Mimi Marchand, célèbre figure de la presse people, a été mise en examen samedi pour «subornation de témoin» sur l'intermédiaire sulfureux Ziad Takieddine, dans un nouveau volet de l'affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
La journaliste Mimi Marchand en avril 2017 au Touquet
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine en octobre 2019 au tribunal de Paris
L'ancien président Nicolas Sarkozy arrive au tribunal de Paris, le 1er mars 2021
Financement libyen: Mimi Marchand, figure de la presse people, mise en examen - Gallery
La journaliste Mimi Marchand en avril 2017 au Touquet
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine en octobre 2019 au tribunal de Paris
L'ancien président Nicolas Sarkozy arrive au tribunal de Paris, le 1er mars 2021
Au terme de deux jours de garde à vue, la patronne de l'agence de paparazzi BestImage, Michèle Marchand
, a été présentée samedi à un juge d'instruction parisien, qui l'a également mise en examen pour «association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée» et placée sous contrôle judiciaire, a indiqué à l'AFP son avocate, Me Caroline Toby.
«Elle conteste fermement les faits reprochés», a souligné cette dernière.
Surnommée «Mimi», cette figure haute en couleurs de la presse people, devenue proche du couple Macron, avait été placée en garde à vue jeudi à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), dans une information judiciaire ouverte après un entretien accordé en novembre dernier par Ziad Takieddine à un journaliste de l'hebdomadaire Paris Match, qui s'était rendu au Liban avec un photographe de BestImage.
Interview «vérité»?
Dans cette interview, Ziad Takieddine avait retiré ses déclarations contre Nicolas Sarkozy, alors qu'il l'accusait depuis des années d'avoir touché de l'argent pour sa campagne présidentielle de 2007 de la part du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
L'intermédiaire franco-libanais, en fuite au Liban depuis sa condamnation en juin 2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de l'affaire Karachi, avait aussi parlé brièvement à BFMTV depuis Beyrouth.
«La vérité éclate», avait immédiatement triomphé l'ancien chef de l’Etat.
Ces déclarations avaient amené le procureur national financier Jean-François Bohnert à souligner que les mises en examen de Nicolas Sarkozy dans cette enquête ne s'appuyaient pas seulement sur les déclarations de M. Takieddine.
Retour à la première version
Deux mois plus tard, interrogé le 14 janvier à Beyrouth par les juges d'instruction Aude Buresi et Marc Sommerer, chargés du dossier libyen, l'intermédiaire, connu pour sa versatilité, avait déclaré qu'il ne confirmait «pas les propos» de l'entretien, prétendant qu'ils avaient été «déformés» par Paris Match, qui «appartient à un ami de Sarkozy».
L'hebdomadaire est la propriété du groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance.
M. Takieddine était donc revenu à sa première version, selon laquelle la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy avait reçu l'apport de fonds libyens. Tout en insistant sur le fait que lui n'y était pour rien.
L'entretien à Paris Match avait été publié peu après son incarcération au Liban dans le cadre d'une procédure judiciaire engagée contre lui. Le quotidien Libération avait évoqué en mars des mouvements de fonds suspects, évoquant de possibles tractations en marge de l'interview.
Mimi Marchand «a agi en qualité de journaliste qui a eu l'exclusivité de cette interview de M. Takieddine», a déclaré samedi Me Caroline Toby. «Elle n'a fait qu'organiser les photos et l'interview, dans le périmètre de son métier», a-t-elle expliqué.
Mouvements de fonds suspects
Cinq autres personnes ont été également placées en garde à vue jeudi dans cette enquête. Le journaliste de Paris Match, François de Labarre, avait été libéré dans la soirée, sans poursuite à ce stade.
Parmi les quatre autres, le publicitaire Arnaud de la Villesbrunne, ancien directeur de l'agence Publicis, a aussi été mis en examen samedi. «Mon client a à peine compris les termes de sa mise en examen tant il se sent étranger à tout cela, et il s'en expliquera plus tard devant les juges», a déclaré à l'AFP son avocat, Me Eric Morain.
L'homme d'affaires Pierre Reynaud et Noël Dubus, un homme déjà condamné pour escroquerie, devaient aussi être présentés au juge d'instruction.
Selon Le Parisien, Noël Dubus, qui s'est rendu à deux reprises à Beyrouth pour y rencontrer M. Takeddine avant sa rétractation, aurait bénéficié de versements suspects, via M. Villesbrunne, qui était un des prestataires de la campagne présidentielle de M. Sarkozy.
Selon le quotidien Libération, l'homme d'affaire Pierre Reynaud aurait, quant à lui, avancé à M. Dubus des fonds à remettre à M. Takieddine.