Macron sur TF1 «Bal des faux-culs», «Zone grise» - La polémique enfle

AFP

14.12.2021

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14.12.2021

Face aux oppositions qui s'insurgent contre l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron prévue mercredi et le pressent de mettre fin au suspense de sa candidature, majorité et gouvernement défendent à l'unisson «un président qui gouverne».

L'intervention télévisée d'Emmanuel Macron est prévue mercredi.
L'intervention télévisée d'Emmanuel Macron est prévue mercredi.
KEYSTONE

Deux heures d'entretien sur TF1 et LCI sur le thème «Où va la France?»: la tribune que s'offre le chef de l'Etat a fait bondir Valérie Pécresse qui a écrit mardi au CSA pour exiger que ce temps de parole soit «décompté» du futur candidat Macron. Car, dit-elle, «à l'évidence, cette émission ne s'inscrit pas dans l'exercice de la charge de président de la République mais bien dans le cadre de l'élection présidentielle à venir».

La candidate LR à la présidentielle d'avril 2022, dont l'émission prévue le même soir sur BFMTV a été annulée, a également demandé au régulateur de l'audiovisuel que «chaque candidat (bénéficie) dans les mêmes conditions de deux heures d'antenne» sur les mêmes chaînes.

«Evidemment que la parole (du président) est attendue sur l'action qui est menée, sur la crise, sur le bilan du quinquennat: c'est légitime», lui a répondu mardi sur FranceInfo le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Le secrétaire d'Etat a pris l'exemple de l'intervention du président Sarkozy qui, en janvier 2012, alors qu'il n'était pas encore candidat à sa réélection, avait participé à une émission diffusée sur huit chaînes.

Or, «à l'époque, (Valérie Pécresse) défendait le fait (...) que le président de la République puisse s'exprimer dans un contexte de crise», a-t-il rappelé en citant les propos de celle qui était alors ministre, manière de mieux fustiger sa «fébrilité» et son «hypocrisie».

Le patron des députés LREM, Christophe Castaner, a relayé, mardi en réunion de groupe, cette attaque contre Mme Pécresse, selon lui «marquée d'amnésie», avant de dénoncer un «bal des faux-culs» chez les LR.

L'ex-ministre de l'Intérieur renvoie aussi aux «quatre débats un peu chiants» que LR «nous a infligés pour savoir qui pouvait gagner un congrès interne» et «personne ne s’est dit qu'il fallait saisir le CSA».

C'est bien «comme président» qu'Emmanuel Macron s'exprimera mercredi, jure le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau (MoDem), pointant un «énervement inutile» de la droite, quand le patron de LREM, Stanislas Guerini, fait mine de s'étonner de la polémique: «Tout ça pour un président qui gouverne...»



«Comédie monarchique»

Aucune annonce de candidature n'étant prévue dans l'émission de mercredi, combien de temps Emmanuel Macron pourra-t-il tenir sa position de président sans se déclarer formellement ? «L'honnêteté minimum serait de dire qu'il est candidat», a fustigé mercredi Marine Le Pen, en dénonçant une double «rupture», d'abord «dans la loyauté due aux Français, ensuite "de l'égalité des chances entre les différents candidats».

Eric Ciotti (LR) avait déjà critiqué lundi «une campagne qui n'en porte par le nom». A l'unisson de Damien Abad (LR), qui pointe «une zone grise permanente entre un président et un candidat», du socialiste Boris Vallaud, pourfendeur d'"un entre-deux qui n'est pas sain", ou de l'insoumis Jean-Luc Mélenchon qui brocarde une «comédie monarchique» et saisit également le CSA.

L'ambiguïté qui permettrait de jouer sur les deux tableaux est fermement récusée dans la majorité. «Emmanuel Macron est président de la République, élu pour cinq ans, pas pour quatre ans et demi», martèle Christophe Castaner.

Mieux: le porte-parole du gouvernement a soutenu que cet entre-deux était «plus un inconvénient qu'un avantage», «parce que la réalité, c'est qu'on a moins la possibilité de répondre aux critiques».

Du reste, l'accusation de duplicité est une figure imposée des adversaires aux chefs de l'Etat en période pré-électorale: en février 1988, Jacques Chirac s'agaçait du silence «pas convenable» de François Mitterrand, alors qu'en janvier 2002, François Bayrou lançait qu'"il y en a marre qu'on nous prenne pour des imbéciles", alors que le président Chirac répétait que «le temps de la campagne n'(était) pas encore venu».