Rompre avec le nom du pèreA défaut de choisir leur famille, ils changent de nom
AFP - blue News
26.4.2024
La possibilité de changer de nom de famille, facilitée depuis deux ans en France par une loi, a été plébiscitée, avec près de 150'000 modifications recensées par l'Insee entre l'été 2022 et fin 2023. Preuve que l'attente était «colossale», selon un collectif qui avait milité pour ce texte.
AFP - blue News
26.04.2024, 09:34
Barman Nicolas
Depuis l'été 2022, la loi Vignal permet de remplacer son nom de naissance par celui de son autre parent ou d'ajouter le nom du deuxième parent, au premier, par une simple démarche en mairie, sans avoir à formuler de justification.
Une procédure très allégée par rapport à celle, longue et aléatoire, qui passe par une décision du ministère de la Justice, et doit être motivée: patronyme discrédité ou à consonance péjorative, désir de franciser son nom ou empêcher l'extinction d'un patronyme rare etc.
Rompre avec le nom de leur père
La procédure simplifiée avait été adoptée notamment en réponse à une demande du collectif «Porte mon nom», en permettant par exemple à certains de rompre avec le nom de leur père après «une enfance traumatisante, des maltraitances, de l'abandon ou de l'inceste», explique à l'AFP sa présidente Marine Gatineau-Dupré.
Depuis l'entrée en vigueur de cette procédure simplifiée, les changements de nom se sont ainsi multipliés: entre le 1er août 2022 et le 31 décembre 2023, 144'100 personnes ont «changé de nom de façon substantielle» - en ajoutant ou supprimant un nom ou en substituant un nom par un autre.
Des demandeurs plutôt jeunes
Les demandeurs sont plutôt jeunes: la moitié ont entre 18 et 29 ans, un quart entre 30 et 39 ans. Les femmes sont majoritaires (57%).
Dans deux tiers des cas (97.500), la personne a remplacé le nom d'un parent par le nom de l'autre. Quelque 30.700 personnes ont ajouté un deuxième nom au nom initial.
Pour rendre hommage à leur maman
Pour certains demandeurs, il s'agit d'adopter le nom de leur mère pour rendre hommage à leur maman, lui exprimer leur amour et leur reconnaissance de s'être investie dans la famille», selon Marine Gatineau-Dupré.
Mais son collectif a aussi reçu «beaucoup de témoignages» de personnes souhaitant délaisser leur patronyme après des violences dans l'enfance.
«Sur leur boîte aux lettres, ils retrouvaient chaque jour le nom de leur bourreau. Changer de nom était nécessaire pour se reconstruire», rapporte-t-elle.
«Certains disent ne pas se reconnaître dans le nom de leur père qui les a abandonnés, a maltraité leur mère. Ils ne veulent pas le transmettre à leurs enfants», ajoute-t-elle.
Et en Suisse ?
Selon le site de la Confédération, pour un changement de nom ou de prénom en Suisse, le gouvernement du canton d'origine est compétent pour statuer sur la demande.
S’il existe des «motifs légitimes», le gouvernement du canton de domicile peut autoriser une personne à changer de nom. Le point de savoir s’il existe, dans un cas individuel, de tels motifs légitimes relève du pouvoir d’appréciation.
Une demande écrite doit être adressée au gouvernement du canton d'origine et invoquant les raisons de la demande et du choix du nouveau nom ou prénom.
Les frais varient entre 200.-- et 1000.-- d'un canton à l'autre.