Transport aérien Les Verts genevois relancent le débat sur l'avenir de l'aéroport

za, ats

21.4.2021 - 19:22

Les Verts genevois relancent le débat sur l'avenir de l'aéroport, alors que le Grand Conseil doit débattre d'un prêt de 200 millions en faveur de l'établissement public autonome. Ils veulent que les objectifs climatiques du canton soient pris en compte.

Image d'illustration 
Image d'illustration 
KEYSTONE/Laurent Gillieron

Keystone-SDA, za, ats

«Après une suspension du trafic aérien durant le Covid-19, les activités reprennent lentement. C'est le bon moment de débattre et de réorienter le trafic», a relevé mercredi devant les médias Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Verts genevois et conseillère nationale. Le parti a mandaté une étude pour savoir quel type de développement est compatible avec l'urgence climatique.

Réalisée par Noé21, une organisation non gouvernementale spécialiste des questions énergétiques, cette étude examine cinq scénarios. Il en ressort que seuls une réduction drastique du nombre de vols et un transfert significatif vers le train permettrait d'atteindre l'objectif cantonal de réduire de 60% des émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990.

Transfert vers le train

Le premier scénario se base sur le développement prévu dans le plan sectoriel de l'infrastructure aéronautique (PSIA), adopté en 2018. Avec 25 millions de passagers par an et un mouvement toutes les 90 secondes en 2030, il engendrerait quatre à cinq fois plus d'émissions de CO2 que l'objectif climatique. De son côté, un retour à la situation d'avant le Covid-19 générerait 221% d'émissions en trop.

Le troisième scénario appelé «Transfert modal», basé sur la situation pré-pandémie mais avec un transfert vers le train pour les trajets directs de moins de quatre heures, représenterait des émissions de 126% de plus que l'objectif. Même le scénario «Contraint», qui prend en compte le niveau du trafic de 2020, est générateur de 16% d'émissions en trop.

Selon l'étude, seul le scénario «Essentiel» permettrait d'atteindre l'urgence climatique. Il consiste en un maintien du trafic de 2020 et un transfert modal en faveur du train jusqu'à douze heures de trajet. Avec un mouvement toutes les neuf minutes et 3,2 millions de passagers, le bruit serait fortement réduit, et les émissions se situeraient même en dessous de l'objectif cantonal.

Hiérarchiser et prioriser

En conclusion, Noé21 estime qu'il faut revoir la stratégie de Genève Aéroport, en hiérarchisant et priorisant l'offre. Un avis partagé par la conseillère nationale Lisa Mazzone: «L'aéroport doit prendre en compte les intérêts réels des entreprises et de la Genève internationale, au lieu d'exporter massivement des loisirs de proximité vers des capitales européennes.»

Les Verts ont déposé plusieurs textes dans ce sens à Berne. Une motion demande l'introduction d'une taxe sur le kérosène au niveau international, une autre veut faire interdire les vols de nuit, tandis qu'un postulat demande l'élaboration d'un nouveau plan directeur pour le trafic aérien.

A Genève, la députation écologiste au Parlement va conditionner son soutien à un prêt de 200 millions de francs en faveur de l'aéroport, fortement déficitaire à cause de la pandémie. Elle s'opposera aussi à l'application de l'initiative constitutionnelle «Pour un pilotage démocratique de l'aéroport de Genève», votée en 2019. «Le texte du gouvernement reprend le contreprojet, pas l'initiative», déplore Pierre Eckert.