Delphine de Saxe-Cobourg, lors d'un conférence de presse le 5 octobre 2020 à Bruxelles
Delphine de Saxe-Cobourg, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 5 octobre 2020
Blessée mais apaisée, la nouvelle princesse de Belgique se livre
Delphine de Saxe-Cobourg, lors d'un conférence de presse le 5 octobre 2020 à Bruxelles
Delphine de Saxe-Cobourg, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 5 octobre 2020
«Un coup de couteau dans le dos»: Delphine de Saxe-Cobourg a regretté lundi la froideur et le manque de compassion de son père, l'ex-roi des Belges Albert II, dans le long combat mené pour être reconnue comme sa fille.
C'est le 1er octobre que la justice belge a tranché définitivement: Delphine ex-Boël peut désormais porter le patronyme de la famille royale et jouir du titre de princesse.
Lundi, en livrant sa première réaction publique devant micros et caméras de tout le pays, cette artiste plasticienne de 52 ans a été émue aux larmes en évoquant un combat «épuisant» de sept années.
Au centre de l'estrade, dans un amphithéâtre de l'Université libre de Bruxelles, elle s'est dite «soulagée», «apaisée», après s'être sentie depuis son enfance «en permanence sur un champ de bataille».
Delphine est née en février 1968 de la longue liaison (1966-84) qu'a eue sa mère, la baronne Sibylle de Sélys Longchamps, avec Albert. Ce dernier était alors prince héritier, marié depuis 1959 avec la future reine Paola.
L'ancien souverain – sur le trône de 1993 à 2013 et père du roi actuel, Philippe – a nié cette filiation pendant des années, jusqu'à ce que la justice le contraigne à un test ADN en 2019.
Le résultat du test a finalement été rendu public à son initiative le 27 janvier dernier.
Dans un communiqué signé de ses avocats, Albert II reconnaît ce jour-là être «le père biologique de Madame Delphine Boël», mais tient aussi à souligner que depuis sa naissance, «il n'a été mêlé à aucune décision familiale, sociale ou éducative quelconque» la concernant.
Pour celle qui a pourtant eu des contacts réguliers avec son père jusqu'à la rupture brutale lorsqu'elle a 33 ans, ce rejet de tout lien «socio-affectif» avait ravivé des blessures.
«Un bon petit soldat»
«Après avoir été un bon petit soldat et les avoir protégés lui et ma mère, n'avoir rien dit parce que je l'aimais, j'ai ressenti cela comme un coup de couteau dans le dos», a affirmé lundi cette blonde élancée en tailleur noir.
C'est ce qui l'a poussée à réclamer ce titre de princesse qui au départ ne l'intéressait pas, explique-t-elle.
«J'ai demandé d'être traitée comme mes frères (Philippe et Laurent, ndlr) et ma soeur» Astrid, a-t-elle dit. «De ne pas être un enfant au rabais», selon son avocat Me Marc Uyttendaele, qui a fustigé lundi un «silence sans une ébauche de générosité ou de bienveillance» de la part d'Albert II.
Interrogée sur ses droits à une part d'héritage, la princesse Delphine a éludé, et exclu toute motivation financière dans sa démarche de reconnaissance.
«L'homme dont j'étais la fille légale (l'industriel Jacques Boël) était très très riche. Si ma motivation avait été l'argent, j'aurais été stupide de faire ce que j'ai fait», a-t-elle assuré.
Rendant hommage au soutien de son mari, un entrepreneur américain avec lequel elle a eu ses deux enfants aujourd'hui adolescents, Delphine a dit ne rien attendre de son frère le roi Philippe, qui ne s'est pas manifesté auprès d'elle depuis l'issue du conflit.
«Je ne demande plus rien, je ne suis pas à genoux à demander un geste, ça se fera ou ça ne se fera pas, je ne sais pas», a dit la dernière fille d'Albert.
Delphine Boël avait engagé son bras de fer devant les tribunaux en 2013 après l'échec d'une tentative de conciliation.
Dans son travail d'artiste, cette diplômée de la Chelsea School of Arts à Londres va continuer d'utiliser son seul prénom «Delphine» pour signer ses tableaux.
«Je ne vais pas sortir dans les rues en disant "s'il vous plaît appelez moi princesse"», a-t-elle plaisanté.
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