Pape Diouf, alors président de l'Olympique de Marseille, le 23 mars 2007 à Marseille
Pape Diouf (c), avec Fabien Barthez g) et José Anigo (d), le 3 mars 2006 à Marseille
Le coronavirus emporte Pape Diouf, le dirigeant qui avait ramené l'OM vers les sommets
Pape Diouf, alors président de l'Olympique de Marseille, le 23 mars 2007 à Marseille
Pape Diouf (c), avec Fabien Barthez g) et José Anigo (d), le 3 mars 2006 à Marseille
Sa fine connaissance du football et des footballeurs avait contribué à ramener l'Olympique de Marseille sur la voie du succès: Pape Diouf a été emporté par le coronavirus mardi, à l'âge de 68 ans.
Il n'y avait qu'un seul Pape à Marseille. Le très populaire dirigeant a succombé à la pandémie avant de pouvoir être rapatrié en France. Il est aussi la première victime officielle du Covid-19 au Sénégal.
L'avion sanitaire affrété par l'ambassade de France était prêt à décoller pour Nice, où une place l'attendait dans un hôpital, mais des complications de l'état de santé de Pape Diouf, placé sous assistance respiratoire, ont empêché l'appareil de s'envoler.
L'ancien dirigeant de l'OM s'est éteint dans un hôpital de Dakar. Le président sénégalais Macky Sall a rendu hommage à une «grande figure du sport» et une «éminence grise du football», sur Twitter.
«Très triste», Jacques-Henri Eyraud, l'actuel président de l'OM, a salué le «parcours exceptionnel» d'un «gamin passé par le Sénégal avant d'arriver à 18 ans à Marseille» et d'y gravir les échelons, a-t-il dit à l'AFP.
«Signe d'une grande volonté», Diouf «est arrivé à un poste difficile, où on ne trouve pas beaucoup d'hommes issus de la diversité», poursuit Eyraud.
Diouf «a réussi à tenir son rang et défendre son club bec et ongles, et a gagné les cœurs de milliers de supporters», poursuit «JHE».
«Je suis le seul président noir d'un club en Europe. C'est un constat pénible», regrettait Pape Diouf dans un interview à Jeune Afrique en 2008, mais, estimait-il, «à l'image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques».
- «Un grand président» -
C'était surtout un dirigeant avisé. Son grand rival d'alors, le numéro un lyonnais Jean-Michel Aulas, avec qui les joutes verbales furent aiguisées, lui a d'ailleurs aussi rendu hommage.
«Pape a été un grand président», a écrit +JMA sur Twitter, «très performant, j'avais un profond respect pour lui, je m'associe à la peine de toute sa famille et de tous ses amis».
Il a dirigé le club de 2005 à 2009, construisant patiemment l'équipe qui allait finir championne de France en 2010.
Lui avait été mis à l'écart un an plus tôt pour des conflits internes, mais c'est bien lui qui avait lancé le processus, recrutant notamment le «gagneur» Didier Deschamps comme entraîneur.
«C'était un grand président, mais ce sont des mots pompeux, tout ça, c'était surtout un homme, un vrai, un homme bien», a dit à l'AFP Louis Acariès, conseiller du propriétaire de l'époque, Robert Louis-Dreyfus, qui avait choisi Pape Diouf pour diriger l'OM en 2005.
«Il connaissait le football, les médias, les agents et les joueurs», résume l'ancien promoteur de boxe.
Pape Diouf connaissait et comprenait bien aussi les supporters, qui lui ont rendu hommage par milliers sur les réseaux sociaux.
- Le meilleur d'entre nous» -
«Pape restera à jamais dans le cœur des Marseillais et l'un des grands artisans de l'histoire de ce club», écrit l'OM dans un communiqué, annonçant un hommage à venir sur ses médias.
De nombreux joueurs lui ont également adressé un ultime coup de chapeau.
«Il laissera un souvenir unique à Marseille», a écrit sur Twitter une des stars de l'OM d'aujourd'hui, Florian Thauvin, «très triste d'apprendre la disparition de Pape Diouf».
«Tu étais le meilleur d’entre nous et un modèle pour moi», a tweeté Mamadou Niang, buteur du dernier OM champion de France. «Sache que tu resteras à jamais dans mon cœur Pape. Je t'aime.»
Diouf savait communiquer sa passion pour le foot, dans lequel il a baigné une grande partie de sa vie. Arrivé à 18 ans à Marseille, il était censé embrasser une carrière militaire, comme son père, mais a vite bifurqué.
Après Sciences Po', il travaille à La Poste puis devient journaliste, à La Marseillaise, et suit assez vite l'OM.
Sa connaissance du milieu du ballon rond s'affine, il devient agent de joueurs, notamment de Didier Drogba, qui enflamme le Vélodrome en une saison (2003-2004), et enfin manager puis président de ce club qu'il aimait tant, et qui reste inconsolable.
Avec la disparition jeudi de Michel Hidalgo, directeur sportif des années Tapie, «ça commence à faire beaucoup, s'attriste Eyraud. L'OM est en deuil.
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