Classé 2ème lors de la Red Bull BC One Swizerland à Berne le 6 octobre dernier, Yu-Seng rêve de représenter la Suisse aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Ce Romand de 34 ans passionné de breakdance vit et respire au rythme de son art depuis vingt ans. Rencontre.
Vainqueur de la plus grande compétition de breakdance de Suisse en 2012 et 2013, Yu-Seng s'est hissé sur la deuxième marche du podium cette année à la Red Bull BC One, à Berne. «Cette fois, je n'y suis pas allé en guerrier, j'avais un autre état d'esprit», analyse-t-il.
Après deux ans de pause forcée en raison de la pandémie, le breakdancer, ou B-Boy, comme on dit dans le milieu, cherche davantage à faire plaisir au public, «à rendre les gens heureux et à partager», sourit-il, plutôt que de vouloir gagner à tout prix.
N'empêche qu'il s'est bien défendu, malgré un entraînement relativement restreint, loin de faire de la figuration parmi les meilleurs du pays dans la discipline. «Je me suis décidé à participer seulement trois semaines avant la compétition. Au départ, je voulais surtout créer d'autres champions, faire passer mes copains au top», confie-t-il. Jeyson, un autre membre de l'école KFM, s'y est d'ailleurs hissé dans le top 16.
Première et dernière chance pour les JO
Yu-Seng, habitant de la ville d'Aigle dans le Chablais vaudois, vit sa passion à fond depuis déjà vingt ans. S'il travaille à 100% en tant que représentant, il ne s'astreint pas moins à un entraînement de fer, comme les sportifs d'élite. Alimentation, course à pied, condition physique, yoga: «Je suis un gros bosseur. Peut-être que je dors un peu moins, mais je profite plus», confie-t-il.
Aujourd'hui, ce jeune papa voit un vieux rêve se réaliser: le breakdance deviendra une discipline olympique en 2024 aux Jeux de Paris. Le rêve ultime pour Yu-Seng? Y représenter la Suisse, bien sûr! «À mon âge, c'est ma dernière chance de concourir. Quand on a 25 ans, en général, on se dit qu'on va devoir s'arrêter bientôt. Mais je réalise que je suis toujours capable de faire de bons résultats, grâce à mon entraînement et à ma discipline. Je vais maintenant me concentrer sur cet objectif».
«Sortir Aigle de la map»
En ce mardi soir à Aigle, les jeunes arrivent les uns après les autres à la salle d'entraînement. Tous semblent heureux d'être là. «Beaucoup ont trouvé dans le breakdance une activité saine, au lieu de traîner à la gare, par exemple. Ici, nous sommes un vrai groupe d'amis, c'est très important. J'ai toujours voulu avoir un grand frère et je réalise aujourd'hui que ce sont tous un peu mes petits frères», se réjouit le B-Boy.
KFM, l'école qu'il a fondée en 2005, accueille aujourd'hui 140 élèves. Presque autant de filles que de garçons. Un succès que le fondateur aimerait confirmer en offrant des locaux ad hoc à tous «ses» danseurs.
«Comme il y a le centre mondial du cyclisme à Aigle, j'aimerais qu'il y ait une salle KFM, que les gens passent et se disent 'ah, c'est là qu'ils s'entraînent'», imagine-t-il. L'heure est donc à la recherche de fonds pour le danseur, qui ne lâchera rien, avec volonté et optimisme, comme toujours.
«La première fois que j'ai participé à la Red Bull BC One, je voulais sortir Aigle de la map, j'avais la rage d'y arriver», se souvient Yu-Seng. Au vu de ses résultats et de la relève qui arrive, c'est désormais chose faite.