Le chanteur Michel Polnareff en concert à Nice, le 8 novembre 2017
Michel Polnareff et son producteur règlent leurs comptes au tribunal
Le chanteur Michel Polnareff en concert à Nice, le 8 novembre 2017
Michel Polnareff et son producteur, fâchés depuis l'annulation de deux concerts et une polémique sur l'état de santé de la star, s'en sont remis vendredi à la justice pour régler leur brouille.
Devant le tribunal correctionnel de Marseille, la star de 73 ans a demandé 300.000 euros à Gilbert Coullier, l'un des producteurs les plus en vue du show-biz français, par l'intermédiaire de son avocat. L'interprète de "La poupée qui dit non" n'a pas supporté d'être soupçonné, à mots plus ou moins couverts, d'avoir simulé une maladie pour annuler deux concerts.
Entre les deux septuagénaires, le torchon a brûlé en décembre 2016, à la fin d'une tournée internationale de 40 dates. Coullier, "quarante ans de métier", des centaines de concerts de Céline Dion à Johnny Hallyday, apprend dans l'après-midi que Polnareff se fait porter pâle pour son avant-dernière date, Salle Pleyel à Paris.
Veste noire et chemise assortie, à la barre, le producteur poursuit: flairant l'embrouille, il dépêche à l'hôtel où dort Polnareff un huissier. Qui constate, sous serment, que la star ne passe pas la soirée malade au lit, mais accompagné, au bar de l'hôtel, autour d'une bouteille de Bordeaux grand cru, de deux daiquiris...
Polnareff dîne ensuite au restaurant de l'hôtel, poursuit le producteur, note de 500 euros à l'appui. Il a bien appelé SOS Médecins dans la soirée, mais ne s'est vu prescrire qu'un antibiotique et des probiotiques. "On peut mettre en doute le bien fondé de l'annulation" du concert programmé ce même soir, considère Gilbert Coullier.
Les choses s'aggravent nettement le lendemain, tandis qu'un dernier concert, prévu à Nantes, est lui aussi annulé: Polnareff est admis à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Un spécialiste lui diagnostiquera une gravissime double embolie pulmonaire. Ses proches disent la star de la chanson entre la vie et la mort.
Au cours des semaines qui suivent, la star, ses proches, et son producteur s'écharpent par médias interposés, sur les causes réelles de l'annulation. Une "vaste campagne de dénigrement", dénoncera Polnareff dans son assignation, qui vise une interview jugée diffamatoire sur Europe 1.
- 'Pas de rancoeur' -
Près de 50 ans après avoir écopé de 60.000 francs d'amende (environ 9.000 euros) pour attentat à la pudeur et pornographie pour avoir montré ses fesses sur une affiche devenue célébrissime, Polnareff n'a pas souhaité faire le déplacement depuis Los Angeles, où il vit, pour plaider sa cause à la barre.
"La diffamation, elle est dans les sous-entendus, les commentaires, on veut insinuer qu'il y a eu une manipulation de la part de l'artiste", a soutenu son avocat Me Luc Febbraro.
L'ancien beatnik devenu icône de la pop française a réclamé 150.000 euros au titre du préjudice moral, et autant pour le "préjudice matériel et commercial" lié à la dégradation de son image. Il a notamment produit une Une de VSD qui s'interrogeait: "Polnareff malade ou escroc ?".
"Au moins Pleyel, il aurait pu le faire. Je l'avais programmé pour lui faire plaisir, c'était symbolique parce que c'est là que petit il a appris le piano. Je pense qu'il n'avait pas envie d'y passer, une sorte de caprice", a répliqué vendredi Gilbert Coullier.
"On m'a attaqué, on a dit que je souhaitais la mort de Polnareff, je ne pouvais pas garder le silence", ajoute le producteur, qui souligne avoir réglé "sans rien demander" l'ardoise de 450.000 euros pour les concerts annulés. Son avocat Me Pierre-François Veil, réfutant toute diffamation, a demandé 6.000 euros pour procédure abusive.
Devant les trois magistrats qui ont consacré plus de deux heures à l'affaire, le ministère public n'a pas souhaité prendre position, s'en remettant au tribunal, qui doit rendre sa décision le 23 mars.
Polnareff tournera-t-il un jour à nouveau avec Coullier ? "Je n'ai pas d'esprit de rancœur", assure le producteur à la sortie de l'audience. "Tout est possible, j'espère qu'un jour, on se retombera à nouveau dans les bras".
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