 dollars, en vive hausse de 2,2%, après avoir cédé la veille au soir 0,2% à 87,11 dollars. Les 159 litres de l'équivalent américain West Texas Intermediate (WTI) valaient quant à eux 84,43 dollars, en progression de 2,18%, après être resté à l'équilibre jeudi soir.

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, de hauts responsables américains faisant état d'une attaque israélienne en représailles aux tirs de drones et de missiles sans précédent contre Israël le week-end dernier. Téhéran a fait état de trois déflagrations près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.

Autre agence de presse officielle iranienne, Irna a plus tard relevé qu'«aucun dégât majeur» n'avait été rapporté après des explosions entendues à l'aube. «Suite à l'activation de la défense aérienne dans certaines régions du pays», «aucun dégât ou explosion à grande échelle n'a été signalé», a indiqué l'agence, en se basant sur les informations rapportées par ses journalistes.

Etats-Unis informés

Dans la province d'Ispahan (centre), où les explosions ont été entendues, «les installations importantes, en particulier les installations nucléaires, sont totalement sûres et aucun accident n'y a été signalé», a ajouté Irna. Par ailleurs, le secrétariat du Conseil suprême national de sécurité a démenti des informations de presse selon lesquelles cette instance présidée par le président de la République islamique, Ebrahim Raïssi, avait organisé une réunion d'urgence vendredi à la suite de ces explosions, selon l'agence Tasnim.

Washington a été prévenu de l'attaque israélienne sur l'Iran, mais n'a ni approuvé l'opération ni joué aucun rôle dans son exécution, ont déclaré des responsables cités par les médias américains. NBC et CNN, citant respectivement des sources au fait de la question et un responsable américain, ont rapporté qu'Israël avait prévenu Washington de la frappe. «Nous n'avons pas approuvé la riposte», a déclaré un responsable américain, selon CNN. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a aussi fait part d'explosions dans le sud de la Syrie, d'autres déflagrations ayant été rapportées en Irak.

La réimposition des sanctions américaines sur le pétrole vénézuélien et les nouvelles restrictions potentielles de l'Union européenne (UE) sur l'Iran soutenaient également les marchés pétroliers. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renforcé jeudi leurs sanctions contre la République islamique, s'en prenant notamment au programme iranien de drones.

Les prix de l'or noir avaient entamé un repli dès lundi, «les opérateurs réduisent la prime de risque géopolitique», en l'absence de nouvelle attaque directe israélienne après celle de l'Iran ayant visé samedi soir l'Etat hébreux, notait encore jeudi soir José Torres, d'Interactive Brokers. De plus, les incertitudes liées à la demande ont également pesé sur le marché à la suite de la faiblesse des données économiques du mois de mars pour la Chine, principal importateur de pétrole brut, et des craintes que la Réserve fédérale américaine ne reporte la réduction des taux d'intérêt à l'année prochaine.

Selon Phil Flynn, les cours avait aussi été mis sous pression par l'éventualité de ventes de brut tiré des réserves stratégiques américaines (SPR). «Certaines choses ont été faites par le passé» pour soulager les cours, «et nous allons continuer à suivre de près (l'évolution du marché) et nous assurer que les prix de l'essence restent abordables», a prévenu jeudi Lael Brainard, principale conseillère économique de Joe Biden.

Mardi, un autre conseiller du président américain, John Podesta, avait tenu des propos plus clairs encore. «Le président l'a déjà fait (tirer sur les réserves stratégiques). Il veut maintenir le prix de l'essence à un niveau raisonnable et il fera ce qu'il peut pour y parvenir», a indiqué le conseiller de Joe Biden, désormais émissaire international du chef de l'Etat pour le climat.

Entre septembre 2021 et juillet 2023, les Etats-Unis ont ponctionné quelque 274 millions de barils sur leurs réserves stratégiques (SPR), soit environ 44% du total. Au terme de cette phase, les SPR sont tombées à leur plus bas niveau depuis 40 ans.

Depuis juin 2023, le gouvernement américain a commencé à racheter du brut sur le marché pour renforcer ces réserves. «Ils étaient passé à l'achat (pour reconstituer les réserves) et maintenant, ils reviennent en mode vente potentielle», a souligné Phil Flynn, pour qui ce changement de posture a sapé les prix de l'or noir, jeudi.