«Menteur, traître!»Début houleux du débat télévisé entre Lula et Bolsonaro
ATS
30.9.2022 - 06:29
«Menteur, ancien détenu, traître de la patrie!»: le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, a attaqué violemment l'ex-chef d'Etat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva dès le début du dernier débat télévisé de la présidentielle jeudi soir.
30.09.2022, 06:29
30.09.2022, 07:54
ATS
«Le peuple va te renvoyer chez toi le 2 octobre!», a rétorqué Lula, à qui les sondages prédisent une victoire possible dès dimanche. Ce débat auquel assistent des dizaines de millions de téléspectateurs sur TV Globo, la chaîne la plus regardée du pays, a donné dès les premières minutes l'occasion d'échanges haineux entre les deux favoris de l'élection la plus polarisée depuis des décennies.
Dès sa première prise de parole, Jair Bolsonaro, 67 ans, a accusé Lula, 76 ans, d'avoir été le chef de file d'une bande de «voleurs», quand la gauche a dirigé le pays de 2003 à 2016. Une allusion au scandale de corruption de Petrobras, pour lequel l'ancien syndicaliste a été incarcéré pendant 18 mois en 2018 et 2019, avant de voir ses condamnations annulées pour vice de forme par la Cour suprême.
Le président d'extrême droite est sorti de ses gonds à plusieurs reprises et a dû être rappelé à l'ordre par le médiateur.
«Se regarder dans le miroir»
Lula l'a traité à son tour de «menteur» et l'a aussi accusé de corruption. «Comment peux-tu te regarder dans le miroir, quand on voit ce qui s'est passé sous ton gouvernement?», a-t-il déclaré, citant notamment un scandale au ministère de l'Education et des soupçons de détournements de fonds de Flavio Bolsonaro, fils aîné du président.
Selon la dernière enquête d'opinion publiée par l'institut Datafolha peu avant ce troisième débat télévisé, Lula conserve un avantage confortable sur Bolsonaro, avec 48% des intentions de vote contre 34%. Pour être élu pour un troisième mandat dès dimanche, l'icône de la gauche doit obtenir plus de 50% des votes exprimés (sans les nuls ni les blancs).
D'après Datafolha, il est justement crédité de 50% de ces votes exprimés, dans la marge d'erreur du sondage (plus ou moins 2 points de pourcentage). Chaque camp espérait pouvoir convaincre les derniers indécis lors de la grand-messe de TV Globo. «C'est le débat qui peut faire changer les choses», avait dit à l'AFP une source de la campagne de Bolsonaro.
«Vote utile»
Selon Datafolha, 14% des Brésiliens n'ont pas encore décidé pour qui voter dimanche.^Le Parti des Travailleurs (PT) de Lula fait campagne auprès des Brésiliens pour le «vote utile» afin d'accorder leur voix au vieux lion de la politique brésilienne dès ce premier tour.
Une source de la campagne du PT a assuré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, que l'équipe était «confiante, tout en étant prête pour un deuxième tour». Au-delà des deux grands favoris, le débat voit s'affronter au total sept candidats, sur les 11 en lice.
Le candidat de centre gauche Ciro Gomes, troisième dans les sondages et crédité de 6% des intentions de vote, a été sous pression pour se retirer afin de faciliter la victoire de Lula. Mais M. Gomes a assuré qu'il irait jusqu'au bout.
La sénatrice de droite Simone Tebet, en quatrième position dans les sondages et dont la performance lors du premier débat avait été saluée, recueille 5% des intentions de vote et représente également un réservoir d'électeurs potentiels.
Pluie de critiques
Lors des deux précédents débats télévisés, le président Bolsonaro avait essuyé une pluie de critiques après ses attaques sexistes envers l'une des journalistes l'ayant interrogé. De nouveaux propos misogynes pourraient lui coûter cher à trois jours du scrutin, alors que l'électorat féminin le fuit. Mais il a obtenu un soutien de poids jeudi: Neymar, superstar du football brésilien, qui a ouvertement déclaré sa préférence dans une vidéo publiée sur TikTok.
Après une performance jugée décevante par les commentateurs lors du premier débat – il n'avait notamment pas su se défendre des accusations de corruption lancées par Jair Bolsonaro – Lula n'avait pas participé au deuxième débat, invoquant un emploi du temps déjà très chargé. La campagne électorale à la radio et télévision doit prendre fin ce jeudi à minuit, mais les meetings et la distribution de tracts resteront autorisés jusqu'à samedi soir, veille du scrutin.