Le Belge Tim Merlier a remporté au sprint la troisième étape du Tour d'Italie, entre Novare et Fossano dans le Piémont. Où le maillot rose Tadej Pogacar était encore devant à la flamme rouge, plus cannibale que jamais après sa victoire de la veille.
Après deux premières journées difficiles, disputées comme des classiques, les coureurs avaient décidé de souffler. Cette étape de 166 km sans grosses difficultés s'y prêtait. Pendant deux heures, la nonchalance du peloton n'a été troublée que par une éphémère sortie de Lilian Calmejane (Intermarché-Wanty), suivi par l'Italien Davide Ballerini (Astana), parti gratter quelques points au sommet de la seule difficulté du jour, une quatrième catégorie.
Mais la paix des braves a volé en éclat au premier sprint intermédiaire, lorsque le mouvement du peloton a permis la formation d'une échappée de 26 coureurs, dont un bon nombre de sprinters. Après quelques hésitations, les fuyards ont décidé d'insister, et ont rapidement pris 1'30" d'avance.
Le maillot rose de Pogacar n'était pas menacé, et les UAE sont restés calmes. Mais des équipes non représentées à l'avant, Polti Kometa, Movistar et Bahrein notamment, ont décidé de lancer la poursuite.
Insatiable Pogacar
La course est devenue folle pendant une quarantaine de kilomètres. Etiré comme un élastique par les poursuivants, le peloton a cassé et s'est scindé en deux, laissant une centaine d'hommes à l'arrière. Pendant ce temps, les 26 échappés ne parvenaient pas à s'entendre, et voyaient leur avance fondre.
La fin de la récré a été sifflée à 43 km de l'arrivée, lorsque les fuyards ont été repris et que le deuxième peloton a fait la jonction. Tout était à refaire.
Facétieux, les organisateurs avaient placé au bout de cette étape de plat un raidillon d'1,3 km, à quatre kilomètres du but. Histoire de perturber les plans des équipes de sprinteurs.
Sur les forts pourcentages, le Danois Mikkel Honoré a tenté une attaque. Aussitôt contré par... un maillot rose ! Tadej Pogacar lui-même, l'homme qui avait mis plus de 45 secondes à tous ses concurrents la veille en montagne. Insatiable, incontrôlable, incapable de résister au plaisir d'aller cravacher en tête.
Geraint Thomas, deuxième du général à 45 secondes, a sauté dans sa roue, et les deux leaders se sont retrouvés seuls, détachés, presque étonnés, en débouchant sur la très longue ligne droite d'arrivée. Ils avaient encore cinq secondes d'avance sous la flamme rouge, mais ils n'ont pas résisté au retour des sprinters et Merlier (Soudal Quick-Step), pourtant sans équipier, s'est intelligemment positionné dans les 300 derniers mètres pour aller s'imposer d'une roue devant l'Italien Jonathan Milan (Lidl-Trek).
«J'ai de très bonnes jambes»
«Je n'ai pas attaqué», s'est presque excusé le nouveau «cannibale» Pogacar, toujours en tête du général à l'issue de la 3e étape, avec 47 secondes d'avance sur Daniel Martinez et Geraint Thomas.
«J'ai juste suivi, j'ai pris la roue de Mikkel Honoré. Ensuite avec Geraint on a essayé de rester devant, je n'y ai pas trop cru, mais Geraint a essayé d'en remettre un coup, ça m'a surpris. J'ai essayé mais il manquait 400 mètres, c'était trop long», a-t-il poursuivi.
Le Slovène, double vainqueur du Tour de France qui ambitionne cette année de réussir le doublé Giro-Tour - inédit au 21e siècle, et remporté pour la dernière fois par Marco Pantani en 1998 - , confirme en tout cas que son physique est à la hauteur de ses ambitions: «J'ai de très bonnes jambes. Ce genre d'arrivée c'était bien pour moi, on a vu que j'étais en bonne condition».
Mardi, la quatrième étape conduira le peloton d'Acqui Terme à Andora sur 190 km, sur un parcours semblable à celui de ce lundi, avec une seule difficulté (3e catégorie) à 90 km de l'arrivée et un final plat qui devrait de nouveau permettre aux sprinters de s'expliquer.