Royal Bad Boy Le prince Harry: un rebelle presque apprivoisé?

Silvia Kusido, dpa

6.5.2018

Il a longtemps cultivé son image de chien fou malicieux et de célibataire le plus convoité du Royaume-Uni. Cependant, depuis quelque temps, le prince Harry semble avoir gagné en maturité. La preuve: il va bientôt s'engager devant Dieu.

«Prince fêtard» ou encore «Harry the Nazi» - ses frasques et écarts d'adolescent lui ont valu bien des réprimandes derrière les murs épais du palais de Buckingham. Le rouquin a consommé de la drogue, de l'alcool et a même gobé un poisson rouge. Durant ses études au collège d'Eton, il a accumulé les mauvaises notes. Le prince voyait alors son avenir sur un cheval, en tant que star du polo, et les jolies filles tombaient toutes à ses pieds – d'ailleurs, on le surnommait même le «Robbie Williams de la royauté» à l'époque.

S'il n'a rien perdu de sa réputation de séducteur, il a désormais la corde au cou. Le 19 mai prochain, le prince Harry (33 ans) épousera l'actrice américaine Meghan Markle, de trois ans son aînée, au château de Windsor. En tout cas, il n'a aucunement tenu compte des conventions sociales de la maison royale britannique dans le choix de sa future épouse; il a suivi son cœur. Meghan est divorcée, métisse, américaine et roturière – ce qui est loin de plaire à tout le monde au Royaume-Uni.

Le décès de Diana l'a beaucoup marqué

Même si Harry a longtemps eu une réputation de faux dur enclin à dépasser toutes les limites, Henry Charles Albert David Mountbatten-Windsor, de son nom complet, est extrêmement sensible. L'été dernier, à l'approche du 20e anniversaire de la mort de sa mère Diana, décédée dans un accident de voiture à Paris, il a pour la première fois évoqué publiquement les problèmes psychiques dont il a souffert suite à cette immense perte.

«J'ai fait l'autruche et me suis interdit de penser à ma mère», a déclaré Harry, qui n'avait que douze ans au moment du décès de Diana. Sa réaction a eu des répercussions sur sa vie privée et sur son travail. Harry dit avoir souffert d'états d'angoisse et s'être retrouvé à plusieurs reprises au bord de la dépression nerveuse. Ce n'est qu'à 28 ans qu'il a décidé de se faire aider psychologiquement. Quant à la boxe, elle lui a permis de décharger son agressivité.

«Dirty Harry»

Ses écarts passés sont le résultat d'un mélange de colère, de naïveté et de rébellion. Ainsi, le petit-fils d'Elizabeth II a dû s'excuser publiquement après s'être présenté à une soirée costumée avec un brassard orné de la croix gammée: «Il aurait eu besoin d'une plus grande autorité parentale», pense Penny Junor, qui a écrit plusieurs livres sur les membres de la royauté.

Après ses études, Harry a travaillé dans un orphelinat au Lesotho. Durant les dix années qu'il a passées au sein de l'armée, notamment durant ses missions en Afghanistan, Harry a développé un véritable esprit de camaraderie. «J'aime courir dans des fossés boueux et tirer, je suis comme ça», a un jour déclaré Harry. Cependant, même pendant cette période, il s'est attiré pas mal d'ennuis, n'hésitant pas à comparer les tirs effectués depuis son hélicoptère à un jeu vidéo. Il y a plus de cinq ans, ce sont des clichés montrant «Dirty Harry» – comme on l'a souvent surnommé – en pleine partie de strip-billard avec de jolies filles dans un luxueux hôtel de Las Vegas qui ont fait scandale.

Un prince aimé du public

Cependant, les Britanniques ont rapidement pardonné les frasques du petit rebelle de la famille royale anglaise. La métamorphose du jeune homme à l'approche de ses 30 ans et une campagne de RP bien ficelée ont fait le reste. Aujourd'hui, le prince de 33 ans brille par son engagement social: il s'investit surtout en faveur des vétérans et des personnes souffrant de maladies psychiques. Ainsi, pour l'édition 2016 des «Invictus Games», une compétition sportive réservée aux invalides de guerre, il a eu une idée brillante: il s'est livré à un duel de messages vidéo sur Twitter avec l'ancien président américain Barack Obama et son épouse Michelle. Et c'est lui qui a gagné – il a tiré le gros lot et embarqué la reine dans l'aventure. «Oh really? Please», dit-elle au sujet d'une vidéo publiée par les Obama. Ce tweet a rapidement fait le tour de la planète.

À cela viennent s'ajouter la simplicité et le bon cœur du prince Harry: il fait le pitre avec les enfants, enlace chaleureusement les seniors qu'il reconnaît dans la foule, encourage des marathoniens ébahis ou frotte vigoureusement la tête des gagnants des «Invictus Games» dans un élan d'enthousiasme. Mais il sait également faire preuve de fermeté.

«Meghan Markle pourrait être l'ancre dont Harry a besoin»

Lorsque Meghan a été victime de remarques sexistes et racistes au Royaume-Uni, le prince Harry a fait publier un communiqué particulièrement virulent. Beaucoup de personnes proches du prince pensent qu'il a eu peur de perdre une nouvelle fois sa petite amie à cause de la pression extérieure. Le ton ferme qu'il a adopté dans ce communiqué en aurait même surpris plus d'un dans son plus proche entourage, écrit Katie Nicholl dans son nouveau livre «Harry – Life, Loss, and Love». L'auteure en est persuadée: «Meghan Markle pourrait être l'ancre dont Harry a besoin.»

Meghan, qui s'engage en faveur des droits des femmes, est aussi chaleureuse et accessible que le prince Harry. Comparés à eux, le prince William et la duchesse Kate sembleraient presque rigides. En tout cas, la plupart des Britanniques sont d'accord pour dire qu'Harry est enfin devenu adulte, même s'il a malgré tout conservé un petit côté rebelle – et heureusement.

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