«C'est un de mes titres à Roland-Garros qui a le plus de valeur à mes yeux», estime Rafael Nadal, vainqueur flamboyant de Novak Djokovic.
Le Majorquin s'est offert son treizième sacre sur la terre battue parisienne pour égaler le record de vingt trophées en Grand Chelem établi par Roger Federer. «J'ai su m'adapter», s'est félicité l'Espagnol, pour lequel les conditions automnales du Grand Chelem parisien représentaient un défi supplémentaire.
Q: Pouvez-vous partager les émotions que vous avez ressenties au moment de votre victoire ?
R: «La vérité, c'est que la majorité des gens me voit avec le trophée sur l'estrade, et pense: +Ok, bon, il a encore gagné+. Mais la réalité, c'est que mon quotidien est beaucoup plus compliqué que ça. Je sais d'où je reviens, je sais qu'après l'arrêt (du Circuit début mars, ndlr), j'ai connu des mois très, très compliqués au niveau physique, des choses que personne ne sait. Le fait de ne pas jouer pendant deux mois (le temps du confinement), ça m'a beaucoup coûté, et ça m'a beaucoup coûté de retrouver un bon niveau à l'entraînement, donc c'est normal d'être ému. Avoir ce trophée une fois de plus avec moi, ça signifie énormément.»
Q: Vous aviez pourtant décrit les conditions de cette édition automnale comme «les plus difficiles» que vous aviez jamais connues ?
R: «Je suis très satisfait parce que, dès le premier jour, j'avais dit que, de tous les Roland-Garros que j'ai joués, les conditions globales étaient les plus compliquées pour moi pour plusieurs raisons. D'abord à cause de mon style de jeu. Aussi parce que mon corps répond beaucoup moins bien quand il fait froid que quand il fait chaud, avec un corps un peu usé comme le mien, je sais que j'ai des problèmes parfois quand il fait froid. Mais, et je n'aime pas me jeter des fleurs, mon attitude a été quasi parfaite pendant ces deux semaines et demie, depuis le premier entraînement jusqu'à la finale aujourd'hui. Je ne me suis jamais plaint, je n'ai jamais été de mauvaise humeur, je me suis toujours entraîné avec l'intensité qu'il faut et en essayant de voir les choses positivement. Si j'avais perdu, mon analyse n'aurait pas été différente: ma manière d'aborder le tournoi a été très, très bonne, et mon jeu est monté en puissance, pour finir à un très, très haut niveau.»
Q: Djokovic a qualifié de «parfaits» vos deux premiers sets. Qu'en pensez-vous ?
R: «C'est vrai que j'ai joué à un niveau incroyable, non ? J'ai très bien joué pendant deux sets et demi. Il est impossible d'obtenir ce score contre lui sans jouer très bien. J'ai réussi à jouer à mon meilleur niveau quand il l'a fallu. J'en suis fier, surtout parce que les conditions cette année ne sont certainement pas celles que j'aurais choisies. Mais j'ai su m'adapter. J'ai simplement essayé de travailler chaque jour avec détermination en visant mes objectifs. Donc c'est un de mes titres à Roland-Garros qui a le plus de valeur à mes yeux. Aujourd'hui, j'ai fait trop de choses bien, et peut-être que je l'ai poussé à commettre des fautes. Tout ce que je pouvais faire, je l'ai fait presque parfaitement. Je dirais que, pendant deux sets et demi, c'est une des meilleures finales que j'ai jouées ici.»
Q: Avez-vous craint de manquer de compétition avant d'affronter Djokovic ?
R: «Bien sûr. Mais je pense que c'est bien de douter, ça veut dire que vous ne vous sentez pas au-dessus. Bien sûr, ma préparation pour ce tournoi n'a pas été parfaite, mais j'ai pu m'entraîner sur terre battue pendant un moment parce que je ne suis pas allé jouer la tournée américaine. Donc c'est vrai que je doutais avant le match, mais mon niveau de jeu et de confiance n'ont fait que monter jour après jour au fil du tournoi. Déjà en demi-finale, je me sentais mieux. Je sentais mieux la balle. Aujourd'hui, je n'étais pas confiant, parce qu'on ne peut pas être confiant avant d'affronter Novak, mais je me sentais capable de faire un bon match.»
Q: Vous ne voulez pas trop parler de ce 20e titre du Grand Chelem qui vous permet d'égaler le record de Roger Federer. Mais comprenez-vous que les gens y voient un exploit ?
R: «Je n'ai jamais caché que j'aimerais terminer ma carrière en étant le joueur avec le plus grand nombre de titres du Grand Chelem. Mais d'un autre côté, je dois suivre mon chemin. C'est ce que je fais depuis le début de ma carrière et ça fonctionne bien. Je ne vais pas passer mon temps à penser que Novak a gagné ceci, Roger cela. Mais évidemment que j'attache de l'importance à ce record. Je suis un grand fan d'histoire du sport en général. Ca veut dire beaucoup pour moi de partager ce record avec Roger. Nous vivons une rivalité incroyable depuis si longtemps, je trouve même que c'est beau. Mais on verra à la fin de nos carrières. Pour le moment, on continue de jouer.»