Etats-Unis Proche de Trump condamné à 40 mois de prison

ATS

20.2.2020 - 21:46

Le ministère de la Justice, en se défendant d'agir sur instruction présidentielle, avait déjugé ses procureurs qui avaient initialement requis entre 7 et 9 ans contre M. Stone, reconnu coupable en novembre d'avoir menti au Congrès.
Le ministère de la Justice, en se défendant d'agir sur instruction présidentielle, avait déjugé ses procureurs qui avaient initialement requis entre 7 et 9 ans contre M. Stone, reconnu coupable en novembre d'avoir menti au Congrès.
Source: KEYSTONE/AP/Manuel Balce Ceneta

Roger Stone, l'ancien conseiller ami de Donald Trump, a été condamné jeudi à 3 ans et 4 mois de prison. Son procès a déclenché une polémique à Washington en raison des interventions du locataire de la Maison Blanche dans le dossier.

Le ministère de la Justice, en se défendant d'agir sur instruction de la Maison Blanche, avait déjugé ses procureurs qui avaient initialement requis entre 7 et 9 ans contre M. Stone, reconnu coupable en novembre d'avoir menti au Congrès.

Ses recommandations d'une sentence comprise entre 3 et 4 ans ont bien été suivies par la juge fédérale Amy Jackson, qui a condamné l'accusé à 40 mois de prison.

«Il n'a pas été poursuivi, comme certains l'ont dénoncé, pour avoir défendu le président. Il a été poursuivi pour avoir couvert le président», a-t-elle déclaré après le prononcé de peine, se félicitant que «la vérité existe et importe toujours».

Entre 7 et 9 ans requis

La semaine dernière, les procureurs fédéraux qui instruisaient l'affaire avaient requis entre 7 et 9 ans de prison contre M. Stone.

Mais Donald Trump avait dans la foulée dénoncé une «erreur judiciaire» et laissé planer le doute quant à une amnistie présidentielle pour ce consultant de 67 ans.

Le lendemain, le ministère de la Justice avait à son tour jugé la recommandation «excessive» et suggéré une sentence comprise entre 3 et 4 ans de détention. Désavoués par leur hiérarchie, les quatre procureurs fédéraux s'étaient retirés de l'affaire.

La réaction de Donald Trump n'avait pas tardé: «Félicitations au ministre de la Justice Bill Barr pour avoir pris en charge un dossier totalement hors de contrôle !«. Jeudi, il a assuré après la sentence que son ami avait «de bonnes chances d'être innocenté».

Appel à la démission

L'Attorney général a eu beau assurer que les commentaires présidentiels n'avaient eu aucun impact sur la décision de ses services, il s'est retrouvé sous le feu des critiques.

Outre l'opposition démocrate, plus de 2200 anciens fonctionnaires du ministère de la Justice l'ont appelé à démissionner, l'accusant dans une lettre ouverte d'avoir accordé un «traitement de faveur» à Roger Stone et d'être «aux ordres du président».

Jeudi, la juge Amy Jackson, sur laquelle Donald Trump avait mis la pression sur Twitter, a fait référence aux «commentaires étrangers» dans ce dossier et aux «actions sans précédent du ministère de la Justice de la semaine passée». Mais elle a reconnu que la recommandation de peine initiale était trop lourde.

«Je doute sincèrement que je me serais prononcée» pour une sentence entre 7 et 9 ans, a-t-elle expliqué, ajoutant qu'elle avait pris en compte l'âge de M. Stone pour prononcer sa peine.

Demande sans effet

Sur la défensive, Bill Barr n'a eu de cesse de marteler que Donald Trump, dont il est l'un des plus solides défenseurs, ne lui avait pas demandé d'intervenir.

Dans une rare note dissonante, il a toutefois demandé la semaine dernière au milliardaire new-yorkais d'éviter de tweeter sur les dossiers judiciaires, estimant que cela rendait son travail «impossible».

Peine perdue, la Maison Blanche a répondu que le président avait le droit «de commenter des affaires criminelles» et que cela ne relevait pas de «l'ingérence».

Et Donald Trump était reparti à la charge, en retweetant de nombreux commentaires portant sur les démêlés d'autres de ses proches avec la justice ou sur l'origine de l'enquête russe, dénonçant un procès «très injuste» pour Roger Stone.

Témoins sous pression

Roger Stone, expert autoproclamé des «coups fourrés», a été reconnu coupable d'avoir exercé des pressions sur des témoins et menti au Congrès sur ses contacts avec l'organisation WikiLeaks, au sujet de courriels démocrates piratés lors de la campagne présidentielle de 2016.

Clamant son innocence, il soutient que des membres du jury étaient «partiaux». Il n'a pas été immédiatement incarcéré jeudi au prononcé de sa peine à Washington.

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ATS