Mujinga et Ditaji Kambundji ont marqué les esprits lors des récents championnats d'Europe à Munich. Si Mujinga a remporté l'or du 200 m et l'argent sur 100, sa petite soeur a décroché une très belle médaille de bronze sur le 100 m haies.
Dans les jardins de l'hôtel Carlton à Lausanne, les deux Bernoises sont très demandées. Une issue somme toute logique après leurs exploits bavarois. Si la grande soeur est habituée à une forte présence médiatique, la cadette doit apprendre à composer avec la presse.
Lorsqu'on lui demande si elle a briefé sa petite soeur avant d'arriver en Romandie, Mujinga endosse son rôle d'aînée: «Je lui ai juste dit qu'elle devait se préparer à ne pas penser qu'elle allait pouvoir se reposer toute la journée avant les compétitions, parce qu'elle allait devoir répondre à la presse. Juste qu'elle prenne en compte que le programme allait être chargé avant le meeting.»
Car pour Ditaji, 20 ans, cette médaille de bronze acquise dimanche en toute fin de championnats a accéléré les choses. Et la jeune Bernoise n'a pas franchement eu le temps de se poser ni d'apprécier le travail accompli: «Je suis en train de digérer très positivement. Lundi, il y avait beaucoup d'émotions, j'étais très fatiguée quand je suis rentrée. Tout s'est passé en moins de 24 heures entre la médaille et le retour en Suisse. Mais il me tarde de pouvoir fêter la médaille avec le public lausannois en essayant de ramener l'énergie de Munich en Suisse.»
Garder la concentration
Dans le discours des deux frangines, il y a ce discours empreint du «Show must go on» américain. Lorsque l'on demande à Mujinga si elle a pu fêter ses médailles, la championne d'Europe se la joue sérieuse.
La bamboche, c'est terminé. Ou plus exactement remis à plus tard: «Il n'y a pas eu de fête. Le samedi soir il y avait la cérémonie des médailles. Le dimanche j'ai profité de passer entre les mains des physios, le soir j'étais au stade et le lundi on est rentré. Je n'ai pas fait grand-chose et mercredi on est venu à Lausanne. Donc le but c'était vraiment de bien récupérer.»
Il faut aussi dire que la saison propose encore de belles opportunités aux athlètes avec les meetings de la Diamond League à Lausanne, Bruxelles et Zurich. «La pression retombe normalement après de telles émotions, avance Mujinga Kambundji. Là, comme il y a encore les deux grands meetings suisses à Lausanne et Zurich, ce n'est pas le cas parce que la saison n'est pas terminée. Je n'ai pas encore eu le temps de repenser vraiment à tout ça.»
Les Kambundji ont senti que les gens étaient heureux pour elles. Surtout après cette médaille d'or sur 200 m. «J'ai eu beaucoup de messages, reconnaît Mujinga. C'est vrai que j'ai senti beaucoup de soutien autour de moi. Déjà au stade à Munich ou à l'hôtel et même au sein des autres nations. Les gens ont suivi mon parcours depuis plusieurs années et ce que j'ai fait à Eugene cette année aux Mondiaux. Beaucoup de gens pensaient que j'allais faire cette médaille d'or sur 100 m et comme je l'ai manquée de peu, ils étaient peut-être encore plus contents de celle en or sur le 200 m.»
Impossible de comparer
A-t-elle eu davantage d'émotions lorsque sa petite soeur s'est parée de bronze que lors de ses succès? «On ne peut pas comparer, coupe Mujinga. Déjà chaque médaille individuelle a sa propre histoire et je ne veux pas comparer. Chaque médaille à son chemin et dans ces moments ce n'est pas seulement la médaille qui compte, mais tout le travail qu'elle représente. Si je ne peux pas comparer les miennes, c'est impossible de comparer avec celles de quelqu'un d'autre, même ma soeur.»
Ditaji, elle, a su se nourrir de l'énergie positive des exploits de sa frangine: «Je n'étais pas une surprise qu'elle aille chercher une médaille. Ca se voyait qu'elle allait faire quelque chose de grand. Mais c'est clair, on était ensemble dans la même chambre et il y avait ces deux petites boîtes avec les médailles d'or et d'argent dedans. Et c'est vrai qu'avant la course, je me suis quand même dit que ce serait assez cool de pouvoir ajouter une troisième boîte à côté (elle rit).»
Mission accomplie dimanche soir. De quoi en profiter pour faire quelques photos qui resteront à coup sûr dans le grand livre de famille.