Actu people « Gilets Jaunes » : ces célébrités qui, paradoxalement, les soutiennent

Le mouvement des « Gilets Jaunes » a été lancé par les classes populaires françaises, mais il est aujourd’hui soutenu par plusieurs personnalités au profil plutôt étonnant. On fait le point.

Le mouvement des « Gilets Jaunes » regroupe des personnes aux profils diamétralement opposés, en démontre la présence de politiciens d’extrême gauche comme d’extrême droite lors des protestations, et aux revendications contradictoires, comme le retour de l’ISF et la baisse des charges patronales. Aujourd’hui, c’est au tour des personnalités de prendre parti et le soutien de certains est tout aussi étonnant.

Ainsi, François-Henri Pinault, PDG du groupe de luxe Kering, a déclaré au micro de RTL « comprendre » les « Gilets Jaunes ». Pourtant, sa firme a été citée dans l’affaire des Panama Papers, et, d’après une enquête de Médiapart, sa société aurait réussi à échapper à 2,5 milliards d’euros d’impôts depuis 2002. « On est déjà dans un pays où les inégalités sont fortes, si en plus les inégalités augmentent et que vous n’avez pas de perspectives de pouvoir progresser socialement et que votre pouvoir d’achat mécaniquement baisse, c’est insupportable », a ajouté l’homme d’affaires, dont la famille est la troisième fortune de France avec 23 milliards d’euros en 2018.

Michel Polnareff s’affiche aussi en soutien au mouvement qui a démarré à cause de l’augmentation du prix du diesel à la pompe. Le chanteur avait quitté la France avec perte et fracas en 1973. Victime d’une arnaque, il s’était retrouvé ruiné alors que le fisc, en parallèle, lui réclamait 1 million de francs à l’époque. Il avait alors choisi de s’exiler aux Etats-Unis. S’il a été blanchi en 1978, il réside toujours en Californie. Celui qui se défend, dans les colonnes du Parisien hier (28 nov 18), d’être un « exilé fiscal » assure comprendre le mouvement des « Gilets Jaunes ». « Je soutiens les "Gilets Jaunes". Je suis très respectueux de leur cause. Je suis ça avec tristesse et frustration. (...) Leur mouvement est compréhensible », ajoute-t-il.

Autre personnalité qu’on n’attendait pas voir avec un gilet jaune sur le dos, Isabelle Balkany. La première adjointe au maire de Levallois-Perret (son mari) publie la photo d’un de ces gilets avant chaque mobilisation en soutien au ras-le-bol fiscal sur Twitter. Cette dernière, ainsi que son époux Patrick Balkany, sont jugés en correctionnelle pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale aggravée.

D’autre part, l’acteur Arnaud Ducret a expliqué dans une vidéo cette semaine en avoir « marre de casquer comme des porcs » en soutien au mouvement.

De son côté, Franck Dubosc a déclaré, sur son compte Facebook, vouloir « faire quelque chose » et en parler « aux copains ». S’il n’a pas précisé de quels « copains » il s’agit et si, lui, est résident fiscal français, peut-être pourrait-il enjoindre certains de ses compatriotes les plus privilégiés à commencer par éviter de trop optimiser leur fortune ? Car paradoxalement, l’une des revendications des « Gilets Jaunes » est le retour de l’impôt sur la fortune (ISF), une taxe annulée par le Président de la République Emmanuel Macron, et à laquelle, comme l’avait révélé le Canard Enchaîné en 1999, François Pinault (le père de François-Henri), en avait été exonéré en 1997. Lui aussi, cette année (18) et avant le mouvement des « Gilets Jaunes », avait déclaré comprendre « les petites gens ». Une déclaration à laquelle Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement Macron, avait réagi sur Europe 1 en juin dernier : « De la part de quelqu’un qui pendant longtemps n’a pas payé d’impôts, je ne suis pas certain qu’il comprenne lui-même les petites gens ».