«Cessez-le-feu» à GazaIsraël furieux après l'abstention américaine à l'ONU
ATS
25.3.2024 - 17:50
Israël a dénoncé lundi l'abstention de son allié américain ayant permis l'adoption, pour la première fois, d'une résolution des Nations unies exigeant un «cessez-le-feu» immédiat dans la bande de Gaza menacée par la famine.
Keystone-SDA
25.03.2024, 17:50
25.03.2024, 17:51
ATS
Immédiatement après l'adoption de la résolution, Israël a annulé la visite d'une délégation qui était attendue à Washington, déclarant que l'abstention américaine «nuisait» à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages.
«Il s'agit d'un net recul par rapport à la position constante des Etats-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre» le 7 octobre, a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué. Israël ne mettra pas fin à sa guerre à Gaza tant que le Hamas n'aura pas libéré les otages, a assuré lundi à Washington son ministre de la Défense.
Portée par des membres non-permanents du Conseil, cette résolution a été adoptée par 14 voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis. Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis s'étaient, jusque-là, systématiquement opposés au terme «cessez-le-feu» dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.
Ces dernières semaines, ils ont toutefois montré des signes de changement de ton face à leur allié israélien. Un changement de ton qui avait mené à une proposition de résolution sur la «nécessité» d'un cessez-le-feu, rejetée vendredi par la Russie et la Chine.
Le mouvement islamiste Hamas a lui «salué l'appel du Conseil de sécurité des Nations unies à un cessez-le-feu immédiat».
Cette résolution «exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan» – qui a déjà commencé il y a deux semaines -, devant «mener à un cessez-le-feu durable», et «exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages».
Peu après le vote, la Maison Blanche a affirmé que l'abstention américaine n'était «pas un changement de cap». A l'ONU, l'ambassadrice américaine a estimé lundi qu'un cessez-le-feu à Gaza pourrait commencer seulement «avec la libération d'un premier otage».
La France a elle demandé un «cessez-le-feu permanent» à l'ONU.
107 morts en 24 heures
Sur le terrain, la situation continue à se dégrader dans l'étroite bande de terre surpeuplée et soumise à un blocus israélien total.
Lundi, les bombardements israéliens ont fait 107 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, visant les villes de Rafah et et Khan Younès (sud) ainsi que la ville de Gaza (nord) et le centre du territoire.
Au total, 32'333 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués depuis le début de l'offensive, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Au moins deux grands hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée, une semaine après le début de l'intervention lancée le 18 mars contre l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire.
Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d'artillerie, selon le Hamas, tout comme les abords de l'hôpital al-Amal de Khan Younès, assiégé depuis la veille. Des témoins avaient aussi signalé dimanche une incursion aux abords de l'hôpital Nasser, proche d'al-Amal.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué lundi qu'il ne restait dans l'hôpital al-Amal, outre le personnel, que neuf malades et quelques civils, après l'évacuation dimanche des déplacés qui y avaient trouvé refuge.
Plus de 20 combattants palestiniens ont été tués dimanche dans le secteur de cet établissement, selon l'armée, qui a affirmé poursuivre ses opérations «ciblées» dans l'hôpital al-Chifa, où environ «500 terroristes» ont été arrêtés jusqu'à présent et 170 autres tués.
Mais selon les autorités du Hamas, l'armée a détruit avec des explosifs une vingtaine de maisons ainsi qu'un immeuble dans le quartier d'Al-Rimal, proche de l'hôpital, où des témoins ont signalé des combats lundi.
Des centaines de civils ont fui le secteur depuis une semaine.
«Pas de nourriture»
A Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, faisaient la queue pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportaient dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras.
«Nous n'avons même pas de nourriture pour nous donner l'énergie d'aller chercher de l'eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées», a témoigné un homme, Bassam Mohammed al-Haou.
Les discussions, qui se poursuivent entre équipes techniques à Doha par l'intermédiaire du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, n'ont à ce stade pas permis de surmonter les points de blocage afin de parvenir à un accord sur une trêve associée à la libération d'otages retenus à Gaza.
Le Hamas s'était dit prêt à la mi-mars à une trêve de six semaines, avec des libérations d'otages en échange de prisonniers palestiniens.
Sur le plan humanitaire, la situation est critique, alertent les ONG depuis des semaines. En cause: l'aide humanitaire qui arrive au compte-gouttes.
Cette aide arrivant principalement depuis l'Egypte via Rafah est contrôlée strictement par Israël et entre dans la bande de Gaza en quantité très insuffisante, face aux immenses besoins des 2,4 millions d'habitants.
Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d'aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique.
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a défendu lundi en Jordanie l'Unrwa, qu'il a décrite comme une «source d'espoir et de dignité».