People Aly Raisman réclame une enquête sur l'omerta dans la gymnastique américaine

AFP

20.1.2018 - 07:32

L'une des figures les plus connues de la gymnastique, la triple médaillée d'or olympique Aly Raisman, a réclamé vendredi une enquête indépendante pour comprendre comment l'ancien médecin de l'équipe américaine Larry Nassar a pu agresser sexuellement plus de cent sportives en toute impunité.

Le Dr Nassar a entendu, en quatre jours, les témoignages poignants de 85 femmes, célèbres gymnastes ou victimes anonymes, devant un tribunal de Lansing dans le Michigan où il encourt une peine de prison à perpétuité. Il a déjà plaidé coupable d'avoir agressé plus de cent femmes, pour l'immense majorité d'anciennes gymnastes mineures à l'époque des faits. Ces auditions qui secouent le monde de la gymnastique se poursuivront lundi.

"Tu as profité de nos passions et de nos rêves", a lancé Aly Raisman, aujourd'hui âgée de 23 ans. "Tu es tellement tordu. Je n'arrive même pas à saisir l'ampleur de la colère que je ressens quand je pense à toi", a-t-elle lâché à celui qui prétextait administrer des soins médicaux pour abuser les jeunes filles.

"Nous avons besoin d'une enquête indépendante sur ce qui s'est passé exactement, ce qui a mal tourné, et comment cela peut être évité à l'avenir. C'est seulement à ce moment-là que nous pourrons savoir quels changements sont nécessaires. C'est seulement à ce moment-là que nous pourrons croire que de tels changements sont réels", a jugé la championne olympique.

Un peu plus tôt, sa coéquipière Jordyn Wieber, avec qui elle a remporté le titre par équipe aux JO de Londres en 2012, avait révélé qu'elle faisait aussi partie des victimes du Dr Nassar.

La fédération nationale "USA Gymnastics est responsable. Le comité olympique américain est responsable", a dénoncé cette dernière, visiblement nerveuse.

"Je pensais que l'entraînement pour les jeux Olympiques serait la chose la plus difficile que j'aurais à vivre. Mais, en réalité, la plus grande épreuve que j'ai connue est le fait d'accepter que je suis une victime de Larry Nassar", a déclaré Jordyn Wieber, dans la foulée de révélations des médaillées olympiques Simone Biles, Gabby Douglas, McKayla Maroney et Jamie Dantzscher.

- 'Perdu toute joie de vivre' -

Jordyn Wieber a expliqué que le comportement du médecin l'ayant agressée à partir de ses 14 ans n'était pas remis en cause à l'époque en raison de la réputation du Dr Nassar dans le milieu de la gymnastique, où il était vu comme un "faiseur de miracles".

"J'ai l'impression d'avoir perdu toute joie de vivre. Je ne veux plus sortir du lit. Je ne veux pas aller au travail. Je ne veux pas me doucher", a tristement énuméré Amy Labadie, une autre victime, devant la juge.

Face au flot des témoignages, USA Gymnastics a annoncé jeudi mettre fin à son partenariat avec le célèbre centre d'entraînement national, connu sous le nom de ranch Karolyi, où la championne Simone Biles a affirmé avoir été agressée par le Dr Nassar.

"USA Gymnastics a oublié de mentionner qu'il y avait des athlètes en train de s'entraîner là-bas le jour où ils ont publié le communiqué", a affirmé Aly Raisman.

"Même maintenant, après que tout cela soit arrivé, USA Gymnastics a le culot de dire les mêmes choses qu'elle a dites tout du long. Ne voyez-vous pas à quel point cela est irrespectueux ? Ne voyez-vous pas à quel point cela est blessant ?"

Ce à quoi la juge Rosemarie Aquilina a répondu: "je ne savais pas qu'il y avait encore des gens là-bas (...). Cela me laisse sans voix".

La fédération n'est pas seule sous le feu des critiques, la MSU, l'université d'Etat du Michigan, où travaillait également le Dr Nassar jusqu'en 2016, est aussi pointée du doigt.

Vendredi, son conseil administration a demandé au procureur général de l'Etat, Bill Schuette, de se pencher sur leur gestion du scandale.

"Nous faisons cette demande car nous pensons que votre examen pourrait être nécessaire pour répondre aux questions du public sur la manière dont la MSU a géré la situation Nassar", ont écrit ses membres dans une lettre au procureur.

L'université se défend d'avoir couvert les agissements du médecin, qui a été condamné début décembre à 60 ans de réclusion pour détention de matériel pédopornographique dans un volet distinct de l'affaire.

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