Les premiers hommes en orbite lunaire Apollo 8: Borman et Lovell fêtent leurs 90 ans

Christina Horsten, dpa

14.3.2018

Frank Borman et James Lovell avaient déjà passé deux semaines ensemble dans l'espace lorsqu'ils ont embarqué à bord de la mission Apollo 8, cette fois-ci accompagnés de William Anders, pour devenir les premiers hommes à faire le tour de la Lune. Frank Borman fête aujourd'hui ses 90 ans et sera bientôt rejoint par James Lovell.

Frank Borman et James «Jim» Lovell se sont liés d'amitié dans un espace confiné. En 1965, les deux hommes avaient passé deux semaines dans l'espace à bord du module de commande de la mission «Gemini 7». Un record pour l'époque.

«C'était comme si on était tous les deux assis sur les sièges avant d'une Volkswagen», a un jour déclaré Frank Borman au cours d'une interview. «Heureusement, Jim a beaucoup d'humour et nous n'avons jamais eu de problèmes. Ça a été un plaisir de passer 14 jours avec lui dans cet espace réduit.»

Perdre sa brosse à dents

Ce mercredi 14 mars, Frank Borman fêtera ses 90 ans – un anniversaire que célébrera également son ancien collègue James Lovell le 25 mars, seulement onze jours après lui. «Nous sommes particulièrement liés par un incident survenu durant la mission "Gemini 7"», se souvient Franck Borman. «Nous avons perdu une brosse à dents, et je me demande encore aujourd'hui comment cela a pu arriver dans un espace aussi restreint. En fin de compte, nous avons dû nous partager une seule et même brosse à dents.»

Trois ans plus tard, Frank Borman et James Lovell étaient rejoints par William Anders dans le cadre de la mission Apollo 8, une mission qui leur a permis de devenir les premiers hommes à faire le tour de la Lune. William Anders était principalement chargé de prendre des photos; il est notamment l'auteur du légendaire cliché «Lever de Terre», sur lequel on voit la Terre se lever derrière la Lune.

«Je voulais battre les Russes»

Pour Frank Borman, le programme spatial a toujours été une question de politique étrangère. «En fin de compte, le programme spatial n'était qu'un combat mené dans le cadre de la guerre froide. Nous avons perdu le Vietnam, la guerre de Corée s'est terminée par un match nul, mais nous avons remporté la bataille spatiale.»

C'est suite aux offensives russes menées à la fin des années 50 et au début des années 60, avec le lancement du satellite «Spoutnik 1» et la conquête de l'espace par Youri Gagarine, que Frank Borman a intégré le secteur de la navigation spatiale. «J'étais probablement différent des autres à ce niveau-là. Je ne voulais pas être la première ou la dixième personne à marcher sur la Lune. Je voulais battre les Russes.»

Une beauté fragile

Frank Borman, né en 1928 dans l'État américain de l'Indiana, a étudié l'aéronautique à l'académie militaire de West Point et a travaillé en tant que pilote de chasse et instructeur de vol. En 1962, il a été engagé en tant qu'astronaute par l'agence spatiale de la NASA. «À l'époque, nous partions pour l'inconnu», se souvient Frank Borman, qui a épousé sa femme Susan en 1950 et a eu deux fils avec elle.

La mission «Gemini 7» fut suivie de la mission «Apollo 8». «Observer la Terre depuis l'espace fut pour moi une expérience hors du commun. Elle avait l'air si fragile vue depuis presque 400 000 kilomètres de distance. On a du mal à comprendre qu'il puisse y avoir autant de conflits dans un endroit qui semble si fragile.»

L'ennui dans le néant

Mais Franck Borman ne ressent pas que de l'euphorie quand il repense à ses missions spatiales. «Je me contentais de ce qu'il y avait. La nourriture n'était pas vraiment un problème, mais l'ennui était pesant. Lorsqu'on n'a plus de carburant et qu'on se met à dériver dans l'espace, le temps passe très lentement.»

Après ses deux missions, beaucoup avaient prédit que Frank Borman ferait une grande carrière à la NASA, mais l'astronaute avait préféré se retirer. «Après la mission "Apollo 11", lors de laquelle deux Américains s'étaient posés sur la Lune, la balance s'était mise à pencher en faveur des États-Unis dans la course à l'espace contre l’Union soviétique», explique Frank Borman. «Le reste, c'était la cerise sur le gâteau.» Frank Borman a intégré la compagnie aérienne Eastern Airlines, où il a travaillé jusqu'à la fin des années 80.

Une base sur la Lune plutôt qu'une mission sur Mars

En tant que premiers hommes à avoir survolé la Lune, Frank Borman et James Lovell sont restés de grands fans du satellite terrestre. Ils saluent d'ailleurs le programme du président américain Donald Trump; ce dernier pousse la NASA, qui s'était davantage intéressée à la planète Mars sous son prédécesseur Barack Obama, à se concentrer à nouveau sur la Lune.

«Nous aurions dû retourner sur la Lune pour y établir une base permanente», a un jour déclaré Frank Borman, un avis que partage son ancien collègue et ami James Lovell. «Selon moi, nous devrions retourner sur la Lune, y construire une infrastructure, nous familiariser avec cette dernière, puis la consolider pour nous rendre sur Mars.»

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