Inventions Le concours Lépine, l'avenir du quotidien depuis 120 ans

AFP

28.10.2021 - 11:01

Paillasson pour fauteuil roulant, voiture volante ou stylo à bille ? Depuis 1901, le prix du concours Lépine, décerné dimanche à Paris, est devenu une pépinière d'inventeurs d'objets du quotidien: le presse-purée a fait florès dans l'industrie, d'autres sont tombés dans l'oubli.

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Pour les 120 ans du concours, quelque 300 inventions sont en compétition, de la bague intelligente à la bâche solaire en passant par un dispositif rusé permettant d'atteler n'importe quel fauteuil roulant à une trottinette électrique.

Celles jugées les plus innovantes par un jury de 53 personnes, professionnelles et bénévoles, sont récompensées par une série de prix purement honorifiques. Le plus prestigieux, le prix du président de la République, reçoit un vase de Sèvres.

Ingénieurs visionnaires ou bricoleurs de génie, les candidats et quelques plus rares candidates ont pour particularité d'être farouchement «indépendant(e)s», souligne l'organisation du concours. Mais le cliché du savant isolé faisant fortune en créant un appareil révolutionnaire relève plus aujourd'hui du «mythe» que de la réalité.

«De 1901 à 1960, le concours Lépine a vraiment été dans l'invention indépendante sur des objets de masse à industrialiser: le stylo à bille, ancêtre du Bic en 1919, ou le fer à repasser à vapeur de Constantin Caroni en 1921», indique Barbara Dorey, qui fait partie de l'organisation. Depuis les années 60, le concours «consacre plus la réponse à un besoin particulier» qu'à une fabrication de masse, admet-elle.

Inspiration pandémie ou climat

Néanmoins, longtemps avant la mode du «fabriqué en France» récemment promu par l'Elysée, le concours célébrait la créativité française. La première édition en 1901 avait été créée par le préfet de Police Lépine qui souhaitait répondre à un marasme économique et encourager la fabrication française.

En 2021, la pandémie et son cortège de contraintes ont stimulé l'imagination des candidats avec un masque supprimant la buée sur les lunettes, ou une poignée de porte à ouvrir avec le coude. Le réchauffement climatique et la transition écologique aussi: une bâche solaire pour recharger une voiture stationnée en extérieur est présentée, ainsi que des boitiers de contrôle de consommation d'eau.

Plus loin, un «centre aquatique mobile» est présenté: une piscine installée dans un poids lourd qui se gare dans les villes où les enfants ne peuvent pas apprendre à nager par manque d'équipement.

Les gadgets ménagers sont fidèles au rendez-vous: cabine de douche pliable, barbecue vertical ou balai lavant qui promet de ramasser la poussière tout en lavant le sol d'un seul geste. Beaucoup ont fini aux oubliettes comme le tartineur de beurre ou le mange-macaronis automatique.

Quelques inventeurs sortent du lot

Et aucun Géo Trouvetout du Lépine n'a encore connu la postérité des inventeurs de Hewlett Packard aux Etats-Unis, dans leur garage de Palo Alto devenu l'emblème de la créativité numérique de la Silicon Valley.

Mais certains sont devenus industriels.

Le plus célèbre d'entre eux est Jean Mantelet, récompensé en 1931 pour son presse-purée, qui a ensuite créé Moulinex.

Edmond Dujardin, primé en 1956 pour son «jeu des 1000 Bornes», a continué sa carrière en créant la maison d'édition de jeu Dujardin.

Plus récemment, dans le domaine médical, André Emerit, primé en 1983 pour sa seringue d'aspiration du venin de vipère, a créé la société Aspi-Venin.

Industrialiser ou vendre des licences?

Parcours entrepreneurial plus actuel, celui du fondateur de la petite société d'expertise en marquage de produits Mobilead, Laurent Tonnelier. Il a remporté le Prix du président de la République en 2019 pour son appli de détection des allergènes dans les aliments, dans la catégorie «univers connecté».

Ancien de la Silicon Valley lui-même, il n'a pas choisi d'industrialiser sa découverte, mais propose ses licences à la vente «à un prix raisonnable», explique-t-il à l'AFP, «pour ne pas s'épuiser, et pour diffuser au maximum». Ce qui lui laisse le temps de se concentrer sur d'autres innovations.

L'Institut national de la Propriété Industrielle (INPI) qui délivre les brevets est partenaire du concours.

Si l'INPI affirme «difficile de quantifier le nombre de brevets» issus de la manifestation, l'organisme y décerne chaque année des prix.