Les gymnastes suisses se préparent à vivre une période intense sur les trois prochains mois, entre les championnats d'Europe à Bâle dès mercredi et les Jeux olympiques à Tokyo. Mais l'équipe se trouve dans une phase de changement.
Le départ de l'entraîneur Bernhard Fluck l'été dernier a été le premier point crucial. Le Zurichois, qui atteindra l'âge de la retraite en mai, a longtemps mené l'équipe avec de nombreux succès à la clé, mais la collaboration a fini sur quelques fausses notes.
Ainsi, la Fédération a décidé de ne pas prolonger son contrat d'un an après le report des JO. Elle a choisi de nommer à sa place son assistant Laurent Guelzec (50 ans). Celui-ci, aidé par son compatriote français Sébastien Darrigade et les anciens athlètes Clausio Capelli et Nils Haller, a pour mission de préparer une équipe concurrentielle en vue des Jeux olympiques de Paris 2024.
«Nous avons un bon mélange», explique Guelzec, qui voit davantage son rôle comme un manager que comme un chef. L'objectif est de bâtir une nouvelle équipe. «Cela demande du temps. Au début, les résultats ne seront pas aussi bons», avertit-il.
Selon lui, la nouvelle génération est de bonne qualité, mais elle n'est pas encore aussi forte que la précédente. «Pour la dernière, on pouvait quasiment parler d'une génération dorée, chez qui presque tout a fonctionné.»
La fin d'une ère
L'ère Fluck a en effet été la plus fructueuse depuis les années 1950 et l'époque des Sepp Stalder, Jack Günthard et Ernst Fivian. Entre 2012 et 2018, les athlètes de la FSG ont amassé neuf médailles européennes, dont deux fois l'or à la barre fixe et un bronze historique par équipes en 2016 à Berne. Le team suisse s'est établi parmi le top 8 mondial et s'est qualifié deux fois de suite pour les JO.
Guelzec regrette que la collaboration avec Fluck ait pris fin dans le conflit. Un manque de communication est prioritairement à l'origine de cette fin décevante. «C'était une magnifique aventure», a néanmoins résumé le Français, qui travaille à Macolin depuis 2013.
Il ne cache pas qu'il souhaitait reprendre le témoin avec son nouveau staff depuis janvier. Mais il aurait aussi accepté un délai pour reprendre les commandes plus tard. «Finalement, c'est la Fédération qui a décidé.»
Le départ de Fluck a été le premier d'une longue liste, la FSG étant ensuite rattrapée par le passé. Après les reproches et les déclarations de nombreuses anciennes gymnastes sur des abus physiques et verbaux, les têtes ont roulé. Felix Stingelin (chef du sport de compétition), Ruedi Hediger (directeur) et Erwin Grossenbacher (président) ont quitté leur poste respectif. Ils ont été remplacés par David Huser, Béatrice Wertli et Fabio Corti.
Les leaders sur le départ
Guelzec admet que ces turbulences ont influencé le travail au quotidien. «On ne pouvait pas se voiler la face, d'autant que d'autres Fédérations en Europe ont été confrontées aux mêmes problèmes.
La préparation pour les Européens de Bâle s'est néanmoins bien déroulée, malgré un nouveau coup de tonnerre début mars quand Oliver Hegi, champion d'Europe au reck en 2018, a annoncé son retrait de la compétition. La fin de carrière de ce pilier de l'équipe n'était pas une sensation absolue, mais le timing a surpris.
«Sa décision peut se comprendre», a dit son désormais ancien collègue Pablo Brägger. «Nous devons aller de l'avant et essayer de le remplacer aussi bien que possible dans l'équipe afin d'atteindre nos objectifs», a-t-il expliqué. «Nous n'avons pas d'autre choix.»
Brägger (28 ans) était le visage de l'équipe avec Hegi durant l'ère Fluck. Sur les bords du Rhin, il semble encore le Suisse le mieux placé pour espérer une médaille aux agrès et un bon résultat dans le concours complet. «Je veux essayer de profiter au maximum de la fin de ma carrière et d'extraire une fois encore le meilleur en moi.»
Le champion d'Europe 2017 à la barre fixe mettra un terme à sa carrière après Tokyo cet été. A ce moment-là, l'équipe de Suisse masculine basculera pour de bon dans une nouvelle période.