Mode & Beauté En allant à l’expo. Margiela

CoverMedia

14.8.2018 - 13:09

Source: Covermedia

De 1997 à 2003, Martin Margiela a travaillé avec Hermès sur la ligne féminine de la vénérable

maison. Dans l’expo du MAD aussi éblouissante que sobre, on redécouvre l’élégance et la modernité

de celui dont les créations font encore les tendances les plus pointues aujourd’hui.

Pour douze collections, Martin Margiela a eu carte blanche pour créer une femme Hermès, moderne, active, et qui ne se laisse enfermer ni dans un rôle ni dans une image. Pour elle, il a conçu des vêtements confortables qui ne cède cependant rien ni à l’invention ni à l’élégance. C’est ainsi que sont nés des vêtements transformables, qui évoluent au fil de la journée, au gré des envies ou, tout simplement, de la température.

Quand la mode propose des femmes aux carrures larges et à la taille étriquée, il dessine une silhouette toute en finesse, où le corps de la femme reprend ses droits.

Des jupes viennent s’enrouler autour d’une robe tube. Un pull en cachemire (nous sommes chez Hermès, ne l’oublions pas) à col roulé est privé de manche. Celles-ci viendront avec un long gilet fin qui, lui-même, se verra ajouté un manteau sans manches, auquel se superposera un autre manteau plus épais.

Superposer ? Oui, il y a vingt ans, Martin Margiela offrait aux femmes les joies de la superposition, ce maître mot de la tendance de l’hiver 2018-2019. À ceci près que ces superpositions étaient pensées de telle manière et effectuées avec un raffinement tel que la silhouette féminine en ressortait magnifié. Aucune ne ressemblait aux bags ladies ou aux babouchkas des défilés Vetements.

Les matières travaillées sont nobles : lainage d’exception, cuirs d’une souplesse extrême, tout va dans le sens de la rigueur et de la fluidité des coupes.

On notera que la gamme de couleurs va du blanc au noir en passant par les différentes nuances de gris et de crème. Il est ainsi plus aisé de marier les pièces entre elles, aussi bien dans une collection qu’entre les collections.

Car Margiela a pris soin de renouveler les pièces qui avaient le plus de succès, leur offrant le statut de « basiques » qu’il aménageait à la marge. Si le vocable « slow fashion » n’a pas encore été inventé, Margiela en donne les prémisses. Les vêtements sont fait pour durer, se bonifier avec le temps.

Le sens de la récupération dont il avait déjà montré qu’il lui était précieux pour créer dans le cadre de sa griffe Maison Margiela n’est pas absent de ses créations chez Hermès. Que ce soit une tunique entièrement faite de bagues de fiançailles anciennes (hommage détourné à Paco Rabane ?), le roulé main des foulards Hermès appliqué au bord des chemisiers, ou la façon dont il a repensé les sacs iconiques de la maison Hermès.

Margiela n’est jamais allé là où il était attendu. Au contraire, il s’est abstenu de choisir les voies balisées de la maison. Il a donné à la ligne femme de Hermès la distinction. Être distinguée, être repérée sans emprunter les gros sabots du bling.

Hormis les tabis (bottes sur le modèle des chaussures japonaises qui sépare le gros orteil du reste du pied), qui n’ont pas vraiment pris dans la culture française, l’influence de Margiela dans ses années Hermès n’a pas fini de se faire sentir sur la mode contemporaine.

Jusqu’à sa volonté de faire porter ses vêtements dans les défilés et sur les photos par des femmes de la vraie vie, tous âges confondus, de la jeune femme à la septuagénaire.

Margiela : tout est bon chez lui, il n’y a rien à jeter, aurait pu dire Brassens.

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