FranceGérard Depardieu sera jugé en octobre pour agressions sexuelles
AFP
29.4.2024 - 21:44
Nouvelle étape importante dans les enquêtes pour agressions sexuelles visant Gérard Depardieu: l'acteur, déjà mis en examen pour viol, a été entendu en garde à vue lundi toute la journée sur des faits dénoncés par au moins deux femmes. Il sera jugé en octobre.
29.04.2024, 21:44
29.04.2024, 21:46
ATS
«A l'issue de sa garde à vue (...), Gérard Depardieu s'est vu remettre une convocation devant le tribunal correctionnel», a indiqué le parquet de Paris. «Il sera jugé en octobre 2024 pour des agressions sexuelles susceptibles d'avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film +Les volets verts+» de Jean Becker, a-t-il ajouté.
«C'est un soulagement», a réagi auprès de l'AFP Me Carine Durrieu-Diebolt, qui représente une décoratrice accusant l'acteur de l'avoir agressée sexuellement sur «Les Volets Verts».
«Il y a très certainement d'autres victimes. A ce stade, autour de 20 à 25 femmes ont dénoncé des faits qui vont de l'outrage aux violences sexistes en passant par du harcèlement ou des agressions sexuelles. Il est temps qu'il soit jugé», a ajouté l'avocate, qui défend également une femme dénonçant des faits commis en 2014.
L'un de ses avocats, Christian Saint-Palais, avait annoncé peu avant 18H30 à la presse que la garde à vue de l'acteur était «terminée». «Quand une personne est mise en cause, fatalement, il y a bien un moment où il faut qu'elle s'explique. Et donc c'était aujourd'hui une de ces journées où il faut s'expliquer sur les accusations portées contre vous et que vous contestez», avait ajouté l'avocat.
«Attrapée avec brutalité»
Au moins trois femmes ont porté plainte contre l'acteur âgé de 75 ans.
La décoratrice sur le tournage des «Volets verts» a déposé une plainte en février pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes. Les faits remontent à septembre 2021 et se seraient déroulés dans un hôtel particulier à Paris.
D'après son récit à Mediapart, l'acteur aurait tenu de nombreux propos graveleux pendant le tournage, puis ultérieurement l'aurait «attrapée avec brutalité» et lui aurait «pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à ses seins».
Selon Mediapart, une autre femme, assistante réalisatrice sur ce même tournage, accuse l'acteur de violences sexuelles et a elle aussi déposé une plainte. Le procès de l'interprète de Cyrano portera sur ces deux accusations.
Lors de ce tournage, «du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries», avait témoigné l'actrice Anouk Grinberg , dans un entretien à l'AFP. «Quand des producteurs de film engagent Depardieu sur un film, ils savent qu'ils engagent un agresseur», avait-elle accusé.
«Ses paluches partout»
Une autre plainte est portée par une ancienne assistante de tournage. Elle accuse Gérard Depardieu d'agression sexuelle lors du tournage du film «Le Magicien et les Siamois» de Jean-Pierre Mocky en 2014.
La plaignante a évoqué auprès du journal régional «ses paluches partout sur (son) corps» et les «mots indécents» de l'acteur sur le plateau.
Le géant du cinéma français est par ailleurs mis en examen depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles sur une jeune comédienne, Charlotte Arnould.
La comédienne Hélène Darras avait elle aussi porté plainte contre lui pour agression sexuelle lors d'un tournage en 2007, mais celle-ci a été classée par le parquet de Paris pour prescription.
En Espagne, M. Depardieu, qui incarna «Cyrano de Bergerac», est également visé par une plainte de la journaliste et écrivaine Ruth Baza, qui l'accuse de l'avoir violée en 1995.
L'acteur nie
Au total, une vingtaine de femmes ont témoigné dans la presse ou devant la justice.
«Jamais au grand jamais je n'ai abusé d'une femme», avait de son côté affirmé l'acteur de 75 ans dans une lettre ouverte publiée en octobre 2023 dans Le Figaro, faisant référence aux accusations de Charlotte Arnould.
Ces investigations interviennent alors que le monde du cinéma connaît une déflagration, ébranlé par une succession d'accusations de violences sexuelles, de la part d'actrices mais aussi d'acteurs.
Après Gérard Depardieu, les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon sont visés par une enquête pour viols sur mineur, après une plainte déposée par l'actrice Judith Godrèche.
Cette dernière est devenue l'une des figures de proue de la lutte contre les violences sexuelles dans le 7e art en France, s'inscrivant dans le sillage des actrices Adèle Haenel ou Charlotte Arnould.