EspaceLa Chine lance une rare mission pour ramener des roches lunaires
ATS
24.11.2020 - 00:52
C'est la première mission du genre depuis celle menée par l'ex-URSS en 1976: la Chine a lancé mardi vers la Lune une sonde destinée à collecter des échantillons de roches et les ramener sur Terre.
Cette ambitieuse opération permettra également au géant asiatique de tester de nouvelles technologies, cruciales pour envoyer comme il le souhaite des astronautes sur l'astre lunaire d'ici 2030.
La sonde a été propulsée par une fusée Longue-Marce 5 à 04h30 heure locale (21h30 lundi en Suisse) depuis le centre spatial de Wenchang, sur l'île de Hainan (sud), selon l'agence de presse Chine nouvelle.
Cette mission Chang'e 5 est la nouvelle étape du programme spatial chinois, qui avait frappé un grand coup début 2019 en faisant atterrir un engin sur la face cachée de la Lune – une première mondiale.
Affiner les technologies
La sonde envoyée mardi a pour objectif de collecter des poussières et des roches lunaires, notamment en creusant le sol jusqu'à une profondeur de deux mètres.
Ramenés sur Terre, ces échantillons pourraient aider les scientifiques à mieux comprendre l'activité volcanique de la Lune, donc son évolution et son histoire.
«Mais pour la Chine, les objectifs en matière d'ingénierie sont peut-être les plus importants», estime Chen Lan, analyste pour le site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.
«Elle veut utiliser cette mission pour affiner les technologies nécessaires aux futures missions lunaires habitées (...) C'est un pas de plus vers des Chinois sur la Lune.»
Chang'e 5 est la première tentative de ramener des roches lunaires depuis la mission inhabitée Luna 24, menée avec succès par l'ex-URSS en 1976. Les Etats-Unis avaient également ramené des échantillons lors de la mission habitée Apollo 17 (1972), mais directement collectés par les astronautes.
«Assez difficile»
La sonde Chang'e 5 envoyée mardi par la Chine pèse 8,2 tonnes. Elle comprend quatre parties: un orbiteur (qui restera en orbite lunaire), un atterrisseur (qui atterrira sur la Lune), un module de remontée (du sol vers l'orbite lunaire) et une capsule de retour (vers la Terre).
La collecte des échantillons se déroulera près du Mons Rümker, un massif montagneux situé à une altitude de plus de 1000 mètres sur la face visible de l'astre lunaire.
A la différence du programme soviétique, où la sonde effectuait directement le trajet Lune-Terre après la collecte des échantillons, la Chine utilisera une méthode bien plus ardue.
Les roches seront d'abord placées dans le module de remontée (qui devra regagner l'orbite lunaire, puis s'arrimer à l'orbiteur) avant d'être transvasées dans la capsule de retour sur Terre.
«C'est probablement la nécessité d'affiner les technologies des missions habitées qui ont poussé les ingénieurs chinois à adopter une démarche aussi compliquée, voire inutile», note Chen Lan.
«Cela n'a jamais été fait auparavant et c'est effectivement assez difficile», note Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l'astrophysique, aux Etats-Unis.
Mais en cas de succès, «le système chinois de retour robotisé d'échantillons deviendra le plus flexible et le plus performant», souligne-t-il.
Retour en décembre
La sonde chinoise devrait atterrir sur la Lune fin novembre. Le retour des roches sur Terre devrait lui intervenir début ou mi-décembre.
Ce n'est pas la première fois que la Chine lance un engin vers l'astre lunaire dans le cadre du programme Chang'e – du nom d'une déesse de la Lune selon la mythologie chinoise. Elle y a déjà fait atterrir deux petits robots téléguidés (les «Lapins de jade") en 2013 et 2019 lors de précédentes missions.
Le lancement de Chang'e 5 était initialement prévu pour 2017. Mais l'échec la même année d'un tir de la fusée Longue-Marche 5, indispensable à la propulsion de la sonde, avait conduit à son report.
La Chine investit des milliards d'euros dans son programme spatial, afin de rattraper l'Europe, la Russie et les Etats-Unis. Elle a envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003.
Le géant asiatique vient par ailleurs d'achever en juin la constellation de son système de navigation Beidou, rival du GPS américain. Il prévoit également d'assembler une grande station spatiale d'ici 2022.
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