Breel Embolo «Je ne veux plus perdre de temps»

sv, ats

29.3.2024 - 08:38

Breel Embolo se rapproche d'un retour au jeu. «Je ne veux plus perdre de temps», lâche l'attaquant aux 63 sélections en équipe de Suisse, qui s'est entretenu avec Keystone-ATS sur sa guérison et ses ambitions, pour l'Euro notamment.

Breel Embolo bientôt de retour.
Breel Embolo bientôt de retour.
KEYSTONE

par Sven Schoch

Keystone-SDA, sv, ats

Embolo n'est pas du genre à s'isoler. Il a besoin de contacts sociaux. C'est lui qui met de la vie dans un vestiaire, qui chante et qui plaisante. A l'AS Monaco, son tempérament a manqué dans le vestiaire, et on se réjouit forcément de son retour.

«Ça fait tellement de bien. C'est de plus en plus normal pour moi de m'entraîner à nouveau vraiment en équipe», souligne Breel Embolo, qui a accueilli Keystone-ATS dans le très chic centre d'entraînement La Turbie de l'ASM.

Après une période d'adaptation d'environ deux semaines au sein des espoirs, il est de retour en équipe première. Près de sept mois après sa rupture des ligaments croisés du genou droit, l'attaquant de 27 ans tire un premier bilan: «Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure. Le flux d'informations pour le cerveau est plus important, tous les mouvements sont plus rapides. Je dois maintenant trouver l'équilibre. Je dois d'abord me réhabituer à toutes ces choses en fait simples».

La dernière touche musculaire

Breel Embolo lui-même se décrit comme un «type qui se donne à fond», que les physiothérapeutes doivent freiner de temps en temps. «Ils craignent plus pour ma santé que moi», sourit-il. Parfois, l'ambition le saisit: «Je veux alors gagner, même à l'entraînement. Il est important que je puisse à nouveau m'accrocher, que je perde cette retenue».

Il s'agit actuellement pour lui de trouver le bon équilibre, d'évaluer les risques, de faire preuve d'une témérité maîtrisée. «Le genou n'est en fait menacé que si je fais des choses sans en avoir conscience, si la fatigue m'incite à faire de faux mouvements», glisse-t-il.

Les dernières semaines furent intensives. Il ne s'agissait pas de courses et de détails tactiques, mais de valeurs cardiaques, de reconstitution de la masse musculaire perdue. «Il y a un mois, j'étais à plus de 95 pour cent lors du check-up. Le médecin était très satisfait. Maintenant, il s'agit de la dernière touche».

Embolo investit beaucoup de temps dans des séances supplémentaires avec un thérapeute belge et dépense son argent pour du personnel médical privé. «A mon âge, on ne peut pas simplement attendre que la chance nous sourit». Un spécialiste s'occupe en parallèle de l'ajustement d'une cheville douloureuse, dont le rayon d'action est limité de dix degrés à gauche.

Retour à la case départ

En juillet dernier, Breel Embolo était prêt pour un grand chapitre en Ligue 1. Pour sa deuxième saison à Monaco, l'homme qui vaut 20 millions de dollars voulait laisser son empreinte. «On m'a engagé comme leader, comme gagnant. Il s'agit de donner un signal», disait-il il y a un an. Quelques jours plus tard, il se tordait de douleur à l'entraînement – les ligaments du genou étaient déchirés, le ménisque également endommagé. L'été précédant la phase finale de l'Euro en Allemagne, il était au plus bas.

«Lorsque j'ai digéré le premier choc et que j'étais déjà en mesure d'évaluer clairement la situation, j'étais surtout désolé pour mon entourage. Deux semaines avant le début de la saison, et je ne peux pas aider l'équipe. Que faire?»

Breel Embolo avait contacté sa mère – mais seulement quatre jours après l'accident à l'entraînement. «J'avais du mal à prononcer un mot. Je ne savais pas comment partager ce moment de frustration avec elle. Je voulais garder ma douleur loin d'elle», explique-t-il avec le recul pour décrire sa situation compliquée avant l'intervention chirurgicale.

«Les deux premiers mois, j'ai eu besoin de prendre du recul, de m'accommoder de la situation, de l'accepter». Au lieu de réaliser ses hautes ambitions, il fait face à un redémarrage complet: «Retour à la case départ», lâche-t-il.

Mais à la différence de la grave blessure subie lorsqu'il était jeune à Schalke (2016), il reprend pied plus rapidement, profite de son réseau. La confiance en soi était plus grande, l'ancrage dans le club meilleur. «J'avais déjà pu montrer ici ce dont j'étais capable dans les bonnes phases. De plus, j'ai beaucoup d'amis, ce qui est utile dans ce genre de situations mentalement exigeantes». Le stress paralysant de devoir absolument et immédiatement faire à nouveau ses preuves ne germait même pas.

La dernière occasion?

Maintenant, les scénarii deviennent de plus en plus concrets. Le genou droit résiste au volume d'entraînement. Pas d'enflure, pas de douleur. Breel Embolo pourrait faire même son retour dans le cadre monégasque ce samedi à Metz.

«Lors des huit derniers matches du championnat, il s'agira pour moi d'aller chercher de bonnes sensations, si possible de marquer quelques buts. C'est ce que j'ai en tête, et je ne veux avoir autour de moi que des gens qui croient en cet objectif», glisse-t-il.

Murat Yakin connaît le tableau de marche d'Embolo depuis leur récente rencontre. Les tests contre le Danemark et l'Irlande sont arrivés trop tôt, mais un retour en forme pour l'Euro est dans ses cordes. «Je ne veux plus perdre de temps, je veux retrouver tout de suite le rythme. Cela doit suffire pour un bon championnat d'Europe», assure Breel Embolo, qui accorde au tournoi allemand une importance déterminante: «Il n'y aura plus beaucoup d'occasions. Ce sera peut-être même la dernière pour la génération actuelle.»