Thabo Sefolosha a décidé de ne pas prendre part à la fin de la saison de NBA sous la «bulle» de Disney World à Orlando fin juillet. Le Vaudois revient sur son choix.
La nouvelle est tombée très tard mercredi soir en Suisse. Thabo Sefolosha a décidé de ne pas se rendre en Floride pour y disputer la fin de saison de NBA. Depuis son pied-à-terre à Atlanta, le Veveysan confirme: «Après un aller/retour à Houston, j'ai décidé de ne pas jouer. Je le fais surtout pour ma famille, cela aurait été un sacrifice d'être loin d'elles.» Sa famille, c'est son épouse et ses deux filles de 11 et 12 ans.
Le premier joueur suisse en NBA n'a pas pris cette décision sur un coup de tête. Il a analysé la situation avant de choisir de se retirer. «Le protocole mis en place par la NBA va protéger certains, mais cela va être très compliqué, prédit-il. Sans citer de nom, je sais que certains de mes coéquipiers ont eu le COVID-19, dont un avec qui j'ai été assez proche pendant quelques jours à Houston. C'est un peu la psychose entre ceux qui l'ont eu et ceux qui ne l'ont pas eu. Ce n'était pas un choix facile à faire, mais je devais prendre une décision.»
Une bulle au milieu de la pandémie
A moins de vivre sur la lune ou enfermé dans un bunker, impossible de passer à côté de la situation très inquiétante de l'explosion des cas aux Etats-Unis et notamment en Floride où le cap des 10'000 cas par jour vient d'être franchi. Cette situation rend l'idée de la NBA à Disney World assez spéciale.
«Une bulle au milieu de la pandémie, note Sefolosha. Je ne critique pas, je comprends les enjeux et ce n'est pas évident.» Des enjeux avant tout économiques parce que la NBA est un business qui se nourrit des contrats de télévision.
Spectateur privilégié de ce qui se passe outre-Atlantique, Thabo Sefolosha a eu le temps de se forger une opinion sur les leaders: «Le commissaire de la NBA Adam Silver a été très bon. Trump? Un très mauvais leadership de la part du président. En ce moment, on voit que la pandémie touche plus facilement les jeunes qui se moquent des recommandations. Chacun défend sa propre paroisse.»
Depuis un mois dans la plus grande ville de Géorgie, Thabo Sefolosha porte le masque lorsqu'il sort. Le Vaudois évoque aussi le manque de filet social pour les travailleurs qui ne reçoivent plus d'argent après deux semaines d'inactivité.
La décision du Veveysan a donc très fortement été motivée par le bien-être de sa famille. Il faut dire que les Sefolosha vont revenir habiter en Suisse et que les filles vont être scolarisées dès la rentrée d'août. Un changement de vie que le père de famille souhaite encadrer le mieux possible, quitte à mettre sa carrière entre parenthèses. A 36 ans, l'arrière des Rockets fait face à un nouveau défi. Concernant la suite de sa carrière en NBA ou ailleurs, le premier joueur suisse en NBA n'a pas encore de réponse.
Une plate-forme géniale pour BLM
Ce qui est certain, c'est que Thabo Sefolosha va continuer à aiguiller les jeunes basketteurs par l'intermédiaire de son camp. Bien que l'édition 2020 ait été annulée, celle de 2021 aura bien lieu. «On va continuer à pérenniser cette aventure commencée il y a treize ans, explique-t-il. J'ai envie d'aider à développer le basket en Suisse.»
Et à s'engager pour défendre la cause des personnes de couleur, avec l'émergence du mouvement «Black Lives Matter»? «Je fais partie de la diaspora africaine et c'est un combat de tous les jours. Je suis toujours engagé, je ne vais jamais arrêter d'être vocal. C'est bien que la prise de conscience soit globale.»
Lors du fameux redémarrage de la saison à Orlando, la NBA devrait autoriser le slogan «Black Lives Matter» écrit sur les parquets. Les joueurs pourraient eux avoir le droit de remplacer leur nom par le message de leur choix. Une façon pour l'Association de montrer son soutien à la communauté afro-américaine, dominante sur les terrains NBA. «La Ligue a toujours laissé la parole aux joueurs, ajoute Thabo Sefolosha. On peut s'exprimer et ce sera vraiment une plate-forme géniale.»
Une plate-forme que le Veveysan observera de Suisse avec certainement un petit pincement au coeur si Houston va au bout. «On connaissait une super saison, conclut-il. Et en tant que compétiteur, c'était très dur de dire non à cette fin de saison.»