La question se pose L'abdication de Margrethe II, un exemple pour Charles III?

ATS

14.1.2024 - 08:06

L'abdication surprise de la reine du Danemark Margrethe II a eu un écho particulier au Royaume-Uni. Certains se sont en effet pris à imaginer que Charles III, à peine couronné mais déjà âgé de 75 ans, puisse suivre cet exemple.

Salutations entre Charles III, encore princes de Galles à l'époque et la reine Margrethe II en 2014 en France. (archives)
Salutations entre Charles III, encore princes de Galles à l'époque et la reine Margrethe II en 2014 en France. (archives)
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Le soir du 31 décembre, Margrethe II, âgée de 83 ans, a annoncé lors de ses voeux télévisés son retrait en faveur de son fils, le prince Frederik. Il deviendra roi dimanche, à 55 ans. Les sondages montrent que plus de 80% des Danois soutiennent la décision de la souveraine.

D'autres monarques européens ont abdiqué lors de la dernière décennie: le roi d'Espagne Juan Carlos, en 2014, la reine Beatrix des Pays-Bas et le roi Albert II de Belgique, tous deux en 2013.

Charles est devenu roi en septembre 2022, après la mort de sa mère Elizabeth II, à 96 ans. Il est le chef d'Etat de quatorze autres pays dans le monde, un héritage du passé colonial britannique.

«Pas jusqu'à la mort»

L'âge de Charles a suscité d'inévitables questions sur le nombre d'années qu'il va régner, d'autant que l'héritier du trône, William, âgé de 41 ans, est bien plus populaire que lui.

Pour le quotidien The Guardian, l'un des rares médias britanniques à avoir une couverture critique de la famille royale, l'abdication de Margrethe est «le signe d'une monarchie constitutionnelle sensée» et d'un pays capable de maintenir ses institutions «adaptées à ses objectifs».

Charles est «sûrement légitime à avoir un règne substantiel après avoir si longtemps attendu. Mais pas jusqu'à la mort», a jugé le journal.

Pour le biographe Phil Dampier, spécialiste de la monarchie, Charles pourrait être influencé par le retrait de Margrethe, en particulier si cela permet de protéger l'avenir de l'institution.

«On peut se demander si dans cinq ou dix ans le roi Charles pourrait envisager de faire de même si sa santé se détériorait ou s'il estimait que c'est le bon moment de passer le pouvoir à William et à [son épouse] Kate tant qu'ils sont encore jeunes», a-t-il dit au journal le Daily Mail.

Influence

Pour des commentateurs de la famille royale, Charles pourrait vouloir rester sur le trône afin de poursuivre son travail sur l'environnement.

Les monarques britanniques ne sont pas censés intervenir dans la sphère politique, mais le prestige de la couronne leur donne une influence sur la scène internationale. Selon l'historien de la famille royale Ed Owens, Charles, contrairement à sa mère, semble avoir un style «plus dynamique» pour inciter des chefs d'Etat à l'action.

«Il est encore en bonne santé – d'après ce que l'on sait – et je pense qu'il a pour objectif de faire avancer son programme dans ses premières années de règne», avance-t-il, interrogé par l'AFP.

Charles est observé de près dans sa manière de gérer les scandales qui frappent la famille royale.

Son frère cadet, le prince Andrew, a été accusé par une femme d'agression sexuelle lorsqu'elle avait 17 ans et qu'elle se trouvait sous l'emprise du financier américain accusé de crimes sexuels Jeffrey Epstein. L'affaire s'est soldée par un accord financier, qui a permis d'éviter un procès embarrassant, mais Andrew est désormais privé de tout rôle officiel et ne peut plus utiliser son titre d'altesse royale.

Opinion positive

Les liens de Charles avec son fils Harry, très critique de la monarchie et exilé aux Etats-Unis avec son épouse Meghan, sont également scrutés.

«Andrew a clairement causé des dommages importants à la monarchie, mais Charles est le responsable» de la famille royale, dénonce Graham Smith, le chef du groupe anti-monarchie Republic, pour qui l'institution est «en sursis».

Cependant, selon un sondage YouGov publié en septembre, 55% des Britanniques ont une opinion positive de leur nouveau chef d'Etat, contre 44% un an plus tôt.

Pour Ed Owens, il y a une «forte probabilité» que Charles règne jusqu'à sa mort, comme sa mère, qui considérait qu'être reine était une mission à vie.

Mais le roi, selon lui, serait éclairé de fixer une fin à son règne: «A long terme, il serait censé d'essayer d'apporter du sang neuf, comme plusieurs familles royales européennes l'ont fait».