Histoire L'Allemagne demande pardon à la Pologne

ATS

1.9.2019 - 16:54

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a demandé pardon dimanche aux victimes polonaises de l'agression nazie d'il y a 80 ans. Son homologue polonais Andrzej Duda a pour sa part saisi l'occasion pour accuser la Russie de «tendances impérialistes».

M. Steinmeier a reconnu une nouvelle fois la responsabilité allemande pour la Seconde Guerre mondiale. D'abord lors d'une cérémonie à Wielun, à 06h40 du matin, exactement à l'heure de l'explosion des premières bombes tombées en 1939 sur cette petite ville polonaise, et ensuite lors d'une cérémonie internationale à Varsovie.

«Je m'incline devant les victimes de l'attaque de Wielun. Je m'incline devant les victimes polonaises de la tyrannie allemande. Et je demande pardon», a déclaré en allemand et en polonais M. Steinmeier, en présence notamment de son homologue polonais.

La Pologne a été durement touchée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, perdant six millions de citoyens, dont trois millions de Juifs. Le conflit a fait au total entre 40 et 60 millions de morts à travers le monde.

«Nous n'oublierons pas»

«Ce sont les Allemands qui ont commis un crime contre l'humanité en Pologne. Quiconque prétend que c'est fini, que le règne de terreur des national-socialistes sur l'Europe est un événement marginal dans l'histoire allemande se juge lui-même», a souligné M. Steinmeier.

Le chef de l'Etat a semblé faire ainsi référence à l'extrême droite allemande, dont le co-président Alexander Gauland avait estimé que les années du Troisième Reich n'ont été qu'une «fiente d'oiseau» dans un millénaire allemand glorieux.

«Nous n'oublierons pas. Nous voulons nous souvenir et nous nous souviendrons», a insisté M. Steinmeier. De son côté, le président polonais Andrzej Duda a dénoncé «un acte de barbarie» et «un crime de guerre» qui a ouvert la Seconde Guerre mondiale» à Wielun le 1er septembre 1939. M. Duda a remercié M. Steinmeier pour sa présence à Wielun. «Je suis convaincu que cette cérémonie passera dans l'histoire de l'amitié polono-allemande», a-t-il dit.

Tirer les leçons

Quelques heures plus tard, prononçant son principal discours à Varsovie, devant une quarantaine d'invités de marque étrangers, dont le vice-président américain Mike Spence et la chancelière allemande Angela Merkel, M. Duda les a invités à tirer du drame de la Seconde Guerre mondiale une leçon pour leurs responsabilités d'aujourd'hui.

«Ces temps derniers nous voyons, y compris en Europe, le retour des tendances impérialistes, des tentatives de modifier les frontières par la force, d'attaques contre des Etats, de saisie de terres, de soumission de citoyens», a dit M. Duda. Il n'a jamais prononcé le nom de la Russie mais a cité les opérations militaires russes en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014.

«Fermer les yeux n'est pas une bonne recette pour préserver la paix. C'est une bonne méthode pour encourager des personnalités agressives, pour donner de facto le feu vert pour de nouvelles attaques», a-t-il dit.

M. Pence, qui a représenté à Varsovie le président Donald Trump, ce dernier ayant décidé de ne pas quitter son pays menacé par l'ouragan Dorian, a loué dans son discours l'alliance entre la Pologne et les Etats-Unis. Il a souligné à plusieurs reprises l'importance de leur attachement aux valeurs religieuses.

Réparations de guerre

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans ont participé à la commémoration du combat désespéré livré par la garnison polonaise de Westerplatte, à Gdansk, bombardée par un navire allemand.

L'Allemagne est aujourd'hui alliée de la Pologne au sein de l'OTAN et de l'UE, et son premier partenaire économique. Mais, aux yeux du gouvernement conservateur nationaliste de Varsovie, la question des réparations de guerre n'est pas réglée.

Une commission parlementaire travaille sur une nouvelle estimation des pertes subies par la Pologne, que Varsovie souhaite présenter à Berlin. Mais pour le gouvernement allemand la question des réparations est close depuis longtemps. «Il faut parler de ces pertes, s'en souvenir, exiger la vérité et la compensation», a souligné dimanche M. Morawiecki.

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