Manifs pro-Palestine Un bâtiment de l'université de Columbia bouclé par la police

ATS

1.5.2024 - 03:53

La prestigieuse université Columbia à New York, épicentre du mouvement pro-palestinien contre la guerre à Gaza sur les campus américains, a menacé mardi de renvoyer les dizaines de personnes qui occupent un bâtiment de l'établissement, totalement bouclé par la police.

Des étudiants pro-palestiniens continuent de manifester sur les campus américains.
Des étudiants pro-palestiniens continuent de manifester sur les campus américains.
ATS

Keystone-SDA

La police de New York est intervenue mardi soir sur le campus de l'université Columbia pour y déloger des étudiants et militants pro-palestiniens barricadés depuis la nuit précédente dans un bâtiment, selon des journalistes de l'AFP.

Un camion de police avec une échelle s'est approché du bâtiment occupé et la presse a pu voir des dizaines de policiers en tenue anti-émeute grimper pour atteindre une fenêtre afin de pénétrer dans le «Hamilton Hall» où sont retranchées des dizaines de personnes depuis la nuit de lundi à mardi.

Les forces de l'ordre sont entrées vers 21H30 (03H30 Heure suisse) sur l'immense campus de cette grande université du nord de Manhattan, épicentre d'un mouvement national aux Etats-Unis en soutien à la cause palestinienne et contre la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas.

Barricadés

Dénonçant une «escalade», le porte-parole de Columbia Ben Chang a menacé de les «renvoyer» de l'université en les accusant de «vandaliser, casser et bloquer les accès» du Hamilton Hall. Le bâtiment a été renommé «Hind's Hall» par le groupe pro-palestinien «Columbia University Apartheid Divest», en hommage à une fillette de six ans tuée à Gaza.

La présidence de Columbia avait commencé lundi à «suspendre» administrativement des étudiants qui refusaient de quitter ce «village» de tentes. A six mois de la présidentielle dans un pays polarisé, le mouvement estudiantin inquiète la Maison Blanche et l'ONU.

Joe Biden, président du pays allié «indéfectible» d'Israël, a critiqué les tensions ravivées à Columbia, université privée qui forme l'élite: «Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», a tonné John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Aux Nations unies, le secrétaire général Antonio Guterres a jugé «essentiel en toutes circonstances de garantir les libertés d'expression et de manifestation pacifique» tout en insistant sur le fait que «les discours racistes étaient évidemment inacceptables».

Accord

Avant un duel entre l'ex-président Donald Trump et le sortant Joe Biden, qui a besoin du vote de la jeunesse, le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a dénoncé «l'illégalité et le chaos absolus sur les campus en Amérique» et «l'antisémitisme et l'échec dans la protection d'étudiants juifs». Il a réclamé le départ de la présidente de Columbia, Minouche Shafik.

Les manifestants pro-palestiniens exigent que leurs universités coupent les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël. Columbia refuse.

Mais un autre campus d'élite du nord-est, Brown University à Providence, a annoncé un accord avec les étudiants: démantèlement du campement contre un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements de +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

«Rétablir l'ordre»

A travers les Etats-Unis, les images de forces de l'ordre en tenue anti-émeute intervenant brutalement sur des campus ont fait le tour du monde.

Depuis le week-end dernier, des centaines d'étudiants, enseignants, militants d'une vingtaine d'universités ont été interpellés, certains arrêtés et placés en détention.

A l'université du Texas à Austin (sud), près de 80 personnes étaient en garde à vue mardi et seront poursuivies en justice pour «délit d'intrusion», selon le bureau du shérif local.

En Californie, la police «a fait évacuer et sécurisé» à l'aube deux bâtiments de l'université Cal Poly Humboldt et arrêté 35 personnes, afin de «rétablir l'ordre» selon cet établissement.

A l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, un groupe d'étudiants a revendiqué avoir hissé un drapeau palestinien au centre du campus, avant que la police ne remette en place les couleurs des Etats-Unis, selon la presse.

Ces nouvelles manifestations pro-palestiniennes aux Etats-Unis ont ravivé le débat électrique depuis octobre entre liberté d'expression et accusations d'antisémitisme. Le pays compte le plus grand nombre de juifs dans le monde après Israël, et des millions d'Américains arabo-musulmans.