CoronavirusLes hôpitaux universitaires ont atteint leurs limites
fl, ats
6.5.2021 - 12:37
Avec la pandémie de coronavirus, les cinq hôpitaux universitaires de Suisse ont atteint les limites de leurs ressources, aussi bien humaines que financières, ont-ils indiqué jeudi. Ils ont toutefois joué un rôle central pour garder la pandémie sous contrôle.
Keystone-SDA, fl, ats
06.05.2021, 12:37
06.05.2021, 12:42
ATS
«Sans les hôpitaux universitaires et leur savoir-faire, en particulier pour les patients nécessitant des soins intensifs, la pandémie du Covid-19 n'aurait pas été gérable», estiment les cinq hôpitaux dans un communiqué. Sous pression, ils ont été en mesure de réagir rapidement et de prendre les précautions adéquates.
Les directeurs des cinq établissements, l'Hôpital de l'Île à Berne, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), l’Hôpital universitaire de Bâle (USB), les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l'Hôpital universitaire de Zurich (USZ) étaient réunis devant la presse à Berne.
Ils ont fait le bilan d'une année marquée par le coronavirus, alors qu'avec la vaccination, «une lueur d'espoir» pointe à l'horizon, a souligné Uwe E. Jocham, directeur de l'Hôpital de l'Île. Il s'est dit fier de la contribution de ces hôpitaux durant la crise. «Nos hôpitaux universitaires ont sauvé des vies durant la crise et il n'y avait pas d'autres options», a abondé Bertrand Levrat, directeur des HUG.
Capacités de soins intensifs étendues
En 2020, les cinq hôpitaux universitaires ont pris en charge un total de 8153 patients Covid en soins stationnaires, soit environ 40% des 19'500 cas pris en charge en Suisse, contre 20% en temps normal. Et 1295 patients ont été admis en unités de soins intensifs, dont 922 ont été placés sous assistance respiratoire.
Les seuls HUG ont accueilli plus de la moitié de ces hospitalisations, avec 4078 patients. Le canton a été durant une période l’une des régions les plus touchées d’Europe. Au pic de la crise, les HUG avaient plus de 608 patients Covid hospitalisés en même temps, a souligné M. Levrat.
Les capacités de soins intensifs existantes dans les hôpitaux universitaires sont passées de 228 à 378 lits, soit une augmentation d'environ 65%. En novembre 2020, c'est jusqu'à 208 lits qui étaient occupés par les seuls patients Covid-19. Sans l'expansion des capacités, il n'y aurait eu pratiquement plus de marge de manoeuvre.
Collaboration intensive
Les cinq hôpitaux universitaires ont étroitement collaboré, notamment pour le transfert des patients. Les cinq directeurs ont salué la qualité de cette coopération qui a permis de faire face aux défis posés par cette situation extraordinaire sans que le système de santé ne subisse de graves perturbations.
«Si nous n'avions pas eu cette coopération, nous n’aurions pas pu supporter toutes les charges d’un hôpital universitaire», a souligné le directeur général du CHUV Philippe Eckert. Des patients du CHUV ont notamment été transférés vers la Suisse allemande. Cela a permis de garder des capacités pour les autres patients, notamment pour les opérations électives, même si celles-ci ont pris un retard que le CHUV n'aura probablement pas rattrapé d'ici la fin de cette année.
Les cinq hôpitaux ont également été un pilier important de la stratégie de vaccination en créant des centres ad hoc. Ils ont par ailleurs permis de faire avancer la connaissance sur le virus, avec 232 projets de recherche lancés sur le Covid-19 en 2020.
Plus de 200 millions de perte
La crise du coronavirus a alourdi significativement la charge des hôpitaux universitaires dont les coûts ne sont pas couverts par l'assurance maladie obligatoire. La perte de revenus totale dans le domaine stationnaire en 2020 s’élève ainsi à 202 millions de francs, auxquels s’ajoutent les dépenses en personnel et celles liées à l’achat de matériel spécifique au Covid pour plus de 340 millions de francs.
Les cantons ont contribué à hauteur de 357 millions de francs pour amortir la perte de revenus et les dépenses supplémentaires. Malgré ces aides, la perte se monte au final à 86 millions de francs. Des pertes qui seront, à Genève et sur Vaud, prises en charge par le canton. M. Levrat a appelé à ce que le canton ne doive pas couvrir seul les pertes, mais à ce que les assurances maladie participent aussi.
Les cinq hôpitaux universitaires regrettent que le système de remboursement actuel attribue une pondération beaucoup trop faible aux réserves de capacité. Celles-ci ont pourtant prouvé qu'elles étaient indispensables en temps de crise, même si après un an de pandémie, le personnel est à bout et se sent épuisé, précise le communiqué.
Il est ainsi impératif que les systèmes de financement instaurent une considération séparée pour les hôpitaux universitaires afin qu'ils puissent continuer à être garants de soins de qualité.