Syrie Syrie: le CICR redoute que le monde «ne passe à la crise suivante»

sn, ats

4.3.2021 - 23:04

Des millions de Syriens ont toujours besoin d'assistance humanitaire dans leur pays (archives).
Des millions de Syriens ont toujours besoin d'assistance humanitaire dans leur pays (archives).
ATS

Le président du CICR Peter Maurer redoute que la communauté internationale «ne passe à la crise suivante» après dix ans de conflit en Syrie. Or, la pandémie et les sanctions ont exacerbé les besoins humanitaires, a-t-il affirmé jeudi à la presse à Genève.

Keystone-SDA, sn, ats

Au total, plus de 12 millions de personnes sont en difficulté alimentaire dans ce pays. Plusieurs millions de personnes restent déplacées et les prix des denrées alimentaires ont augmenté de près de 250%. Le Croissant-Rouge syrien (SARC), avec le soutien de nombreux acteurs de la Croix-Rouge, distribue plus de 60% de l'assistance dans ce pays.

Les besoins humanitaires ont augmenté de 20% en un an. De plus, des dizaines de milliers de familles «attendent des indications» sur des proches portés disparus, a affirmé le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui doit à nouveau se rendre dans ce pays prochainement.

«Les Syriens ne peuvent subir une année supplémentaire dans cette situation, encore moins une autre décennie», a-t-il ajouté. Ce pays a besoin «plus que jamais de notre aide et de notre soutien», a renchéri de son côté le président de la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) Francesco Rocca.

Tout manque, de la nourriture et de l'eau potable aux masques contre le coronavirus en passant par des médicaments. Impossible de savoir combien de personnes ont été infectées, tant le nombre de tests PCR n'est pas suffisant. Les Syriens ne peuvent s'inquiéter de la pandémie et honorer les distances physiques tant ils sont dans des conditions déjà difficiles, affirme le président de la FICR.

Appel sur les détenus

Dans le camp d'al-Hol, dont le nord-est, où se trouvent toujours des dizaines de milliers de déplacés dont des proches présumés de djihadistes, le Croissant-Rouge syrien (SARC), dont des dizaines de membres ont été tués dans le conflit, pilote un hôpital. Mais il n'a notamment pas la capacité d'oeuvrer en cas d'incendie à l'intérieur du site.

La pandémie a «exacerbé» les difficultés sur la question de rapatriements depuis ce camp dans un certain nombre de pays, selon le président du CICR. M. Maurer dénonce «des excuses» de certains Etats pour retarder ceux-ci.

Plus largement, il estime encore trop tôt d'évaluer l'impact que pourrait avoir la nouvelle administration américaine de Joe Biden sur les discussions sur la Syrie qui sont bloquées depuis plusieurs années. Il appelle la communauté internationale à changer d'approche dans les prochaines années sur l'assistance humanitaire. Des échanges de détenus, la clarification de la situation des disparus ou encore la réunification de proches doivent être possibles, affirme-t-il.

En dix ans de conflit, plusieurs millions de personnes ont été déplacées. Plusieurs millions restent également réfugiées. Les violences ont fait au total près de 390'000 victimes, selon l'ONU.