Syrie Frictions Moscou-Ankara sur la Syrie

ATS

20.2.2020 - 22:39

Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.
Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.
Source: KEYSTONE/AP/Ghaith Alsayed

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués dans le nord-ouest de la Syrie par une frappe aérienne. Cette escalade intervient au moment où Moscou hausse le ton contre Ankara en l'accusant de «soutenir des terroristes».

Ces derniers développements rendent la situation de plus en plus volatile dans la province d'Idleb, risquant d'aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique, avec près d'un million de personnes déplacées depuis décembre.

Selon le ministère turc de la Défense, deux soldats turcs ont été tués et cinq blessés par une frappe aérienne dans la région d'Idleb, qu'Ankara a imputée à l'aviation syrienne. Ces pertes portent à 16 le nombre de soldats turcs tués à Idleb en février.

Frictions entre Moscou et Ankara

Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent en outre des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.

Jeudi, l'armée russe a ainsi indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à «cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes».

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d'Al-Nayrab, au sud d'Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps. Selon Moscou et l'OSDH, l'artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

Missiles américains?

Cette offensive intervient au lendemain d'une mise en garde du président Recep Tayyip Erdogan qui avait sommé les forces d'Assad de se retirer de certaines positions à Idleb avant fin février.

La Turquie a dit jeudi avoir riposté à la frappe ayant tué ses militaires en bombardant des positions du régime. Elle affirme avoir éliminé une cinquantaine de soldats syriens et détruit plusieurs blindés. Un bilan invérifiable de manière indépendante dans l'immédiat.

Les Etats-Unis pourraient envoyer des missiles Patriot à la Turquie, a déclaré plus tard le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, tout en excluant tout soutien au sol de troupes américaines. La Turquie n'a «aucune intention d'affronter la Russie» à propos de la Syrie, a cependant assuré le ministre à CNN Turk, ajoutant que les discussions avec les responsables russes continueraient.

Négociations infructueuses

La région d'Idleb fait l'objet d'un accord de «désescalade» entre Ankara et Moscou, mais celui-ci n'est plus que théorique. Le régime, appuyé par l'aviation russe, a déclenché en décembre une offensive pour reprendre ce dernier bastion rebelle et djihadiste, y enregistrant plusieurs gains ces dernières semaines.

Et la Turquie y a dépêché ces derniers jours d'importants renforts militaires, ce qui n'a pas suffi pour l'instant à dissuader le régime de poursuivre son opération.

Appel du HCR

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c'est parce qu'elle redoute l'arrivée sur son sol d'une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Depuis le début de l'offensive du régime dans le nord-ouest de la Syrie, la situation humanitaire à Idleb n'a fait qu'empirer. D'après l'OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son offensive.

Selon l'ONU, environ 900'000 personnes ont en outre fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre. Environ 170'000 d'entre elles dorment en plein air en dépit des rudes conditions hivernales, a indiqué jeudi l'ONU.

Face à cette situation, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a exhorté jeudi la Turquie et les autres pays voisins de la Syrie à accueillir un plus grand nombre de réfugiés. Le HCR a également réclamé «une action urgente pour permettre aux personnes prises au piège dans le conflit de rejoindre des lieux en sécurité».

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont exprimé leur «inquiétude» concernant la «situation humanitaire catastrophique» dans la province syrienne, lors d'une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine. La chancelière allemande et le président français «ont exprimé leur volonté de rencontrer les présidents russe et turc pour trouver une solution politique à la crise», a indiqué la chancellerie allemande.

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