La Copa América aura-t-elle bien lieu au Brésil ? À moins de deux semaines du coup d'envoi, de nombreux doutes persistaient mardi en l'absence d'une confirmation officielle de Brasilia, d'appels au boycott et d'une bataille juridique qui se profile.
Le deuxième pays le plus endeuillé au monde par la pandémie de Covid-19, avec près de 463'000 morts, a été choisi à la surprise générale lundi par la Conmebol à la suite des désistements de dernière minute de l'Argentine et de la Colombie. Après une avalanche de critiques, le gouvernement brésilien a semé le doute lundi soir, affirmant que rien n'était «arrêté pour le moment».
Pourtant, l'instance du football en Amérique du sud avait tenu à remercier sur Twitter le président Jair Bolsonaro pour avoir «ouvert les portes» de son pays. «Si ça ne tient qu'à moi, la Copa América aura lieu» au Brésil, a déclaré le chef de l'Etat mardi matin.
La tenue des matches ne dépend pourtant pas de son seul bon vouloir mais également des gouverneurs de tous les Etats où ils seraient disputés. Et plusieurs d'entre eux se sont fortement opposés à l'idée d'accueillir le tournoi. Lundi matin, la Conmebol avait promis d'annoncer les stades qui accueilleront les rencontres «lors des prochaines heures», mais cette annonce se faisait encore attendre mardi à la mi-journée.
Selon le président de la Conmebol, Alejandro Dominguez, le Brésil «possède l'infrastructure éprouvée et l'expérience accumulée et récente», de la Coupe du monde 2014 et de la Copa América 2019, remportée à domicile par la Seleçao. Mais au-delà des restrictions sanitaires, qui varient selon les Etats, les organisateurs doivent prendre en compte l'embouteillage des matches dans de nombreuses villes: le championnat brésilien vient de reprendre et ne sera pas interrompu durant la Copa América.
Au moins cinq des 27 gouverneurs ont refusé d'accueillir des matches. Parmi les autres, cinq n'ont pas opposé de refus à condition du strict respect de protocoles sanitaires. Le gouvernement Bolsonaro a lui déjà posé ses conditions: un huis clos total, ainsi que des délégations restreintes et toutes vaccinées.
Ce protocole est loin de convaincre les épidémiologistes. «C'est une vraie folie d'organiser un tel événement ici», affirme à l'AFP José David Urbaez, du Centre d'Infectiologie de Brasilia. Le Brésil a connu une deuxième vague particulièrement meurtrière, le nombre de décès passant de 200'000 à 400'000 de janvier à avril...