France Décès de Guy Bedos à 85 ans

ATS

28.5.2020 - 20:42

Amateur de piques comme de coups de gueule, Guy Bedos s'en est allé jeudi à l'âge de 85 ans. L'humoriste laisse derrière lui des sketchs féroces, un indéfectible engagement à gauche et des films comme «Nous irons tous au paradis».

Le décès de ce personnage médiatique, à l'accent pied noir, sonne comme la fin d'une époque, après la disparition dimanche de son ami, le parolier et scénariste Jean-Loup Dabadie qui lui avait notamment écrit le sketch «Bonne fête Paulette». Les deux hommes avaient aussi collaboré sur plusieurs films d'Yves Robert dans les années 70, dont «Un éléphant ça trompe énormément» et Nous irons tous au paradis», célébrant l'amitié.

«Embrasse (Pierre) Desproges et Dabadie, vu que vous êtes tous au Paradis», a d'ailleurs écrit son fils Nicolas, qui a annoncé son décès sur les réseaux sociaux.

Sous une photo en noir et blanc, prise probablement dans les années 70, il lui a rendu un vibrant hommage: «Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux. Comme je suis fier de t'avoir eu pour père».

Grand angoissé, aux cheveux devenus blancs avec les ans et aux yeux noirs espiègles, Guy Bedos adorait jouer les éditorialistes, s'en prenant aux hommes de pouvoir et défendant de nombreuses causes chères à son coeur.

Convictions

Il «partageait son humour et ses convictions avec la même sincérité et la même passion. Nous nous souviendrons notamment de ses grands rôles au cinéma, de ses spectacles inoubliables et de sa parole libre», a estimé le ministre de la Culture Franck Riester, mettant en avant les engagements du comédien. Défenseur des sans papiers, militant pour le droit au logement, entre autres, Guy Bedos a aussi été une figure de l'antiracisme en France, exerçant souvent sa verve contre la famille Le Pen.

Il «a été le seul à être très engagé en défendant beaucoup de causes, et en même temps il ne se prenait pas au sérieux. Pour lui, le sérieux était le cholestérol de l'imaginaire», a souligné à l'AFP Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point, dernière scène où s'est produit Guy Bedos. «Il a toujours dit des choses extrêmement fortes. Il ne faut pas oublier qu'il a été blacklisté du temps de Giscard d'Estaing», s'est-il souvenu.

La verve de Guy Bedos n'a pas non plus épargné le monde politique suisse. En 2000, il s'était attiré les foudres des délégués de l'UDC, après avoir traité Christoph Blocher de «gâteux fasciste» ou de «vieux con» à la radio-télévision Suisse.

«Très grand militant»

«On se souviendra de tous ses engagements contre les injustices et le racisme et en faveur de la dignité de toutes et tous», a salué SOS Racisme, dont il a été un des premiers parrains, rappelant aussi qu'il forma sur scène un trio avec les humoristes Smaïn et Michel Boujenah en 1991 («Coup de soleil à l'Olympia») pour dénoncer les tensions entre communautés.

Harlem Désir, fondateur de SOS Racisme, a aussi fait part de sa «grande tristesse» en rappelant «sa présence avec Coluche au concert de la Concorde» organisée par l'association en 1985. Mourir dans la dignité a salué la mémoire d'un «très grand militant», membre de son Comité d'honneur.

Né à Alger

Pied noir né à Alger en 1934, formé à l'école de la rue Blanche à Paris, Guy Bedos s'est d'abord fait connaître grâce à des sketchs mordants, en duo avec Sophie Daumier qu'il épouse, dont celui consacré à la «drague» qui les révèle au grand public.

La consécration vient en 1968 avec un seul sur scène à Bobino, puis des rôles sur grand écran, dont celui de Simon, le fils à maman (juive) qui peine à couper le cordon et à finir sereinement ses parties de tennis entre amis. Il s'est également produit dans de nombreux spectacles comiques, dont il est l'auteur, passe au Zénith, triomphe à l'Olympia avec Muriel Robin. Ils obtiennent la Victoire 93 de l'humoriste.

Marié 3 fois – avec Karen Blanguernon, Sophie Daumier (décédée en 2003) et Joëlle Bercot -, il est père de quatre enfants, Leslie, Mélanie, Victoria et Nicolas, plume acérée avant de devenir scénariste et réalisateur à succès («La belle époque»).

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