Pour la première fois Marina Foïs évoque l'abus dont elle a été victime, enfant

En promo pour le film d’Antoine Raimbault «une intime conviction», l’actrice française de 49 ans a accordé une interview à «Madame Figaro», parue le 8 février, au cours de laquelle elle a abordé publiquement pour la première fois un épisode douloureux de sa vie.

On ne présente plus Marina Foïs: actrice de cinéma et de théâtre, révélée au public avec ses joyeux comparses des Robins des bois, capable de passer du registre comique comme dans «Papa ou maman» ou «Rrrrr» au registre dramatique, comme dans «Polisse», elle est une figure incontournable du cinéma français.

Avec beaucoup de recul

D’ordinaire discrète sur sa vie privée, elle est sortie de sa réserve dans une interview accordée au magazine «Madame Figaro», deux jours après la sortie en France du film «Une intime conviction» dont elle partage l’affiche avec Olivier Gourmet, qui sortira en Suisse romande le 13 février prochain.

Au cours de cette interview elle s’est en effet penchée sur son enfance. Questionnée sur la question du genre, l’actrice a répondu avec la sincérité et la franchise qui la caractérisent. Spontanément, elle a exprimé publiquement pour la première fois l’agression subie alors qu’elle n’avait que 8 ans. «Comme beaucoup de femmes, j’ai été victime d’abus sexuels, à huit ans, perpétrés par l’un de mes baby-sitters. Cela a perturbé mon sentiment intérieur de féminité. Du jour au lendemain, j’ai cessé de porter des jupes et je me suis coupé les cheveux. Je peux, aujourd’hui, en parler calmement parce que c’est une histoire qui est intégrée depuis longtemps.»

Des épreuves, Marina Foïs a donc dû en surmonter plus d’une, ce qui a sans doute contribué à forger sa personnalité, entière et exigeante, envers elle-même et les autres. Bien avant d’évoquer cette agression, l’actrice française avait également révélé la douleur qui avait suivi la perte de son frère Fabio dans un accident d’avion, il y a une vingtaine d’années. «Mais tout cela n’est pas que triste. Évidemment que je préférerais que mon grand frère soit vivant, ce serait plus marrant, mais les drames donnent aussi du courage», avait-elle révélé en 2013 dans une interview à «Psychologies Magazine», quelques temps après le décès de son père. Bien qu’ayant évolué dans un milieu plutôt bourgeois «soixante-huitard», elle n’a donc pas échappé aux douleurs, ni à la dysmorphophobie à l’adolescence, qu’elle a soignée à grandes doses de cinéma, de psychanalyse et d’histoires d’amour bienveillantes.

Compagne du réalisateur Eric Lartigau avec lequel elle a eu deux enfants, Lazare et Georges, Marina Foïs mène une brillante carrière tant au théâtre qu’au cinéma. Ses rôles dramatiques résonnent d’une autre manière après ses révélations. Possible qu’elle contribue, en libérant sa parole, à encourager d’autres victimes de tels abus sexuels dans l’enfance, à entamer la même démarche. Interviewée en septembre 2018 sur la RTS alors qu’elle s’apprêtait à monter sur scène au théâtre de Vidy à Lausanne pour la pièce «Les idoles» de Christophe Honoré, Marina Foïs est revenue sur son caractère impulsif. «La colère fait partie de ma vie, je ne suis pas quelqu’un de calme, je ne suis pas quelqu’un qui accepte, c’est un vrai travers, c’est chiant pour moi et c’est chiant pour mon entourage.», a-t-elle déclaré.

Sincère et authentique, elle reste une figure essentielle dans le paysage cinématographique francophone, qui ne mâche pas ses mots et n’a pas peur d’assumer ses sorties hilarantes et parfois grinçantes, comme lorsqu’elle a taclé sur les réseaux sociaux le réalisateur Yann Moix après ses propos polémiques sur le «corps des femmes de 50 ans». Malgré son vécu douloureux, Marina Foïs démontre toute la force de sa nature, son humour décalé et son intelligence, qu’elle met au service de ses personnages, inspirant sans aucun doute le public qui suit avec attention son ascension dans le monde du grand écran.

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