Le souffle d'une nuit magique à peine retombé, l'Italie a célébré lundi le retour triomphal de sa «Nazionale» sacrée championne d'Europe de football contre l'Angleterre à Londres. Cet Euro victorieux agit comme un pansement pour le pays après une période douloureuse.
«It's coming to Rome», comme l'a hurlé de plaisir le défenseur Leonardo Bonucci, celui qui a égalisé avant de transformer son tir au but dans une finale irrespirable au stade de Wembley (1-1 ap., 3-2 tab). Le héros italien a parodié l'inoxydable hymne pop des Anglais, «Football's coming home» ("Le football revient chez lui"), pour le plus grand bonheur des tifosi.
Et c'est son comparse Giorgio Chiellini, capitaine des Azzurri, qui a brandi le trophée dans la nuit londonienne, avant de le présenter à ses supporters à sa descente d'avion à Rome lundi à l'aube, coiffé d'une couronne face à la foule venue accueillir les vainqueurs.
Béquilles et acclamations
Leonardo Spinazzola, considéré comme le héros malheureux de cet Euro après sa grave blessure à un tendon d'Achille contre la Belgique en quarts de finale, a sauté les marches de l'avion d'Alitalia et a traversé le tarmac en s'appuyant sur ses béquilles, sous les acclamations des médias et du personnel de l'aéroport qui prenait des photos.
Les Azzurri se sont dirigés ensuite vers un hôtel pour se reposer, avant d'être reçus par le président italien Sergio Mattarella, 79 ans, qui s'était rendu à Londres pour les encourager. Le Premier ministre Mario Draghi était également présent pour un selfie avec l'équipe nationale, accueillie par des titres de journaux célébrant leur triomphe.
«Renaissance»
A Wembley, avec des supporters à sa dévotion et un scénario favorable, l'Angleterre s'est vu trop belle et l'Italie en a profité. «On a entendu jour après jour, depuis le match contre le Danemark, que la Coupe reviendrait à Londres, à la maison. Désolé pour eux, mais en fait la Coupe va faire un joli voyage jusqu'à Rome. C'est pour tous les Italiens, partout dans le monde, pour eux, pour nous», a cinglé Bonucci.
De la Ville Eternelle jusqu'à Palerme, de Milan à Naples, les Italiens ont célébré dans la nuit le premier titre de la Nazionale depuis le Mondial 2006, son deuxième titre européen après celui de 1968, dans un concert de klaxons et de cornes de brume et dans un nuage de fumigènes.
«Italie, je t'aime à la folie: nous sommes champions d'Europe!», s'est embrasée la Gazzetta dello sport, saluant le parcours sans faute des Azzurri.
Retour en grâce
L'image de la sélection, quadruple championne du monde (1934, 1938, 1982 et 2006), avait été sérieusement écornée par son absence à la Coupe du monde 2018 en Russie, pour laquelle elle n'avait pas réussi à se qualifier. Mais le cauchemar est oublié et l'Italie du sélectionneur Roberto Mancini sera parmi les favorites du Mondial-2022 l'année prochaine au Qatar. «C'est une renaissance pour le football italien», s'est ému Bonucci.
C'est aussi une formidable bouffée de bonheur pour un pays qui a enregistré plus de 128'000 morts depuis le début de la pandémie de Covid-19 il y a un an et demi.
«Nous sommes ravis pour le peuple italien parce qu'il le mérite après cette période si difficile», a souligné Mancini. L'ancien entraîneur de la Lazio, de l'Inter Milan et de Manchester City a redonné confiance à une équipe meurtrie, moribonde, la transformant en formation séduisante, joueuse et joyeuse. Le capitaine Chiellini et ses complices sont devenus de véritables «Fratelli d'Italia» ("Frères d'Italie"), comme cet hymne qu'ils chantent à pleins poumons à chaque match.