Chronique TV «Temps Présent»: flics et prostituées, les liaisons dangereuses

d'Elvire Küenzi

7.6.2019

L'IGS, l'Inspection générale des services, est en charge de l'enquête qui ébranle la police depuis avril dernier. L'un des inspecteurs, qui baignait dans l'affaire de corruption, a été muté. (Image symbolique)
L'IGS, l'Inspection générale des services, est en charge de l'enquête qui ébranle la police depuis avril dernier. L'un des inspecteurs, qui baignait dans l'affaire de corruption, a été muté. (Image symbolique)
Keystone

Le magazine d’actualités de la RTS livrait, ce jeudi soir, le résultat de son enquête sur les liens présumés entre les prostituées du quartier des Pâquis et la police genevoise. Un documentaire choc à revoir en replay.

En avril dernier, une bombe explose à Genève. Au figuré, bien entendu. Des policiers sont accusés d’entretenir des relations complices avec les patrons de bordel du quartier des Pâquis.

Le magazine «Temps Présent» a mené l’enquête et le résultat a été diffusé jeudi soir.

Comme la machine bien rôdée qu’elle est, l’émission ne s’arrête pas au sensationnel et aux témoignages tapageurs. On est bien loin des magazines de M6 ou de TF1.

Les sources interrogées sont nombreuses, diverses et apportent toutes un éclairage sur l’affaire.

On rencontre d’abord José qui travaille dans le milieu de la nuit et qui dit avoir vu à plusieurs reprises des policiers entrer dans le sex center incriminé. Il raconte que les voitures de patrouille étaient stationnées pendant plus d’une heure sur le trottoir, selon lui, pour que les flics aient des relations avec les filles.

Evidemment, la voix de la police s’est également fait entendre à travers Monica Bonfanti, commandante de la police cantonale genevoise. Elle avoue être préoccupée par le monde de la nuit, une activité à risque selon elle et rappelle que l’institution a cadré l’activité en faisant des rappels sur l’éthique et la déontologie.

Pourtant, on la sent sur la défensive, mal à l’aise face à l’affaire et on la comprend, les accusations sont graves. L’affaire est en cours, les protagonistes répètent à plusieurs reprises que rien n’a encore été prouvé et que les flics incriminés sont encore présumés innocents.

Oui, mais...

L’enquête donne aussi la parole aux membres de l’association Aspasie qui défend les droits des travailleurs du sexe et aux prostituées. Et là, les témoignages démontrent que les faits sont connus depuis plus de dix ans et que rien n’a jamais été fait.

Entre échanges de prestations, sexe gratuit ou enveloppes qui s’échangent sous la table, les policiers auraient accepté divers avantages en échange de leur silence pour cacher les magouilles du travail du sexe.

Du côté des prostituées, l’insécurité, le manque de considération et la peur règnent en maître. L’une d’entre elles, Susi, raconte: «ils profitent des filles, ils font l’amour, ils font tout, des partouzes, ils boivent de l’alcool gratuitement. Ce n’est pas une police sérieuse...».

Les témoignages s’enchaînent et nous montre la complexité de l’affaire, les enjeux et le manque de réactivité de la police et des instances politiques.

Des anciens enquêteurs ou des professeurs HES livrent aussi leurs avis et leurs points de vue sur l’affaire, abordant des angles intéressants et plus complets. Les journalistes ne se sont pas contentés d’interroger les deux extrêmes de cette histoire glauque, les flics et les prostituées.

Comme l’enquête pénale est en cours, Jean Philippe Ceppi conclut le reportage en rappelant que, pour l’instant, les policiers sont encore innocents...

Pour revoir la totalité de «Temps Présent», n’hésitez pas à utiliser la fonction replay de Swisscom TV. Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

Rédactrice pour différents journaux suisses, blogueuse et passionnée des mots, Elvire Küenzi adore les séries (elle est tombée dans le chaudron magique en regardant Sex and the City et n'en est jamais ressortie)! Elle écrit aussi des romans girly en mangeant des marshmallows et en sirotant des cocktails (avec modération, bien sûr).
Rédactrice pour différents journaux suisses, blogueuse et passionnée des mots, Elvire Küenzi adore les séries (elle est tombée dans le chaudron magique en regardant Sex and the City et n'en est jamais ressortie)! Elle écrit aussi des romans girly en mangeant des marshmallows et en sirotant des cocktails (avec modération, bien sûr).

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