Retraite d’Ibrahimovic Les métamorphoses de Zlatan en petites phrases

AFP

5.6.2023 - 14:36

«Roi» et «légende» en France, «lion» en Angleterre, «Dieu» en Suède et à Milan et «tremblement de terre» à Los Angeles : Zlatan Ibrahimovic a rythmé de petites phrases tonitruantes une carrière à laquelle il a mis fin dimanche, à 41 ans.

Sûr de lui, frisant l'arrogance et parfois le mépris, le géant suédois a su jouer de son image, de Milan à Manchester en passant par Paris, et l'utiliser dans sa relation aux médias, au public et aux sponsors.

«Roi», «légende», «dieu»

«Je suis arrivé comme un roi, je repars comme une légende»: l'annonce de son départ du Paris SG, en 2016, reste une des phrases les plus connues de l'attaquant, à l'attention du public français.

Deux ans plus tard, en 2018, les fans américains de «soccer» découvrent à la fois le joueur et la bête médiatique. Son premier but pour l'équipe des Los Angeles Galaxy ? «Un tremblement de terre», «moi, posant le pied à Los Angeles», explique-t-il.

Force de la nature, «Ibra» baptise son rappel en sélection suédoise en 2021 de «retour du Dieu», un statut déjà revendiqué, rapporte le journal suédois Aftonbladet, face au «King» Eric Cantona, lors de l'arrivée du Suédois parmi les «Red Devils» de Manchester en 2016. Le Français avait accueilli Zlatan en vidéo, lui offrant la place de «prince», puisqu'«il ne peut y avoir qu'un seul roi à Manchester».

Dimanche soir, lors de sa conférence de presse mettant un point final à sa carrière, il n'a pu s'empêcher de se qualifier de «Superman». Mais «Superman aussi à un coeur», a-t-il ajouté, admettant avoir été submergé par l'émotion.

«Intemporel»

Régulièrement interrogé sur son âge, l'attaquant avait justifié son retour en Premier League avec Manchester, après sept mois d'immobilisation causés par une rupture des ligaments croisés, pour «devenir une meilleure version du vieux moi». «Je me remets de tout. (...) Les lions ne récupèrent pas comme les humains», disait-il alors. «Ibra» s'est ainsi régulièrement proclamé «intemporel» ces dernières années.

A son retour dans le Championnat d'Italie, en 2020, il s'est amusé à se comparer à «Benjamin Button», ce personnage qui rajeunit au fil du temps. «Je suis comme Benjamin Button : je suis né vieux, mais je vais mourir jeune», répétait celui qui a largement contribué à emmener Milan au titre de champion en 2022.

Mais «Ibra» a aussi appris à manier le second degré en surjouant parfois son personnage indestructible, comme lorsqu'il avait participé pendant la pandémie de Covid-2019 à une campagne de promotion du respect des règles de distanciation et du port du masque, pour la région de Lombardie. «Le virus m'a défié et je l'ai vaincu. Mais tu n'es pas Zlatan, ne défie pas le virus», lançait-il à l'automne 2020 dans une vidéo, quelques semaine après avoir lui-même eu la maladie.

«Zlatan le patron»

Zlatan s'affirme comme la figure tutélaire des pays où il joue: la Suède, qu'il «a placée sur la carte du monde», comme la France où «il a pris le pouvoir», ou l'Angleterre, qu'il lui a fallu «trois mois pour conquérir». Quitte à malmener son public. «Vous vouliez Zlatan, je vous ai donné Zlatan. De rien. (...) Maintenant, retournez à vos matches de baseball», tweete-t-il abruptement en guise d'adieux à ses supporters américains.

Le roi de Suède sourit lorsque le joueur recommande de «prendre soin» du pays jusqu'à son retour et les journalistes s'amusent lorsqu'il interdit à ses coéquipiers du PSG de parler à la presse parce que «c'est Zlatan le patron».

Il arrive aussi que les échanges soient acides. Sifflé par les fans du PSG en 2015, il tacle: «Ils en exigent beaucoup. C'est étrange au vu de ce qu'ils avaient avant. Parce qu'avant, ils n'avaient rien». Et parfois, Zlatan dérape, qualifiant la France de «pays de m...» qui «ne mérite pas le PSG», après une défaite.

L'essentiel était souvent, pour lui, de rester au centre de l'attention, jusqu'à ses derniers mots de footballeur dimanche soir: «Quand je me suis réveillé, il pleuvait, je me suis dit que même Dieu était triste», a-t-il lancé à la presse.

AFP