Le skippeur français Sébastien Destremau, en convoyage au large de l'Espagne, a été attaqué pendant presque une heure par un groupe d'orques qui ont détruit le gouvernail de son bateau et lui ont occasionné une belle frayeur, a-t-il raconté mardi par téléphone à l'AFP.
L'incident s'est produit lundi dans l'après-midi au large du Cap de Trafalgar. «J'ai vu le vent arriver, la mer blanchir. J'ai réduit la voile, et lorsque j'ai regardé de nouveau, ce n'était pas le vent, c'étaient les orques qui arrivaient à pleine balle sur nous», a dit le navigateur breton.
Ce type d'attaque est devenu très fréquent dans cette zone, au point que l'Espagne, en septembre 2020, avait temporairement interdit les voiliers sur une partie de ses côtes au nord-ouest après une cinquantaine d'incidents provoqués par des orques, un cétacé de la famille des dauphins, d'une longueur moyenne de 7 à 8 mètres pour les mâles pour un poids de 5 à 7 tonnes.
Sébastien Destremau, 18e du Vendée Globe 2017 (abandon en 2021), convoyait un voilier de 15 mètres de long entre Toulon et la Bretagne. Les dommages subis l'ont contraint à s'arrêter à Cadix pour réparer.
«Ils sont d'une puissance incroyable»
Le bateau a été encerclé par une vingtaine d'animaux, et huit ont participé à l'attaque, selon lui. «Une heure sous leurs coups de boutoir, j'ai eu énormément peur», a témoigné le navigateur, qui avait informé auparavant par communiqué: «Il n’y a pas de blessés à bord, je me suis juste retourné le pouce avec la barre lorsqu'une orque a donné un coup dans le gouvernail dont un gros morceau est parti», avait-il dit.
«Ils sont d'une puissance incroyable, lorsque j'étais au moteur, ils poussaient le bateau sur le côté et le bateau partait en toupie, un bateau de 15 tonnes. S'ils avaient voulu le détruire ils n'auraient eu aucun problème, c'était terrifiant», a-t-il poursuivi.
Mais les orques, comme on l'a observé lors d'attaques précédentes, s'en sont pris uniquement au gouvernail, qu'ils ont réduit en morceaux à force de chocs répétés.
Curieusement, le marin affirme n'avoir «pas eu l'impression d'une agression». «Je suis convaincu, dit-il, que la recrudescence des attaques veut dire quelque chose. Je pense que c'est un langage, mais comme je ne parle par orque, on ne sait pas quel est le message. Peut-être à cause des cargos qui détruisent tout... peut-être qu'ils veulent nous dire ‘Je t'immobilise comme je veux’».