Le scandale s’étend Des Suisses concernés par le scandale des «retraites nazies»

pab

26.2.2019

Le camp de concentration de Auschwitz-Birkenau, a été le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et d'extermination. Il est situé à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Cracovie (Pologne).
Le camp de concentration de Auschwitz-Birkenau, a été le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et d'extermination. Il est situé à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Cracovie (Pologne).
DPA / Daniel Naupold / archives

Plus de 2000 personnes touchent aujourd’hui une «retraite pour nazis» à travers le monde, dont 49 personnes en Suisse. La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), interpellée par la RTS, s'est dite choquée.

Le parlement belge, qui a rouvert ce dossier en 2016, a demandé la semaine dernière à l’Allemagne de mettre fin au versement par Berlin de pensions d’invalidité aux anciens combattants belges ayant collaboré avec le régime nazi entre 1939 et 1945.

Mais le dossier ne se limite pas qu'à la Belgique. Selon le quotidien allemand à grand tirage «Bild Zeitung», le scandale va bien au-delà: ce sont 2033 personnes, dans plus que 50 pays, qui bénéficieraient de cette «retraite pour nazis». Dans le détail: 573 en Pologne, 250 aux Etats-Unis et 121 au Canada. Mais aussi 54 en France et 49 en Suisse.

Selon les estimations proposées par le journal «Le Temps», ces personnes toucheraient jusqu’à 1400 francs suisses par mois, au titre de gratification pour leur engagement, volontaire ou non.

En vigueur depuis 1941

L’Allemagne refusant de communiquer la liste des bénéficiaires de cette prestation créée par décret d’Adolf Hitler en 1941, les pensions ne sont soumises à aucun impôt, de l’avis des trois députés belges à l’origine du scandale.

Hitler avait édicté cette disposition pour augmenter les effectifs de ses armées juste avant d'envahir la Russie. Il avait ainsi cherché dans les pays occupés des collaborateurs prêts à intégrer ses troupes. Les volontaires devaient recevoir la nationalité allemande. Ils devaient bénéficier d’une pension d’invalidité s’ils étaient blessés au combat.

En 1945, les Alliés ont annulé de nombreux décrets à Postdam, mais pas celui-là. Malgré quelques modifications dans les décennies suivantes, la disposition est encore appliquée aujourd'hui.

La CICAD se dit sous le choc

En Suisse, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), est sous le choc: «Je suis surpris et choqué qu’on puisse en 2019 encore reparler de pensions versées à des gens qui ont participé à l’effort nazi, au même titre que je reste choqué que même à la fin de la guerre, on ait pu envisager de verser une pension à ces gens qui ont été des acteurs du massacre, voire de l’effort nazi», dénonce son secrétaire général Johanne Gurfinkiel, devant les caméras du Journal télévisé Le 19h30 de la RTS.

Pas un sujet pour les politiques suisses?

Octroyer des rentes d'invalidité à des engagés volontaires ou non: la question divise l'Allemagne depuis plus de soixante ans. Mais jusqu'à présent, toute tentative de révision du système a échoué, rappelle la RTS.

En Belgique, le dossier a été rouvert en 2016 par le Parlement. Une proposition de résolution a été déposée pour mettre un terme à ces versements. Et le texte a été signé mercredi dernier par les députés belges.

Toujours selon la RTS, en France, des groupes parlementaires de l'Assemblée s'engagent contre le versement de ces pensions. En Suisse, en revanche, les politiques ne se sont pas encore emparés de la question.

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