Tramway lausannois Un tram et une forêt pour Lausanne

ATS

26.2.2020 - 17:05

Après des années de blocage devant les tribunaux, la construction du tram Lausanne-Renens peut enfin aller de l'avant. La rampe routière Vigie-Gonin est abandonnée, la forêt du Flon est préservée. Mais des solutions alternatives restent à trouver.

«C'est un moment historique», a déclaré mercredi la conseillère d'Etat Nuria Gorrite, lors d'un point de presse en présence des partenaires impliqués dans le projet. Elle saluait ainsi l'entrée en force de l'autorisation de construire le tram Lausanne-Renens, après le rejet de deux recours par le Tribunal administratif fédéral (TAF).

Ironie du calendrier, la Haute Cour a validé le projet initial de l'Etat mais l'Etat ne le concrétisera pas, en tout cas pas sous cette forme. «Les perdants ont un peu gagné, et les gagnants un peu perdu», a résumé le syndic de Lausanne Grégoire Junod.

Dans le détail, la Haute Cour a rejeté le recours contre la liaison routière Vigie-Gonin et donné son feu vert au défrichement de la forêt du Flon. A ses yeux, cette coupe «n'occasionne pas d'atteinte sérieuse à l'environnement et respecte le principe de la proportionnalité».

Nouvelle donne

Mais la donne politique et environnementale a changé depuis le dépôt du dossier à Berne, il y a près de huit ans: exit donc la rampe Vigie-Gonin, un projet «d'une autre époque» qui devait détourner le trafic routier au centre ville. Conséquence directe: le bosquet boisé du Flon n'a plus besoin d'être rasé.

Symbole de la lutte pour la sauvegarde de cette forêt, Guillaume Morand, dit Toto Morand, s'est engagé à ne pas recourir contre l'arrêt du TAF. «On m'a donné des assurances que la forêt serait préservée. Je n'ai aucune raison de recourir. Je suis très content qu'on puisse aller de l'avant avec le tram», a-t-il ajouté. La décision du TAF peut être attaquée dans les 30 jours devant le TF.

Phase concrète

Après des années de blocage, le projet de tramway et de Bus à haut niveau de service (BHNS) peuvent enfin entrer dans leur phase concrète. Les travaux pour le tram pourraient débuter cet été. Ils devraient durer environ quatre ans et demi. La mise en oeuvre des BHNS (dont la ligne Bussigny-Lutry) dépend des communes. Un calendrier plus précis sera donné ultérieurement.

Reste qu'il faudra trouver des solutions alternatives à la construction de la rampe Vigie-Gonin au centre-ville. Des discussions «franches et constructives» sont en cours avec les milieux économiques et commerçants lausannois, a expliqué leur représentant Patrick Eperon, de la Fédération patronale vaudoise. L'objectif est de parvenir à un «paquet» qui garantisse une accessibilité multimodale au centre-ville, c'est-à-dire en transports publics et en voiture.

Une solution possible

«Nous avons aujourd'hui dans nos mains la possibilité de construire une solution», a estimé Nuria Gorrite, la cheffe du Département des infrastructures. Un accord semble se dessiner, mais le projet est encore en négociation et rien ne peut être détaillé à ce stade.

Nuria Gorrite rappelle que la situation a évolué depuis le lancement du projet. Le trafic individuel motorisé a fortement baissé, le métro m2 a doublé ses capacités et le projet de m3 est apparu. Les partenaires sont en train d'en évaluer les impacts.

«Tout est sur la table», a ajouté la présidente du Conseil d'Etat. «Mais cela ne passe par forcément par la réouverture du trafic motorisé sur le Grand Pont», a-t-elle glissé.

Forte motivation

«Je ne peux pas garantir que ces négociations soient couronnées de succès», a précisé Patrick Eperon. Mais de nouveaux recours bloqueraient le projet pour des années. «Cela ne profiterait à personne. Nous avons une forte motivation à aboutir», a dit le représentant des milieux économiques et des commerçants.

Corollaire de ces décisions, la future bibliothèque centrale de Lausanne, baptisée Maison du livre, qui devait s'installer sous la rampe Vigie-Gonin, a du plomb dans l'aile. «Cela ne pourra pas se faire à cet endroit. Nous voulons la créer ailleurs en ville, mais nous n'avons pas de plan B», a expliqué Grégoire Junod.

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