Equipe de Suisse Les enseignements de la campagne de juin

ATS

13.6.2022

On pouvait redouter le pire pour cette campagne de juin: un zéro pointé en quatre matches et une confiance à jamais envolée. La victoire contre le Portugal a heureusement balayé ces craintes.

L’équipe de Suisse a retrouvé le sourire dimanche soir en battant le Portugal à Genève.
L’équipe de Suisse a retrouvé le sourire dimanche soir en battant le Portugal à Genève.
Keystone

ATS

Dimanche soir à Genève, Murat Yakin et Granit Xhaka ont, pour la première fois, transformé leurs paroles en actes. Le sélectionneur a trouvé apparemment le système en 4-3-3 qui permet à son capitaine de donner sa pleine mesure. «Granit doit jouer au centre d'un milieu à trois», glisse Murat Yakin. Quitte à empiéter sur les prérogatives de Xherdan Shaqiri confiné désormais à un poste sur le flanc droit qui l'a poussé à l'exil à Chicago en début d'année.

L'équipe alignée contre le Portugal sera, à deux exceptions près, celle appelée à affronter le Cameroun du président Samuel Eto'o le 24 novembre à Doha dans une rencontre que dira quel sera le destin de la Suisse à la Coupe du monde. Malgré ses exploits de dimanche, Jonas Omlin laissera sa place à Yann Sommer dans la cage. En ligne médiane, Denis Zakaria sera, s'il est apte à jouer, préféré à Djibril Sow. Les neuf autres titulaires de dimanche devraient être confirmés. «Si tout le monde bien sûr peut monter à bord», image Murat Yakin.

Un duo dominant

La victoire contre le Portugal a rappelé tout ce qui fait la force de cette équipe de Suisse: un duo dominant dans l'axe central de la défense formé par Manuel Akanji et par Nico Elvedi qui contribue à un premier équilibre essentiel, un capitaine qui fait jouer juste l'équipe et des fulgurances en attaque. Elles sont venues une fois de plus de Xherdan Shaqiri avec un décalage parfait pour Silvan Widmer sur l'action du 1-0 et avec cette frappe qui a provoqué un penalty finalement annulé par la VAR.

Même si son autonomie sera peut-être encore plus limitée en novembre, le Bâlois demeure un joueur essentiel. Au même titre que Haris Seferovic. Le buteur de dimanche possède le registre technique qui sied au joueur appelé à évoluer à la pointe de l'attaque. Il sait conserver la balle pour faire monter le bloc. Il est capable de jouer en remise. Son profil diffère de celui de Breel Embolo qui avait tenu cette place lors des trois premiers matches sans grand bonheur. Le match contre le Portugal a démontré que le Bâlois était bien plus à l'aise sur un côté où il peut exprimer toute sa puissance. Le «problème» pour Murat Yakin sera de trancher entre Noah Okafor et lui.

Mbabu et Lotomba ont perdu gros

Cette campagne de juin a, aussi, fait ses perdants. Plusieurs joueurs alignés à Lisbonne lors du naufrage contre le Portugal du 5 juin auront du mal à remonter la pente. Fabian Schär pointe, désormais, très loin d'un Manuel Akanji et d'un Nico Elvedi. Kevin Mbabu et Jordan Lotomba ont perdu encore plus gros au stade Alvalade. Si Fabian Schär ne doit nourrir aucune inquiétude quant à sa présence dans la liste des sélectionnés pour le Qatar, le Genevois et le Vaudois risquent bien de suivre la Coupe du monde sur leur canapé.

Relégués en tribune dimanche, ils ont, comme tous les observateurs, été bluffés par la performance de Renato Steffen. Le gaucher a parfaitement rempli sa mission sur le flanc droit de la défense face à Rafael Leao qui n'avait cessé de tourmenter Silvan Widmer en première période. Même Murat Yakin n'en est pas revenu. «Il m'a vraiment surpris», avoue le sélectionneur. Avec Renato Steffen capable de dépanner sur les deux flancs de la défense, les présences de Mbabu et de Lotomba au Qatar ne sont plus jugées «indispensables». Murat Yakin serait plutôt enclin à miser sur Leonidas Stergiou. Le défenseur central saint-gallois a eu droit à ses premières minutes en A dimanche dans un rôle, celui de latéral droit, qu'il peut également interpréter.

«L'idée était également de lancer Zeki Amdouni. Mais les circonstances de la rencontre avec les blessures de Rodriguez et de Sow en fin de match, ne l'ont pas permis», précise Murat Yakin. Mais le message est passé. Le futur ex-joueur du Lausanne-Sport peut encore embarquer pour le Qatar. A condition toutefois qu'il trouve «le» bon club lors du mercato qui vient de s'ouvrir. «Un club où il jouera et où il devra très vite endosser des responsabilités», lâche Murat Yakin comme pour rappeler que certains choix - on pense à celui arrêté par Andi Zeqiri il y a deux ans en faveur de Brighton - mènent vers une terrible impasse.