Des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau sortis dans les rues en Catalogne mardi soir pour protester contre la condamnation lundi des dirigeants séparatistes. A Barcelone, manifestants et policiers se sont affrontés.
Dans la soirée, les associations indépendantistes ont convoqué de nombreuses manifestations devant des représentations gouvernementales dans les principales villes de la région du nord-est de l'Espagne. Quarante-mille personnes ont ainsi manifesté à Barcelone et 9'000 à Gérone.
Dans la métropole catalane, la police a chargé quelques centaines de manifestants, le visage masqué, qui lançaient toutes sortes de projectiles sur les agents et ont fait des feux devant les cordons policiers. Trois personnes ont été arrêtées, selon la police catalane. Des charges policières ont aussi eu lieu à Tarragone ou à Gérone, selon la télévision locale et la police régionale.
Plus tôt dans la journée, des activistes avaient bloqué plusieurs routes de la région, tandis qu'à Gérone, Lleida et Tarragone, de nombreux partisans de l'indépendance sont descendus dans les rues. Des dizaines de vols ont été supprimés ou retardés à l'aéroport de Barcelone mardi en matinée. Au cours de ces différentes actions de protestation, on a dénombré une septantaine de blessés.
«Un nouveau Hong Kong»
Beaucoup ont pris congé pour manifester comme Carles Navarro, un consultant de 49 ans, qui veut attirer l'attention de l'Europe. «Nous faisons ça pour causer le plus de gêne possible, pour que ça affecte tout le monde, on verra s'ils s'en rendent compte et s'impliquent» dans le conflit, a-t-il expliqué.
Voulant imiter les manifestants pour la démocratie à Hong Kong, les indépendantistes venus en voiture, en transports en commun ou à pied ont bloqué jusqu'à tard dans la nuit les accès de l'aéroport et affronté la police qui a chargé à plusieurs reprises pour les repousser. Le slogan circule sur les réseaux sociaux: «Faisons de la Catalogne un nouveau Hong Kong».
Des grèves d'étudiants et des marches de protestation sont prévues au moins jusqu'à vendredi, quand les organisations indépendantistes qui ont pignon sur rue, l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium cultural, ont convoqué une manifestation de masse à Barcelone.
Peines de prison
L'ancien chef de l'ANC et celui d'Omnium, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, font partie des neuf indépendantistes condamnés lundi pour sédition pour leur participation dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Ils ont été frappés de peines de neuf ans de prison. Deux anciens ministres régionaux ont reçu des peines de 10 ans et demi de prison et la présidente du parlement régional à l'époque de 11 ans et demi. Trois autres ministres se sont vus infliger 12 ans pour sédition aggravée de détournement de fonds.
L'ancien numéro deux du gouvernement indépendantiste Oriol Junqueras a reçu la peine la plus lourde, 13 ans, lui aussi pour sédition et détournement de fonds.
Mandat contre Puigdemont
Dans la foulée de la décision, le parquet a lancé un nouveau mandat d'arrêt, fondé sur les mêmes chefs d'accusation, contre le président régional Carles Puigdemont qui s'est réfugié en Belgique pour échapper aux poursuites.
Le parquet de Bruxelles a confirmé avoir reçu le mandat d'arrêt européen qui vise l'indépendantiste catalan Carles Puigdemont pour son implication dans l'organisation d'un référendum illégal d'autodétermination, le 1er octobre 2017. Le document émanant de la justice espagnole doit cependant encore être traduit et analysé, a précisé le parquet.
Le sort de Carles Puigdemont est donc entre les mains de la justice belge. «Je ne suis pas en fuite. Je suis à la disposition des autorités belges», a affirmé lors d'une conférence de presse. «Je respecterai la décision de la justice belge. C'est déjà la troisième fois qu'un mandat d'arrêt européen me vise.»
Bataille pour l'opinion publique
Entretemps, le gouvernement espagnol et les autorités indépendantistes de Catalogne, qui soutiennent que le procès était politique, multiplient les interviews et conférences de presse pour gagner la bataille de l'opinion publique internationale.
Le «Tsunami démocratique» a mis en ligne une vidéo de l'entraîneur catalan de Manchester City, Pep Guardiola, indépendantiste convaincu, qui affirme que le mouvement continuera jusqu'à ce que Madrid autorise un referendum d'autodétermination pour la Catalogne. Les gouvernement espagnols successifs soutiennent que la Constitution ne le permet pas.
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