Les pires scandales du Festival de Cannes.
Encore aujourd'hui, un tel «délit» susciterait bien des mécontentements et provoquerait l'indignation des gardiens de la vertu aux États-Unis. En 1954, le spectacle d'une poitrine de femme «presque» nue n'a laissé personne indifférent — pas même en France, un pays qui a pourtant toujours été considéré comme particulièrement libre. Une situation que l'actrice Simone Silva a su exploiter pour se créer son quart d'heure de gloire. Durant une séance photo, …
... la Britannique n'a pas hésité à s'afficher seins nus, donnant lieu au premier grand scandale de Cannes. Ce cliché a échauffé les esprits, non seulement après coup, mais également au moment même, les photographes regrettant de n'avoir réussi à capturer qu'une jambe ou un bras de l'actrice. Simone Silva, quant à elle, a dû boucler ses valises et quitter Cannes peu de temps après.
La guerre d'Algérie a atteint à son paroxysme en 1958. Craignant que le nouveau président français Charles de Gaulle n'apaise le conflit en sa défaveur, le Front de libération nationale algérien avait répondu par une série d'attentats en France, obligeant le gouvernement à envisager d'annuler le festival. S'il avait finalement bien eu lieu, de nombreuses stars et journalistes n'avaient pas fait le déplacement.
La baignade d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi fait partie des scènes cultes de l'histoire du cinéma et «La Dolce Vita», «La Douceur de vivre» en français, figure parmi les plus grands vainqueurs de la Palme d'or à Cannes. En 1960, cette scène qualifiée de déplacée s'est attirée les foudres du «Journal du Vatican», qui n'a pas hésité à accuser le réalisateur Federico Fellini d'avoir porté atteinte à la dignité de la ville-État.
Le film n'en était pas à son premier scandale. Dans leurs sermons, les prêtres n'hésitaient pas à le qualifier d'œuvre du diable. Federico Fellini (à droite) a même été victime de jet d'œufs à Milan et le film a notamment été interdit en Espagne. Un jugement acerbe qui n'a cependant pas freiné la marche victorieuse de «La Dolce Vita».
L'année suivante, Cannes est à nouveau entré en conflit avec le clergé. «Viridiana», une production hispano-mexicaine du réalisateur Luis Buñuel, abordait de façon frontale la divergence entre la piété catholique et la morale, pour la plus grande joie du jury, qui a décerné la Palme d'or à cette œuvre en 1961. Le Vatican, en revanche, a crié au blasphème. Le gouvernement espagnol de Franco a tenté de disqualifier «Viridiana» et Luis Buñuel a été contraint de s'exiler.
Comme on le sait, les révoltes étudiantes qui ont marqué les années 60 n'ont pas épargné Paris. Bien au contraire. Lorsque le mouvement s'est déchaîné dans la métropole en 1968, plongeant la France entière dans une situation de grève générale, pas question pour Cannes de penser à organiser son événement habituel…
Les réalisateurs français François Truffaut et Jean-Luc Godard se sont solidarisés avec les protestataires, encourageant leurs collègues à boycotter le festival. Avec succès. Le jury et son président Roman Polanski (en veste blanche) ont immédiatement annulé les festivités.
Volupté, gloutonnerie et arrogance: l'Église catholique a également eu du mal à digérer le scénario de «La Grande Bouffe». Cette satire dépeignant un suicide collectif par l'ingestion de quantités gargantuesques de nourriture a surtout provoqué un sentiment de dégoût chez de nombreux spectateurs, forçant même bon nombre d'entre eux à quitter la salle de cinéma. Ce qui n'a pas empêché Marco Ferreri, acteur principal et réalisateur du film en compétition, de se voir décerner le prix FIPRESCI en 1973.
Au milieu des années 80, Jean-Luc Godard n'est plus un révolutionnaire du mouvement étudiant, mais un réalisateur jouissant d'un énorme succès commercial. Délibérément trop commercial, selon un critique belge qui, en 1985, n'a pas hésité à exprimer son mécontentement en lui lançant une tarte à la crème en pleine tête. Jean-Luc Godard est resté impassible, léchant la crème fraîche recouvrant son visage et qualifiant cet acte d'«hommage à l'ère des films muets».
Ça ne rigole pas lorsque ces deux hommes se sautent à la gorge. C'est ce qui s'est passé en 1992, en plein milieu du tapis rouge de Cannes. Dolph Lundgren et Jean-Claude Van Damme se sont affrontés sur la Croisette, se lançant des regards des plus féroces…
... et allant même jusqu'à se bousculer – un peu plus violemment qu'ici, à Madrid, où 20 ans plus tard, les deux acteurs se sont retrouvés pour présenter le film «Expendables 2». En réalité, le Belge (à droite) et son collègue suédois (à gauche) n'ont jamais voulu se faire de mal. Leur petite altercation n'était qu'une mise en scène destinée à promouvoir le film «Universal Soldier».
Dans le rôle d'Harry S. Stamper, Bruce Willis (au centre) a sauvé la Terre d'un impact de météorite. Qui aurait pu y arriver sinon lui? Quant à Ben Affleck (quatrième en partant de la gauche), qui interprétait A.J. Frost, il s'est imposé comme la nouvelle coqueluche d'Hollywood. En 1998, le film catastrophe de Michael Bay «Armageddon» a fait fureur au box-office, …
... mais tout le monde sait que la «haute société» française de la Croisette dédaigne les films «popcorn» américains, dans lesquels on voit plus de bannières étoilées qu'on entend de dialogues sensés. Le public a parfois éclaté de rire, notamment aux moments les plus larmoyants du blockbuster. Présent lors de la projection, Bruce Willis, à qui il vaut mieux ne pas trop se frotter en temps normal, a assuré: il ne s'agit que d'une version provisoire du film.
Le réalisateur Gaspar Noé (à gauche) n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement: en 2002, son film «Irréversible», avec le désormais mondialement célèbre couple Monica Bellucci/Vincent Cassel dans les rôles principaux, a également scandalisé les spectateurs. Quelque 250 invités ont quitté la salle de cinéma dès la première scène, 20 ont même dû être pris en charge médicalement et réoxygénés. Tout le monde n'a pas supporté les images, livrées dans une débauche de travellings effrénés, montrant le viol brutal d'une femme ainsi que la quête de vengeance de son mari.
Une caméra bancale, un roadtrip interminable, des dialogues et un montage inouïs. Et cette longue scène de sexe oral, qui a fait la renommée de «The Brown Bunny» en 2003. Le deuxième long-métrage du réalisateur Vincent Gallo, qui profite lui-même de la fellation, a été littéralement hué. Même la presse s'est montrée unanime. La légende des critiques de cinéma Roger Ebert a même déclaré que cette production était la pire que Cannes ait jamais présentée et s'est encore livré à bien d'autres escarmouches verbales avec le réalisateur.
En matière de politique, les Français et les Américains sont rarement d'accord. C'est pourquoi sur la Croisette, on adore voir défiler des «dissidents» originaires des États-Unis. Pas étonnant donc qu'en 2004, Cannes ait réservé un accueil des plus chaleureux au réalisateur de documentaires et auteur de livres Michael Moore, proclamé persona non grata sous l'administration de George Bush. De l'autre côté de l'Atlantique en revanche, sa présence à Cannes a suscité beaucoup de réprobations.
Pour son documentaire «Fahrenheit 9/11», dans lequel Michael Moore se penche sur l'élection, l'attitude et l'éthique de travail de l'ancien président des États-Unis, le réalisateur a été applaudi pendant plus de 20 minutes et a reçu la Palme d'or des mains du président du jury Quentin Tarantino. Si l'on en croit le communiqué officiel, le message politique de l'œuvre — que Michael Moore a rappelé de manière détaillée dans son discours de remerciement — n'est toutefois pas la seule chose à avoir motivé la décision du jury.
Bien évidemment, le scandale de nudité qui a secoué la Croisette en 2006 n'a pas fait autant de bruit que celui de 1954. Pourtant, le semblant de maillot que portait Sacha Baron Cohen a suscité pas mal de protestations — probablement pas toujours sérieuses — sur l'ensemble du globe. Le comédien britannique a redoublé d'inventivité pour présenter «Borat», foulant le tapis rouge en mankini fluo, au milieu des robes du soir et des smokings. Si la comédie n'est sortie au cinéma que l'automne suivant, la scène a marqué durablement les esprits.
Impossible de parler de scandales sans évoquer Lars von Trier: c'est en 2011, à Cannes, que le réalisateur danois a certainement commis son plus gros faux pas (ou a réalisé sa plus belle auto-promotion). Si le réalisateur parvient toujours à transformer son humour noir, son arrogance et son politiquement incorrect en œuvres acclamées par la critique, les déclarations qu'il a faites lors d'une conférence de presse donnée à Cannes à l'occasion de la présentation de son film «Melancholia» ont eu de graves conséquences…
Lars von Trier a notamment déclaré qu'il avait de la sympathie pour Adolf Hitler et parvenait à l'imaginer assis dans son bunker à l'approche de sa chute, en 1945, ajoutant qu'il était probablement lui-même un nazi. À l'époque, le réalisateur avait été immédiatement exclu du festival. La situation s'était ensuite apaisée, mais il avait annoncé ne plus jamais vouloir prendre part à une conférence de presse. Plus tard dans l'année, la police danoise avait interrogé le réalisateur, à qui on reprochait de «justifier des crimes de guerre». Ces accusations avaient cependant fini par être abandonnées.
Cette année, Lars von Trier fait son grand retour à Cannes. Il y a sept ans, le Danois avait été déclaré persona non grata suite à ses propos nazis. Cependant, le festival a désormais sorti l'enfant terrible de son exil et l'a invité à venir présenter son film «The House that Jack built», dont le personnage principal est un tueur en série, hors compétition.
22 films réalisés par 22 hommes, c'est ainsi qu'a été annoncée la 65e édition du Festival de Cannes en 2012. «À Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films», tel était l'intitulé du pamphlet écrit par les réalisatrices françaises Coline Serreau (à gauche sur la photo), Virginie Despentes et Fanny Cottençon. Cependant, le déséquilibre manifeste entre films «masculins» et «féminins» n'est pas la seule chose à avoir provoqué la colère de ces dames cette année-là. Si elles étaient furieuses, c'est également parce qu'au cours des 64 années précédentes — et c'est encore le cas aujourd'hui —, une seule femme s'était vu décerner le premier prix: en 1993, la Néo-Zélandaise Jane Campion a remporté la Palme d'or grâce au film «La Leçon de piano».
En 2015, un thème similaire a également échauffé les esprits, mais il n'a cette fois-ci rien à voir avec la compétition. Ainsi, lors de la première mondiale du film «Carol», plusieurs femmes ont été priées de quitter le tapis rouge. Motif: elles portaient des chaussures plates et ne respectaient donc pas l'étiquette de Cannes. Parmi ces dames figuraient également des femmes d'un certain âge, qui ne pouvaient plus porter de talons hauts pour des raisons de santé. Les actrices principales du film, Rooney Mara (à gauche) et Cate Blanchett, avaient quant à elles pris soin de bien dissimuler leurs chaussures. L'organisation du festival s'était défendue de façon plutôt maladroite, affirmant que cette règle existait déjà depuis des années. En tout cas, le «Heelgate» a fait beaucoup jaser sur Internet.
En 2017, le premier scandale a eu lieu bien avant le début du festival: les directeurs du Festival de Cannes ont dû s'expliquer publiquement quant à leur choix d'affiche. Pas parce qu'elle était ratée, bien au contraire: la photo teintée de rouge d'une Claudia Cardinale qui danse, un cliché datant de 1959, était parfaite pour le 70e anniversaire du Festival de Cannes. Cependant, il était plus que manifeste que la silhouette de la beauté italienne avait été retouchée.
On a toutefois du mal à comprendre pourquoi il a fallu retoucher une légende du cinéma adulée pour sa féminité pour la faire correspondre à des idéaux de beauté plutôt douteux. Claudia Cardinale elle-même n'a pas hésité à couper l'herbe sous le pied des critiques: «Il y a tellement de choses plus importantes dans notre monde. Après tout, ce n'est que du cinéma, ne l'oublions pas.»
L'affiche de cette année donnera-t-elle elle aussi matière à discussion? Probablement pas.
Cette année encore, les débats ont été animés en amont du Festival de Cannes. En interdisant les selfies et en supprimant les projections de presse, le directeur du festival Thierry Frémaux s'est mis aussi bien le public que les professionnels des médias à dos.
De plus, suite à un litige avec Netflix, aucun film du service de streaming ne sera projeté sur la Croisette.
Lorsque le Festival de Cannes fait scandale
Les pires scandales du Festival de Cannes.
Encore aujourd'hui, un tel «délit» susciterait bien des mécontentements et provoquerait l'indignation des gardiens de la vertu aux États-Unis. En 1954, le spectacle d'une poitrine de femme «presque» nue n'a laissé personne indifférent — pas même en France, un pays qui a pourtant toujours été considéré comme particulièrement libre. Une situation que l'actrice Simone Silva a su exploiter pour se créer son quart d'heure de gloire. Durant une séance photo, …
... la Britannique n'a pas hésité à s'afficher seins nus, donnant lieu au premier grand scandale de Cannes. Ce cliché a échauffé les esprits, non seulement après coup, mais également au moment même, les photographes regrettant de n'avoir réussi à capturer qu'une jambe ou un bras de l'actrice. Simone Silva, quant à elle, a dû boucler ses valises et quitter Cannes peu de temps après.
La guerre d'Algérie a atteint à son paroxysme en 1958. Craignant que le nouveau président français Charles de Gaulle n'apaise le conflit en sa défaveur, le Front de libération nationale algérien avait répondu par une série d'attentats en France, obligeant le gouvernement à envisager d'annuler le festival. S'il avait finalement bien eu lieu, de nombreuses stars et journalistes n'avaient pas fait le déplacement.
La baignade d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi fait partie des scènes cultes de l'histoire du cinéma et «La Dolce Vita», «La Douceur de vivre» en français, figure parmi les plus grands vainqueurs de la Palme d'or à Cannes. En 1960, cette scène qualifiée de déplacée s'est attirée les foudres du «Journal du Vatican», qui n'a pas hésité à accuser le réalisateur Federico Fellini d'avoir porté atteinte à la dignité de la ville-État.
Le film n'en était pas à son premier scandale. Dans leurs sermons, les prêtres n'hésitaient pas à le qualifier d'œuvre du diable. Federico Fellini (à droite) a même été victime de jet d'œufs à Milan et le film a notamment été interdit en Espagne. Un jugement acerbe qui n'a cependant pas freiné la marche victorieuse de «La Dolce Vita».
L'année suivante, Cannes est à nouveau entré en conflit avec le clergé. «Viridiana», une production hispano-mexicaine du réalisateur Luis Buñuel, abordait de façon frontale la divergence entre la piété catholique et la morale, pour la plus grande joie du jury, qui a décerné la Palme d'or à cette œuvre en 1961. Le Vatican, en revanche, a crié au blasphème. Le gouvernement espagnol de Franco a tenté de disqualifier «Viridiana» et Luis Buñuel a été contraint de s'exiler.
Comme on le sait, les révoltes étudiantes qui ont marqué les années 60 n'ont pas épargné Paris. Bien au contraire. Lorsque le mouvement s'est déchaîné dans la métropole en 1968, plongeant la France entière dans une situation de grève générale, pas question pour Cannes de penser à organiser son événement habituel…
Les réalisateurs français François Truffaut et Jean-Luc Godard se sont solidarisés avec les protestataires, encourageant leurs collègues à boycotter le festival. Avec succès. Le jury et son président Roman Polanski (en veste blanche) ont immédiatement annulé les festivités.
Volupté, gloutonnerie et arrogance: l'Église catholique a également eu du mal à digérer le scénario de «La Grande Bouffe». Cette satire dépeignant un suicide collectif par l'ingestion de quantités gargantuesques de nourriture a surtout provoqué un sentiment de dégoût chez de nombreux spectateurs, forçant même bon nombre d'entre eux à quitter la salle de cinéma. Ce qui n'a pas empêché Marco Ferreri, acteur principal et réalisateur du film en compétition, de se voir décerner le prix FIPRESCI en 1973.
Au milieu des années 80, Jean-Luc Godard n'est plus un révolutionnaire du mouvement étudiant, mais un réalisateur jouissant d'un énorme succès commercial. Délibérément trop commercial, selon un critique belge qui, en 1985, n'a pas hésité à exprimer son mécontentement en lui lançant une tarte à la crème en pleine tête. Jean-Luc Godard est resté impassible, léchant la crème fraîche recouvrant son visage et qualifiant cet acte d'«hommage à l'ère des films muets».
Ça ne rigole pas lorsque ces deux hommes se sautent à la gorge. C'est ce qui s'est passé en 1992, en plein milieu du tapis rouge de Cannes. Dolph Lundgren et Jean-Claude Van Damme se sont affrontés sur la Croisette, se lançant des regards des plus féroces…
... et allant même jusqu'à se bousculer – un peu plus violemment qu'ici, à Madrid, où 20 ans plus tard, les deux acteurs se sont retrouvés pour présenter le film «Expendables 2». En réalité, le Belge (à droite) et son collègue suédois (à gauche) n'ont jamais voulu se faire de mal. Leur petite altercation n'était qu'une mise en scène destinée à promouvoir le film «Universal Soldier».
Dans le rôle d'Harry S. Stamper, Bruce Willis (au centre) a sauvé la Terre d'un impact de météorite. Qui aurait pu y arriver sinon lui? Quant à Ben Affleck (quatrième en partant de la gauche), qui interprétait A.J. Frost, il s'est imposé comme la nouvelle coqueluche d'Hollywood. En 1998, le film catastrophe de Michael Bay «Armageddon» a fait fureur au box-office, …
... mais tout le monde sait que la «haute société» française de la Croisette dédaigne les films «popcorn» américains, dans lesquels on voit plus de bannières étoilées qu'on entend de dialogues sensés. Le public a parfois éclaté de rire, notamment aux moments les plus larmoyants du blockbuster. Présent lors de la projection, Bruce Willis, à qui il vaut mieux ne pas trop se frotter en temps normal, a assuré: il ne s'agit que d'une version provisoire du film.
Le réalisateur Gaspar Noé (à gauche) n'aurait pas voulu qu'il en soit autrement: en 2002, son film «Irréversible», avec le désormais mondialement célèbre couple Monica Bellucci/Vincent Cassel dans les rôles principaux, a également scandalisé les spectateurs. Quelque 250 invités ont quitté la salle de cinéma dès la première scène, 20 ont même dû être pris en charge médicalement et réoxygénés. Tout le monde n'a pas supporté les images, livrées dans une débauche de travellings effrénés, montrant le viol brutal d'une femme ainsi que la quête de vengeance de son mari.
Une caméra bancale, un roadtrip interminable, des dialogues et un montage inouïs. Et cette longue scène de sexe oral, qui a fait la renommée de «The Brown Bunny» en 2003. Le deuxième long-métrage du réalisateur Vincent Gallo, qui profite lui-même de la fellation, a été littéralement hué. Même la presse s'est montrée unanime. La légende des critiques de cinéma Roger Ebert a même déclaré que cette production était la pire que Cannes ait jamais présentée et s'est encore livré à bien d'autres escarmouches verbales avec le réalisateur.
En matière de politique, les Français et les Américains sont rarement d'accord. C'est pourquoi sur la Croisette, on adore voir défiler des «dissidents» originaires des États-Unis. Pas étonnant donc qu'en 2004, Cannes ait réservé un accueil des plus chaleureux au réalisateur de documentaires et auteur de livres Michael Moore, proclamé persona non grata sous l'administration de George Bush. De l'autre côté de l'Atlantique en revanche, sa présence à Cannes a suscité beaucoup de réprobations.
Pour son documentaire «Fahrenheit 9/11», dans lequel Michael Moore se penche sur l'élection, l'attitude et l'éthique de travail de l'ancien président des États-Unis, le réalisateur a été applaudi pendant plus de 20 minutes et a reçu la Palme d'or des mains du président du jury Quentin Tarantino. Si l'on en croit le communiqué officiel, le message politique de l'œuvre — que Michael Moore a rappelé de manière détaillée dans son discours de remerciement — n'est toutefois pas la seule chose à avoir motivé la décision du jury.
Bien évidemment, le scandale de nudité qui a secoué la Croisette en 2006 n'a pas fait autant de bruit que celui de 1954. Pourtant, le semblant de maillot que portait Sacha Baron Cohen a suscité pas mal de protestations — probablement pas toujours sérieuses — sur l'ensemble du globe. Le comédien britannique a redoublé d'inventivité pour présenter «Borat», foulant le tapis rouge en mankini fluo, au milieu des robes du soir et des smokings. Si la comédie n'est sortie au cinéma que l'automne suivant, la scène a marqué durablement les esprits.
Impossible de parler de scandales sans évoquer Lars von Trier: c'est en 2011, à Cannes, que le réalisateur danois a certainement commis son plus gros faux pas (ou a réalisé sa plus belle auto-promotion). Si le réalisateur parvient toujours à transformer son humour noir, son arrogance et son politiquement incorrect en œuvres acclamées par la critique, les déclarations qu'il a faites lors d'une conférence de presse donnée à Cannes à l'occasion de la présentation de son film «Melancholia» ont eu de graves conséquences…
Lars von Trier a notamment déclaré qu'il avait de la sympathie pour Adolf Hitler et parvenait à l'imaginer assis dans son bunker à l'approche de sa chute, en 1945, ajoutant qu'il était probablement lui-même un nazi. À l'époque, le réalisateur avait été immédiatement exclu du festival. La situation s'était ensuite apaisée, mais il avait annoncé ne plus jamais vouloir prendre part à une conférence de presse. Plus tard dans l'année, la police danoise avait interrogé le réalisateur, à qui on reprochait de «justifier des crimes de guerre». Ces accusations avaient cependant fini par être abandonnées.
Cette année, Lars von Trier fait son grand retour à Cannes. Il y a sept ans, le Danois avait été déclaré persona non grata suite à ses propos nazis. Cependant, le festival a désormais sorti l'enfant terrible de son exil et l'a invité à venir présenter son film «The House that Jack built», dont le personnage principal est un tueur en série, hors compétition.
22 films réalisés par 22 hommes, c'est ainsi qu'a été annoncée la 65e édition du Festival de Cannes en 2012. «À Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films», tel était l'intitulé du pamphlet écrit par les réalisatrices françaises Coline Serreau (à gauche sur la photo), Virginie Despentes et Fanny Cottençon. Cependant, le déséquilibre manifeste entre films «masculins» et «féminins» n'est pas la seule chose à avoir provoqué la colère de ces dames cette année-là. Si elles étaient furieuses, c'est également parce qu'au cours des 64 années précédentes — et c'est encore le cas aujourd'hui —, une seule femme s'était vu décerner le premier prix: en 1993, la Néo-Zélandaise Jane Campion a remporté la Palme d'or grâce au film «La Leçon de piano».
En 2015, un thème similaire a également échauffé les esprits, mais il n'a cette fois-ci rien à voir avec la compétition. Ainsi, lors de la première mondiale du film «Carol», plusieurs femmes ont été priées de quitter le tapis rouge. Motif: elles portaient des chaussures plates et ne respectaient donc pas l'étiquette de Cannes. Parmi ces dames figuraient également des femmes d'un certain âge, qui ne pouvaient plus porter de talons hauts pour des raisons de santé. Les actrices principales du film, Rooney Mara (à gauche) et Cate Blanchett, avaient quant à elles pris soin de bien dissimuler leurs chaussures. L'organisation du festival s'était défendue de façon plutôt maladroite, affirmant que cette règle existait déjà depuis des années. En tout cas, le «Heelgate» a fait beaucoup jaser sur Internet.
En 2017, le premier scandale a eu lieu bien avant le début du festival: les directeurs du Festival de Cannes ont dû s'expliquer publiquement quant à leur choix d'affiche. Pas parce qu'elle était ratée, bien au contraire: la photo teintée de rouge d'une Claudia Cardinale qui danse, un cliché datant de 1959, était parfaite pour le 70e anniversaire du Festival de Cannes. Cependant, il était plus que manifeste que la silhouette de la beauté italienne avait été retouchée.
On a toutefois du mal à comprendre pourquoi il a fallu retoucher une légende du cinéma adulée pour sa féminité pour la faire correspondre à des idéaux de beauté plutôt douteux. Claudia Cardinale elle-même n'a pas hésité à couper l'herbe sous le pied des critiques: «Il y a tellement de choses plus importantes dans notre monde. Après tout, ce n'est que du cinéma, ne l'oublions pas.»
L'affiche de cette année donnera-t-elle elle aussi matière à discussion? Probablement pas.
Cette année encore, les débats ont été animés en amont du Festival de Cannes. En interdisant les selfies et en supprimant les projections de presse, le directeur du festival Thierry Frémaux s'est mis aussi bien le public que les professionnels des médias à dos.
De plus, suite à un litige avec Netflix, aucun film du service de streaming ne sera projeté sur la Croisette.
La 71e édition du Festival de Cannes s'est ouverte cette semaine. Petit retour sur les plus grands scandales qui ont secoué la Croisette.
Cette année, 21 films se disputent la Palme d'or à Cannes. Cependant, ce qui se passe en marge du festival est parfois bien plus intéressant que la cérémonie de remise des prix elle-même. Parcourez notre galerie d'images pour découvrir quels sont les plus grands scandales qui ont marqué le festival en 71 ans d'existence.
Oscars 2018: les gagnants
Oscars 2018: les gagnants
Guillermo del Toro a raflé plusieurs prix lors de la cérémonie des Oscars 2018. Le réalisateur mexicain a notamment remporté les Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film pour «La Forme de l'eau» (photo).
Malgré leur bourde de l’année dernière, ils étaient à nouveau de la partie cette année: Faye Dunaway et Warren Beatty ont annoncé le gagnant de la catégorie «Meilleur film».
Le réalisateur et scénariste Jordan Peele a marqué l’histoire des Oscars.
Avec sa comédie d‘horreur «Get Out», il est le premier Afro-Américain à remporter l’Oscar du meilleur scénario original.
Ce prix lui a été remis par Nicole Kidman, vêtue pour l‘occasion d’une robe bleue ornée d’un énorme nœud.
Frances McDormand, 60 ans, a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans le film «Three Billboards: Les Panneaux de la vengeance», dans lequel elle interprète une mère en colère après le meurtre de sa fille.
Jodie Foster (à gauche) et Jennifer Lawrence ont annoncé la gagnante dans la catégorie «Meilleure actrice».
L’acteur britannique Gary Oldman a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du Premier ministre britannique Winston Churchill dans «Les Heures sombres».
C’est Jane Fonda qui a remis la statuette dorée à Gary Oldman, lauréat de l’Oscar du «Meilleur acteur».
Gary Oldman reçoit un baiser de son épouse Gisele Schmidt en guise de récompense.
Sam Rockwell a reçu le premier Oscar de la soirée, celui du meilleur acteur dans un second rôle, pour sa performance dans «Three Billboards: Les Panneaux de la vengeance».
La joie est immense: sa compagne Leslie Bibb enlace fièrement l’acteur, sous le regard de Frances McDormand (à gauche).
Allison Janney décroche l'Oscar du meilleur second rôle.
Allison Janney a été récompensée pour son rôle dans «Moi, Tonya».
Frances McDormand (2e en partant de la gauche) et Gary Oldman (à droite) sont les grands gagnants des catégories «Meilleur acteur» et «Meilleure actrice», tandis qu’Allison Janney (2e en partant de la droite et Sam Rockwell (à gauche) ont remporté les Oscars du «Meilleur acteur dans un second rôle» et de la «Meilleure actrice dans un second rôle».
Le grand gagnant de la soirée: le réalisateur Guillermo del Toro.
Mark Bridges (à droite) a remporté l’Oscar dans la catégorie «Meilleurs costumes» pour «Phantom Thread». Il a également reçu un jet-ski de la part du présentateur Jimmy Kimmel, pour le discours de remerciement le plus court de la cérémonie. Un cadeau qu’il a immédiatement testé avec Helen Mirren (à gauche).
Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez ont remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale pour «Remember Me», du film d’animation «Coco».
Le Français Alexandre Desplat a décroché l'Oscar de la meilleure musique de film. Il a composé la bande son de «La Forme de l'eau».
Des félicitations particulièrement chaleureuses: Sally Hawkins (à gauche) et Octavia Spencer, les actrices du film «La Forme de l‘eau», se jettent dans les bras d‘Alexandre Desplat après sa victoire.
Jennifer Garner a fait sensation dans sa robe bleue. Elle a rendu hommage aux acteurs décédés l’année dernière.
Roger Deakins a remporté l’Oscar de la meilleure photographie pour le film «Blade Runner 2049». Il a reçu son prix sous un tonnerre d’applaudissements.
Le court-métrage d‘animation «Dear Basketball» de Kobe Bryant (à gauche) et Glen Keane a été récompensé par un Oscar.
Cette année, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère a été attribué au réalisateur chilien Sebastián Lelio (devant, au centre), pour son film «Una mujer fantástica». C’est Rita Moreno (à droite) qui a remis le prix au réalisateur. À l’arrière, on peut voir Daniela Vega, Francisco Reyes et Pablo Larrain (de gauche à droite).
Le film de guerre «Dunkerque» a remporté trois Oscars dans les catégories techniques (meilleur mixage sonore, meilleur montage sonore et meilleur montage). Alex Gibson (à gauche) et Richard King brandissent fièrement la statuette qu’ils ont remportée dans la catégorie «Meilleur montage sonore».
Mark Weingarten, Gregg Landaker et Gary Rizzo (de gauche à droite) ont remporté l’Oscar du «Meilleur mixage sonore».
Jimmy Kimmel a animé cette édition 2018 des Oscars.
Armie Hammer (à gauche) et Gal Gadot ont remis l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures.
Que chuchote Jennifer Lawrence (à droite) dans l'oreille de Meryl Streep?
Allison Janney et Frances McDormand (à droite) se murmurent également quelque chose à l’oreille.
Claudia Cardinale, "la fiancée de l'Italie" fête ses 80 ans
Claudia Cardinale fête ses 80 ans
Son regard pénétrant en a séduit plus d'un: la superstar italienne Claudia Cardinale fête ses 80 ans ce 15 avril.
Le concours de beauté qui a changé sa vie: en 1957, la jeune femme de 19 ans, qui a grandi à Tunis, est sacrée «plus belle Italienne de Tunisie» et remporte un voyage à Venise, pour assister à la Mostra. La suite, nous la connaissons tous; elle fait partie de l'histoire du cinéma.
Fascinée par le monde du cinéma, Claudia Cardinale s'installe à Rome, où elle est rapidement repérée par le producteur Franco Cristaldi, son futur mari.
En Italie, Claudia Cardinale prend la relève de Gina Lollobrigida et Sophia Loren, parties poursuivre leur carrière à Hollywood. Cependant, des films comme «Le Guépard» (1963), de Luchino Visconti, permettront également à cette beauté italienne de conquérir les Etats-Unis.
La même année, Blake Edwards engage l'actrice polyglotte pour sa comédie «La Panthère rose». Claudia Cardinale est la meilleure découverte italienne depuis les spaghettis, avait à l'époque déclaré David Niven, l'acteur principal du film.
En 1968, l'actrice dit enfin adieu aux seconds rôles: Claudia Cardinale devient une star internationale grâce à son rôle dans le western «Il était une fois dans l'Ouest», de Sergio Leone.
En 1971, Claudia Cardinale se retrouve à donner la réplique à une actrice qu'elle admirait quand elle était jeune: elle et Brigitte Bardot sont «Les Pétroleuses». A l'époque, Hollywood lui a déjà tourné le dos: «Je n'aime pas ce star-system. Je suis une personne normale.»
Malgré tout, Claudia Cardinale reste une actrice très demandée. En 1981, elle apparaît dans «Fitzcarraldo», le chef-d'œuvre de Werner Herzog.
Cela fait plusieurs dizaines d'années que Claudia Cardinale s'intéresse aux enjeux sociaux et sociétaux. Elle s'est notamment investie en faveur des droits des femmes, s'est engagée dans la lutte contre la toxicomanie et a organisé des campagnes de sensibilisation au virus du SIDA.
Aujourd'hui, Claudia Cardinale collectionne les récompenses pour sa carrière. Elle a par exemple reçu l'Ours d'or d'honneur du Festival du film de Berlin en 2002 et le Léopard d'or du Festival du film de Locarno en 2011.
En 2017, alors que Claudia Cardinale orne l'affiche de la 70e édition du Festival de Cannes, elle se retrouve à nouveau au cœur d'un petit scandale, sa silhouette ayant été retouchée par ordinateur.
«Il y a des choses bien plus importantes dans la vie. Après tout, ce n'est que du cinéma, ne l'oublions pas», avait alors rappelé Claudia Cardinale. En tout cas, ce petit incident ne l’a pas empêchée de profiter du festival.
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