Les beaux discours entretenus depuis des mois n'ont pas trouvé un écho sur le terrain. A Bakou, la Suisse a failli lors de son entame à l'Euro 2021 avec un nul (1-1) contre le Pays de Galles qui la place déjà dans une situation bien inconfortable.
Attendue mercredi à Rome par une Italie qui a signé vendredi soir devant la Turquie un succès extrêmement convaincant (3-0), la Suisse risque bien d'être condamnée à remporter son dernier match du premier tour dimanche. Elle devra revenir à Bakou pour rencontrer une Turquie qui se sera peut-être refait une santé contre le Pays de Galles.
La verve du buteur de Cardiff City Kieffer Moore ne doit pas masquer une réalité qui doit faire mal aux oreilles de Vladimir Petkovic: le Pays de Galles est bien l'équipe la plus faible de ce groupe A. On a le sentiment que la Turquie n’a pas vraiment "insisté" vendredi après le malheureux autogoal qui a permis aux Italiens d’ouvrir la marque.
"Nous pouvons encore nous qualifier", assurait avec force Vladimir Petkovic juste avant l'envol vers Rome. Le "Mister" est persuadé que son équipe trouvera mercredi un meilleur contexte pour s'exprimer avec ce choc contre une équipe devenue sous la férule de Roberto Mancini très "joueuse". On rappellera toutefois au sélectionneur que l'Italie reste désormais sur une série de 28 matches sans défaite...
Haris Seferovic: une série noire qui dure
Une autre série interpelle: la trop longue période de disette de Haris Seferovic dans les phases finales. Samedi à Bakou, l'attaquant de l'équipe de Suisse est resté "muet" pour la onzième fois de suite. Vladimir Petkovic a sans doute attendu trop longtemps avant de le remplacer à la 84e minute par Mario Gavranovic. Sur la lancée de son triplé contre le Liechtenstein du 3 juin, le Tessinois aurait été le "match winner" de la Suisse s'il s'était tenu juste quelques centimètres plus haut lors de la remise de la tête d'Embolo à la 85e minute.
Mais il serait absurde de faire de Haris Seferovic et aussi de Xherdan Shaqiri, dont la seule action notoire de la rencontre fut son corner vers la tête victorieuse de Breel Embolo à la 49e minute pour l'ouverture du score, les seuls coupables. Porte-voix des ambitions sans limite affichée par l'équipe de Suisse, Granit Xhaka n'a pas livré la marchandise. Le capitaine ne s'est que très rarement projeté vers l'avant malgré l'emprise très nette exercée par la Suisse.
Un mauvais signal
Le futur joueur de la Roma a trop joué sur la retenue. On aurait aimé qu'il remette ses coéquipiers sur le droit chemin lorsque la Suisse a tiré le frein à main après le but de Breel Embolo. Le coaching de Vladimir Petkovic a encore compliqué les choses. Sortir un Xherdan Shaqiri qui reste malgré tout capable sur un seul geste de forcer la décision à la 66e minute déjà pour un demi défensif - Denis Zakaria - fut un mauvais signal. Les Gallois ont compris que la peur avait gagné les rangs de l'équipe qui menait pourtant au score.
"Je dois aussi penser au match de mercredi", explique Vladimir Petkovic pour justifier ce remplacement inattendu par sa célérité. Le Mister sous-entend que le joueur qui a toujours été décisif lors des trois dernières phases finales que son équipe a disputées n'a pas 90 minutes dans les jambes. La question de sa titularisation mercredi à Rome se pose. Ne vaut-il pas mieux ménager le joueur de Liverpool dans l'optique du match contre la Turquie ?
Si l'on pousse la réflexion plus loin, on peut s'interroger si une impasse pour le match contre l'Italie ne serait-elle pas judicieuse dans la mesure où la Suisse sera certaine d'être en huitième de finale avec une victoire contre la Turquie dimanche ? Bien sûr, un tel choix contredirait le message délivré depuis des mois par le sélectionneur et le capitaine. Mais l'urgence est là. On ne sortira pas de ce groupe par la grande porte mais plutôt par la fenêtre.