Saint-Gallois jusqu'au bout des ongles, Betim Fazliji sera pourtant à Pristina l'adversaire de l'équipe de Suisse dans les éliminatoires de l'Euro. Mieux que quiconque, le demi de 24 ans mesure pleinement que le match de samedi ne peut pas être un match comme les autres.
Même s'il n'est pas né en Suisse contrairement à ses coéquipiers Fidan Akliti, Ismajl Beka, Florent Hadergjonaj, Kreshnik Hajrizi, Andi Hoti et Arijanet Muric, Betim Fazliji est sans doute aujourd'hui le plus «Suisse» des internationaux kosovars. Il a grandi à Rebstein avant de faire ses classes à St-Gall. Il est revenu au club cet été après une expérience contrastée en 2e Bundesliga à St. Pauli.
Un homme essentiel pour Peter Zeidler
«Je n'étais pas pleinement heureux à Hambourg, explique-t-il. J'étais loin de ma famille pour la première fois. De mes amis aussi. Et je suis arrivé au sein d'une équipe qui tournait très bien. Il était difficile pour moi de m'imposer vraiment. Mais au final, je ne regrette pas d'avoir tenté cette expérience.»
Il lui tardait donc de revenir à St-Gall, où il est en passe de s'affirmer comme l'un des rouages essentiels au sein du onze de Peter Zeidler dans un rôle de no 6. «J'aime ce poste qui veut que l'on récupère le ballon, que l'on se libère de la pression de l'adversaire, que l'on soit au départ des transitions, dit-il. Je ne sais pas si je resterai à St-Gall jusqu'à la fin de la carrière. Mais je veux y gagner un titre pour offrir à une région vraiment folle de foot un moment inoubliable.»
Mais dans l'immédiat, il y a pour Betim Fazliji ces retrouvailles avec l'équipe de Suisse, une année et demie après le 1-1 de Zurich pour la première confrontation entre les deux pays. «L'ambiance au Letzigrund avait été extraordinaire, se souvient-il. Cela avait été une très belle fête. Un Suisse – Kosovo suscite tellement d'émotions pour bien des joueurs qui possèdent, comme moi, des racines communes. Je le vois vraiment comme une véritable rencontre de l'amitié. Mais croyez-moi, je ferai tout sur le terrain samedi pour que le Kosovo batte le grand favori du groupe.»
«J'aurais dû attendre des années...»
International suisse M20 en 2020, Betim Fazliji a l'honnêteté de reconnaitre que son choix de jouer pour le Kosovo s'explique en partie par un avenir pour le moins bouché en équipe de Suisse A. «Dans mon rôle de no 6, il y a Xhaka, Freuler et Zakaria... Ce sont trois joueurs de classe mondiale, glisse-t-il. J'ai toujours nourri le rêve de jouer dans une équipe nationale. J'aurais dû attendre des années pour avoir une chance en équipe de Suisse. Le Kosovo me l'a offerte tout de suite. Je dois remercier Bernard Challandes, qui était alors en poste, de m'avoir accordé sa confiance.»
Bernard Challandes n'est plus en poste et on ne peut pas dire que sa succession s'opère sans heurt. Alain Giresse a, ainsi, été limogé après un début de campagne catastrophique dans ce tour préliminaire de l'Euro 2024 avec trois points cueillis seulement en quatre matches. «Lorsque je vois la composition de notre équipe, je n'arrive pas à comprendre comment nous avons pu perdre contre le Bélarus et comment nous avons été contraints au nul face à Andorre, rage Betim Fazliji. Nous avons vraiment le potentiel pour tenir les premiers rôles dans ce groupe. Il ne faut toutefois pas oublier une réalité: le Kosovo n'a rejoint le concert international qu'en 2016. Nous avons encore besoin d'un certain temps pour bien grandir.»