AlsaceAgression homophobe d'une «rare violence»: 2 militaires condamnés
ATS
29.4.2024 - 20:44
Deux militaires de 19 et 21 ans ont été condamnés lundi à Strasbourg à deux ans de prison, dont un ferme mais sans mandat de dépôt, pour l'agression d'une «rare violence» d'une personne homosexuelle qu'ils ont rouée de coups.
29.04.2024, 20:44
29.04.2024, 20:53
ATS
Les deux hommes, fraîchement engagés au 152e régiment d'infanterie de Colmar et qui encouraient 10 ans de prison, ont comparu détenus. Le tribunal, qui les a jugés en comparution immédiate, s'est montré plus clément que le ministère public, qui avait requis trois ans de prison, dont deux ferme.
Le représentant du parquet, Eric Haeffele, avait dénoncé «une agression d'une rare violence» et «totalement gratuite», mue «par une homophobie assumée» et «décomplexée».
Les deux militaires, Alexis et Temoana, étaient poursuivis pour des violences sur la victime, un homme de 28 ans, mais seul le premier était poursuivi pour les injures homophobes.
L'autre était pour sa part poursuivi pour le vol avec violence de la sacoche de la victime qui contenait de l'argent et deux téléphones portables.
L'agression s'est déroulée samedi avant l'aube entre 04h00 et 05h00 dans le centre de Strasbourg.
Après avoir eu maille à partir avec deux personnes, les deux militaires, qui finissaient une soirée arrosée – Alexis présentait une alcoolémie de 1,60 gramme dans le sang – ont roué de coups la victime, étrangère à la première rixe.
Alexis a notamment abreuvé la victime d'injures homophobes, tout en insistant sur son statut de «militaire», selon des témoignages.
La victime, présente à l'audience, souffre notamment d'un traumatisme crânien, d'un tympan percé et de dents déchaussées. L'homme s'est vu prescrire une ITT de 10 jours.
«Une agression sauvage» et «barbare» dont le «caractère odieux» est «amplifié par la profession des prévenus», a estimé son conseil, Clarisse de Bailliencourt.
Obligation de soins
Dans le box vitré, vêtus de sweatshirts gris identiques, mains jointes dans le dos, les deux jeunes militaires ont reconnus les faits et présenté des excuses à leur victime.
Le tribunal a également prononcé à leur encontre une obligation «de soigner au plus vite» leur «impulsivité», selon le président Marc Picard. Il n'ont pas le droit d'entrer en contact avec la victime et de paraître à Strasbourg pendant trois ans.
Il leur est également interdit de détenir une arme pendant 5 ans.
Dans le box vitré, vêtus du même sweatshirt gris, mains jointes dans le dos, les deux jeunes militaires ont reconnus les faits, corroborés par des témoins.
«Je tiens à m'excuser (...) Je ne recommencerai plus», a bredouillé Temoana, qui avait fait l'objet dans le passé de compositions pénales pour violence et dégradation.
Homosexuel et arabe
En garde-à-vue, celui qui était également jugé pour avoir détenu au moment des faits un poing américain, a déclaré ne «jamais (avoir) aimé les homosexuels» et avoir été «énervé encore plus» quand il s'est douté que la victime l'était.
Il a également expliqué avoir entendu dans son éducation en Polynésie des choses négatives sur les «homosexuels» et les «arabes», la victime étant également d'origine maghrébine.
Alexis, aussi jugé pour avoir eu sur lui un couteau à cran d'arrêt, avait dit durant sa garde-à-vue avait agi selon «le code d'honneur du soldat». A l'audience, il a évoqué l'éducation, raciste et homophobe, dispensée par son père et assuré ne pas vouloir «lui ressembler».
Leurs avocats avaient demandé des peines moins lourdes que les réquisitions, le conseil d'Alexis, Me David Lefèvre, brossant le portrait d'un jeune «pas encore complètement constitué» et pour lequel une peine équilibrée constituerait «un coup de semonce lui permettant de rentrer dans le droit chemin».