Coupe du monde Pas de brassard «One Love» pour Granit Xhaka

Léo Martinetti

21.11.2022

Granit Xhaka ne portera pas le brassard «One Love» comme lors des quatre derniers matches de l'équipe de Suisse. Le Bâlois doit se plier au diktat du Qatar et de la FIFA.

Le brassard contre les discriminations et pour l'inclusion ne sera pas porté lors du Mondial.
Le brassard contre les discriminations et pour l'inclusion ne sera pas porté lors du Mondial.
Keystone

Léo Martinetti

21.11.2022

Menacées de «sanctions sportives» par la FIFA si leur capitaine arboraient durant ce Mondial le brassard multicolore «One Love», la Suisse - comme les six autres équipes européennes encore engagées après la dérobade de la France dans cette campagne contre les discriminations, à savoir l'Angleterre, le Pays de Galles, le Danemark, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Portugal - a préféré renoncer lundi à ce geste symbolique. A défaut de briller sur le terrain avec son équipe, l'Emirat a démontré une fois encore l'étendue de son pouvoir.

Ce petit bout de tissu avec un coeur rempli de six bandes colorées, censées symboliser l'inclusion et la diversité, aura été l'une des «stars» de l'avant Mondial disputé dans un pays très critiqué pour le sort qu'il réserve aux personnes LGBTQ+. Comme les relations sexuelles hors mariage, l'homosexualité y est criminalisée.

La perspective de sanctions financières n'avait pas dissuadé les sept derniers réfractaires, mais celle de sanctions sportives, sous la forme d'un carton jaune au capitaine, ont fini par les convaincre de jeter l'éponge, non sans amertume.

«Nous ne pourrions pas raisonnablement vraiment débuter un match avec un Granit Xhaka déjà sous le coup d'un avertissement, explique le responsable de la communication de l'Association Suisse de Football (ASF) Adrian Arnold. Cette décision est regrettable.»

A cheval sur le règlement

«Nous étions prêts à payer des amendes (...) mais nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans la situation où ils pourraient être avertis, voire devoir quitter le terrain après un second carton jaune», ont ainsi fait valoir les sept fédérations européennes dans un communiqué commun.

Longtemps silencieuse sur le sujet, la FIFA, qui y voyait une critique implicite du pays hôte, avait réagi samedi en dégainant ses propres brassards de capitaine, porteurs de messages beaucoup plus consensuels, comme «Sauvez la planète», «L'Éducation pour tous» ou encore «Non aux discriminations».

Lundi, l'instance suprême du football mondial a annoncé que ses brassards officiels floqués du message «Non aux discriminations» seraient utilisables par les capitaines dès à présent, alors que ce mot d'ordre devait apparaître en principe lors des quarts de finale.

«Cela est conforme à l'article 13.8.1 du règlement de la FIFA sur les équipements qui stipule que "pour les phases finales des compétitions FIFA, le capitaine de chaque équipe doit porter le brassard de capitaine fourni par la FIFA», a souligné l'organisation avec autorité.

«Aujourd'hui, on se sent trahis»

Seul joueur suisse à s'exprimer lundi, Michel Aebischer a rappelé que ses coéquipiers et lui souscrivaient pleinement aux valeurs portées par ce brassard. «Mais nous devons nous plier à la décision de l'ASF», lâche le Fribourgeois.

«Nous continuerons à porter ce message dans d'autres occasions, écrit ainsi l'ASF. La décision de la FIFA n'altère en rien notre ligne de conduite qui prône le respect, la tolérance et la solidarité».

Les supporters non plus n'apprécient guère, comme la Football Supporters' Association (FSA) britannique qui a choisi de parodier l'anaphore de Gianni Infantino lors de sa conférence de presse samedi: «Aujourd'hui, les supporters LGBTQ+ et leurs alliés se sentent en colère.

Aujourd'hui, on se sent trahis. Aujourd'hui, on sent le mépris d'une organisation qui a montré ses vraies valeurs en donnant un carton jaune aux joueurs et un carton rouge à la tolérance».